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La Bruyère et Saint-Simon

Publié le 16/02/2011

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saint simon

   La Bruyère, spectateur discret et attentif du monde, a publié ses notes dans un livre de morale écrit avec un souci très vif de la nouveauté du style : Les Caractères. Les Mémoires de Saint-Simon se rapportent pour le sujet à peu près au même temps et nous présentent, sous une forme plus fruste et plus injuste, un autre aspect de la même société.    La Bruyère eut une vie discrète et méditative.    Ancien avocat et trésorier des finances, Jean de La Bruyère (1645-1696) mena une existence effacée, dont on connaît surtout son préceptorat à Chantilly, près du duc de Bourbon, petit-fils de Condé.    Personnage digne et modeste, très estimé de Bossuet, il donne l'impression d'une nature indépendante et honnête. Son œuvre très restreinte se rattache à ce courant de littérature morale et mondaine signalé à propos de La Rochefoucauld.

saint simon

« La Bruyère a fait la critique de ses contemporains sans être pour cela l'ennemi de son époque. La Bruyère n'est ni un ennemi de la société ni un adversaire du régime établi : c'est seulement un observateurcurieux et patient que sa situation, sa culture intellectuelle et son désintéressement disposaient à enregistrer avecplus d'impartialité les tendances sociales, les prétentions et les défauts des gens de toute condition.

Les Caractèressont ainsi une satire discrète, non des individus (interprétation des clefs), mais des catégories sociales du XVIIesiècle : les grands, les financiers, les gens de justice et parfois le clergé. Dans les chapitres des Femmes, du Cœur, de la Société et de la Conversation, on trouverait une étude détaillée dela Vie mondaine avec des remarques sur la préciosité, sur la pratique de la conversation, sur la psychologie dessentiments délicats, vifs et pourtant relativement artificiels, qui prenaient naissance dans un tel milieu. Dans le chapitre des Biens de Fortune, La Bruyère signale le déplacement des conditions produit sous l'influence del'argent : il montre l'importance croissante des financiers, l'intrusion des « partisans » dans les cadres d'une sociétéaristocratique, la convoitise humaine des grands fonctionnaires ruinant une province pour assurer leur opulence, etdit son mépris pour ces âmes « sales, pétries de boue et d'ordure » que sont les gens d'argent. Enfin, dans les chapitres de la Cour, dont il peint les intrigues continuelles, des Grands, dont il flétrit l'orgueil et ladureté de cœur, du Souverain, où il fait un éloge emphatique de Louis XIV, de Quelques Usages, où il critique lesabus de justice, de la Chaire, où il blâme la frivolité des prédicateurs, il nous donne comme Molière tout un ensemblede renseignements sur le régime, la mentalité et les mœurs de l'époque.Le style de La Bruyère recherche visiblement le pittoresque. C'est un style très travaillé et très expressif.

Recherche et précision.

Visant à la fois à la brièveté, l'exactitude etl'effet, La Bruyère porte une application spéciale au choix des termes et cherche à l'aide de qualificatifs rares, deconstructions imprévues et surtout par la brusquerie du trait final à frapper l'attention du lecteur : Ce palais, ces meubles, ces jardins, ces belles eaux vous enchantent et vous font récrier d'une première vue surune maison si délicieuse et sur l'extrême bonheur du maître qui la possède : il n'est plus...

Ses créanciers l'en ontchassé ; il a tourné la tête et il l'a regardée de loin une dernière fois ; et il est mort de saisissement. Une très grande variété de présentation (dialogues, maximes, dissertations, etc.) renouvelle l'intérêt, mais cettevariété est le résultat d'un effort visible et quelquefois fatigant. Réalisme.

Dans les portraits il faut relever la description minutieuse et complète des gestes et de l'allure.

Au lieu dedéterminer les qualités abstraites des personnages, La Bruyère, avec le souci fondamental d'être véridique etd'écarter les expressions vagues et conventionnelles, enregistre les traits de physionomie, le teint et la complexiongénérale, la contenance, l'habillement et les actes matériels de chacun aussi bien que ses buts, ses inquiétudes ouses pensées habituelles.

(L'Amateur de prunes.) Saint-Simon, grand seigneur vindicatif et ambitieux, a vécu trente ans à la Cour de Versailles. Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1675-1755), pair de France, esprit vaniteux et rageur, n'eut malgré sanaissance que peu d'influence politique : mal vu de Louis XIV, il fut l'ami du Régent qui le chargea de missionsdiplomatiques importantes.

S'étant retiré dans l'ombre, il rédigea au XVIIIe siècle ses Mémoires sur la Cour de LouisXIV (édités seulement en 1829).Ses Mémoires sont une œuvre partiale et rancunière. Entremêlés de redites et de digressions, ils portent sur une période de deuils, de revers et de décadence politique etmorale : Saint-Simon se constitue le chroniqueur des intrigues et des scandales de la Cour de 1691 à 1722, etdécrit exclusivement par ses dessous et ses laideurs une société dont La Bruyère avait été au grand jour le peintresévère mais désintéressé. Partial et féodal, élevé dans les préjugés de la noblesse, il critique âprement la politique roturière et le caractèredespotique de Louis XIV : « Il mit tout le monde sous le même pressoir, et fit de tous, grands et petits, un vil peupleen toute égalité.

» Il poursuit d'une rancune implacable Mme de Maintenon, les bâtards du Roi (le duc du Maine) et les Parlementaires :« Mes yeux fichés, collés sur ces bourgeois superbes...

» Ses portraits et ses récits sont d'une indéniable vigueur. Suspect dans ses jugements, mais puissant par l'intensité réaliste et sinistre de ses portraits, Saint-Simon nousrévèle d'un trait cru, avec des retouches nombreuses et circonstanciées, le détail physique et la passion dominantedes gens.

Quelques figures sympathiques apparaissent : celle du duc de Bourgogne, « affable, doux, humain, modéré» ; celle de Fénelon, aimable et attirante : « Il fallait effort pour cesser de le regarder.

» Mais le plus souvent leportrait n'a rien d'avantageux et la haine qui trouble ou décuple la clairvoyance de l'auteur se traduit par uneformule triviale et sans appel : « Madame de Castries était un quart de femme, une espèce de biscuit manqué...

»Ce ne sont plus les types généralisés de La Bruyère : c'est tel ou tel avec le stigmate de ses tares individuelles et. »

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