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La Chute de Camus : Un récit d'un nouveau genre

Publié le 10/08/2014

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Présenté parfois comme un récit, initialement inclus dans le recueil de nou­velles L'Exil et le Royaume, La Chute contient aussi les caractéristiques du roman (personnages, intrigue, décor), ou de l'autobiographie.

I - LA STRUCTURE Le découpage

Camus a découpé son récit en six parties, non numérotées, scandées par des dépla­cements dans Amsterdam : le Mexico-City au début, puis une promenade à travers les rues, une excursion dans la baie, pour aboutir au huis clos de la chambre.

 

La narration

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« E X P 0 S É S F C H E S L'influence du théâtre La Chute se réclame aussi de l'écriture théâtrale, par l'exclusivité du dialogue, !'oralité, l'utilisation précise et sobre du décor, les didascalies*, la concentration quasi classique du temps, Les six parties découpent des actes, eux-mêmes ponctués d'indications qui repéreraient des scènes, non par l'entrée ou la sortie de person­ nages, mais par Je changement de sujets : on sort, on observe l'environnement, on appelle le garçon ...

Elle a été aisément adaptée pour Je théâtre, et avec succès.

Ill -LES TECHNIQUES NARRATIVES Le m,!lologue dramat!que : qui est « Je » ? Un seul personnage s'exprime, comme dans un monologue de théâtre, et c'est de lui que nous tenons toutes nos informations.

Cette focalisation* interne favo­ rise une adhésion émotionnelle, tout en éveillant notre suspicion : la spontanéité de Clamence semble si bien calculée ! Le d~Jogue implicite : qui est « Vous » ? Le locuteur, unique, doit suggérer les propos de son interlocuteur, et use de fausses questions, d'exclamations, reprend les répliques présumées: «Si j'en suis capable moi-même ? Écoutez ...

» (p.

36.) Cette technique théâtrale donne de la vivacité, du mystère, mais sert aussi le dessein de Clamence : l'interlocuteur inter­ pellé à la deuxième personne, qu'on ne voit jamais, pourrait être moi, le lecteur.

..

L'anecdote La linéarité du récit rétrospectif s'interrompt dans des anecdotes de longueur variable, qui semblent au premier abord l'ornement d'une conversation mondaine, faite de bons mots et de récits d'autant plus plaisants qu'ils sont courts.

En fait, ces anecdotes, comparables à celles des « romans à tiroirs » du xvme siècle, comme Jacques le Fataliste et son maître (pub!.

1796) de Diderot, portent le sens: la vanité de Clamence mise à jour dans son altercation avec l'automobiliste, ou l'horreur du pouvoir nazi en quelques lignes épouvantables, une mère sommée de choisir entre ses deux fils par un officier si poli ! Apparemment digressives, ces brèves histoires ont la portée infinie et incisive des fables.

L'al!~~ion complice et l'ellipse* Des expressions allusives remplacent des développements inutiles entre gens du même monde.

On se plaît à vérifier les références communes, la culture, la maî­ trise discrète du beau langage.

Flatterie, manœuvre de séduction, mais aussi assimi­ lation progressive et insensible fondamentale pour la stratégie du «juge-pénitent».

L'ellipse est omniprésente : « une canne hésite au bord du trottoir », et J'aveugle est campé dans sa position et sa psychologie.

Elle repose souvent sur les adjectifs ( « une émotion mutuelle »)et J' oxymore* ( « une virile tristesse » ).

Ces procédés créent la connivence entre le narrateur et son interlocuteur et valorisent les omissions : « Vous ayant jugé sur votre vraie valeur, je les [les détails qui ont du sens] passe vite pour que vous les remarquiez mieux» (p.

129).

Conclusion: Camus a justifié la nouveauté de sa démarche:« J'y ai utilisé une technique de théâtre (le monologue dramatique et le dialogue impli­ cite) pour décrire un comédien tragique ? J'ai adapté la forme au sujet, voilà tout» (interview citée dans l'édition de La Pléiade des Essais).. »

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