LA COMÉDIE-ITALIENNE - La commedia dell'arte (Histoire de la littérature)
Publié le 22/11/2018
                             
                        
Extrait du document
 
                                COMÉDIE-ITALIENNE (la). La commedia dell'arte, dite encore commedia all’improviso, apparaît en Italie vers le milieu du xvie siècle. Annoncée par facteur-auteur Ruzzante, cette forme de théâtre professionnel reprend et organise dans l’esprit de la Renaissance le vivace trésor du comique populaire conservé et enrichi depuis l’Antiquité. Elle connaît rapidement un immense succès : de très nombreuses compagnies se fondent dans plusieurs villes italiennes, jouent chez les princes et sur les places publiques, en usant de divers dialectes, et constituent un répertoire de canevas qui s’appuient sur des types codifiés et sur des techniques de jeu précises. Bientôt, ces troupes se mettent à voyager à travers l’Europe, et particulièrement en France, où elles sont de plus en plus souvent invitées, à partir de 1570, d’abord à la Cour, puis à la ville : elles y conquièrent le grand public, au point que l’une d’elles décide de s’installer à demeure à Paris. Commence alors une aventure singulière, qui va durer tout un siècle : la Comédie-Italienne devient une véritable institution en France, au centre même de la vie théâtrale.
Une naturalisation progressive
Quand la troupe de Locatelli prépare son établissement à Paris, qui aura lieu à partir de 1653, le succès de la commedia dell’arte a largement débordé les cercles italianisés de la Cour. Les séjours successifs en France des Gelosi, Comici fedeli et autres Confident} ont progressivement popularisé les spectacles chantés et dansés, les canevas comiques et les mises en scène à machines de la commedia. Mieux : de fructueux échanges se sont instaurés, surtout de 1639 à 1648, entre les farceurs français et les acteurs italiens, dont le jeu, les masques et les scénarios sont devenus familiers aux amateurs de théâtre. En 1660, Locatelli et les siens ont définitivement pignon sur rue et partagent la salle du Palais-Royal avec la troupe de Molière. A leur vedette Tiberio Fiorilli (Scara-mouche), né en 1608, mime et acrobate prodigieux, ils adjoignent alors un exceptionnel « Arlequin », âgé de vingt ans, Domenico Biancolelli (Dominique).
Ces débuts soulèvent un tel engouement que les Italiens n’éprouvent guère le besoin d’adapter leur répertoire aux mœurs de leur nouveau public. Ils se contentent de mêler un peu de français aux dialectes et aux jargons dont ils font usage, mais ils ne peuvent éviter de gommer
l’aspect verbal de leur comique au profit de leur talent mimique et gestuel, privilégiant du même coup le jeu de l’acteur par rapport à la discipline collective. Littérairement, leur influence demeure faible, mais voici que les farceurs ne sont plus les seuls à s’inspirer de leurs lazzi et de leurs costumes : Molière intègre leurs trouvailles dans la grande comédie qu’il est en train de fonder. Lorsqu’il meurt, en 1673, ils suivent naturellement sa troupe au théâtre Guénégaud, en attendant la grande réorganisation des structures théâtrales qui se produit en 1680 : ils peuvent alors s’installer en toute indépendance à l’Hôtel de Bourgogne, qui devient pour longtemps l’Hôtel des Comédiens-italiens ordinaires du roi. Obligée de se naturaliser, en cette année où est fondée aussi la Comédie-Française, leur compagnie ne peut plus se cantonner dans son répertoire traditionnel : elle reçoit en 1684 l’autorisation de jouer en français.
Pour trouver son second souffle, elle cherche dorénavant de nouveaux canevas, adaptés à l’actualité et capables de répondre au goût grandissant du public pour la satire, les chansons et le spectacle. Des auteurs français se mettent à lui fournir des pièces partiellement rédigées, voire, à partir de 1693, complètement écrites à l’exception de quelques scènes : ce sont successivement, entre autres, Nolant de Fatouville, Regnard et Dufresny. Cependant, à mesure que leurs thèmes s’actualisent et que leur conduite scénique perd en exotisme, les Italiens deviennent des concurrents directs pour les Comédiens-français et sont une cible tentante pour la censure. Soupçonnés en 1697 de vouloir jouer une pièce désobligeante à l’égard de Mme de Maintenon, ils sont congédiés au mois de mai et expulsés de France.
Des ambitions contrariées
Pendant leur absence, qui va durer dix-neuf ans, les théâtres de la Foire prennent leur relais et rusent avec le pouvoir pour faire pièce au privilège exclusif des Comédiens-français en matière de théâtre à Paris. Les forains, non contents de s’approprier les personnages des Italiens, Arlequin en tête, les imitent en truffant leurs représentations de chansons et de musique, en multipliant les effets spectaculaires et en s’adressant à des auteurs contemporains, comme Lesage, qui font feu de tout bois pour offrir au public la satire qu’il aime. Comment la nouvelle Comédie-
 
                                «
                                                                                                                            Italienne, 
rappelée à l'Hôtel  de Bourgogne  en 1716  par 
le  Régent,  va-t-elle  pouvoir regagner  le terrain  qu'elle  a 
perdu? 
De  fait,  la troupe  de Luigi  Riccoboni  (Lelio) éprouve 
d'abord  de sérieuses  difficultés  pour s'acclimater  à Paris.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Son  directeur  a l'ambition  d'élever les canevas  à l'ita
lienne  à la  hauteur  de la grande  comédie  : aussi  a-t-il 
recruté  de brillants  premiers  rôles amoureux  (Silvia et 
Flaminia,  outre lui-même)  et un  valet  (Thomassin)  qui 
excelle  à nuancer  de naïveté  et d'émotion  le  comique 
traditionnel,  mais ces acteurs n'ont qu'une pratique  som
maire  du français  et sont  démunis  de sujets  au goût  du 
jour.
                                                            
                                                                                
                                                                     Aussi  Riccoboni,  après avoir puisé  dans le recueil 
un  peu  vieilli  de Gherardi,  doit-il trouver  de nouveaux 
auteurs  à succès  (Gueullette,  Coypel, Autreau,  Delisle) 
et  engager  un Tri  velin  savoureux,  né en  France  (Domini
que,  fils de Domenico  Biancolelli).
                                                            
                                                                                
                                                                     Soupçonne-t-il,  en 
1720,  que Marivaux  est le grand  écrivain  qu'il appelle 
de  ses  vœux,  capable  de rénover  la comédie  italienne? 
Sans  doute,  mais il n'est  pas évident  que le public  de 
l'époque  ait apprécié  à sa  juste importance  cette  œuvre, 
qui  a révolutionné  l'art du théâtre  au xvm•  siècle.
                                                            
                                                                                
                                                                     Bon 
gré,  mal  gré,  la troupe  de l'Hôtel  de Bourgogne  va être 
obligée  de prendre  un nouveau  tournant entre 1730 et 
1750  : après  le retrait  de Lelio  en 1729,  elle renforce  ses 
capacités  chorégraphiques  et musicales,  en vue  de sa 
dernière  conversion.
                                                            
                                                                                
                                                                    
La fin 
L'évolution  de la Comédie-Italienne  vers l'Opéra
Comique  est, en effet,  devenue  irrésistible  :  y entrent  en 
nombre,  à partir  de 1732,  des virtuoses  du chant  et de  la 
danse  (le couple  Rolland,  de Hesse,  Mario  Baletti,  les 
sœurs  Véronèse,  en attendant  M11• Favart).
                                                            
                                                                                
                                                                     Malgré le 
talent  du grand  Carlin  (Carlo  Bertinazzi),  engagé en 
1741,  Arlequin  et Scaramouche  n'attirent plus que des 
succès  de curiosité.
                                                            
                                                                                
                                                                     Les spectateurs,  toujours aussi 
friands  de parodies,  exigent des ballets,  de la musique  et 
de  grands  divertissements  à machines,  agrémentés  de 
somptueux  feux d'artifice  (auxquels  les frères  Ruggieri 
apportent  en 1743  un savoir-faire  inouï) : dépourvus  de 
toute  ambition  littéraire,  les  nouveaux canevas, en parti
culier  ceux de Carlo  Véronèse,  ne cherchent  plus qu'à 
satisfaire  à cette  mode  du spectacle.
                                                            
                                                                                
                                                                     Peu à peu,  à mesure 
q ue  disparaissent  les derniers  membres  fon da teu rs  de  la 
troupe,  les Favart  et de  Hesse  deviennent  les vrais  maî
tres  de 1' Hôtel  de Bourgogne  : la  Comédie-Italienne 
obtient  en 1762  le privilège  de représenter  des opéras
comiques  à l'Académie  royale de musique  et fusionne 
avec  ses rivaux  de la Foire.
                                                            
                                                                                
                                                                     Malgré  quelques  brèves et 
brillantes  flambées (grâce à Goldoni  et à Carlin,  doté 
d'une  longue  vaillance),  elle laisse  progressivement  son 
répertoire  original tomber en déshérence  : il  est  complè
tement  liquidé  vers 1783.
                                                            
                                                                                
                                                                     Dix ans plus  tard,  elle achève 
de  rompre  avec ses origines  en adoptant  le nom  de théâ
tre  de l'Opéra-Comique  national.
                                                            
                                                                                
                                                                     Son héritage  sera repris 
aux  Funambules,  par Deburau,  puis au cirque,  par les 
clowns,  et dans  leurs  baraques  par les marionnettistes.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Mais  c'est une autre  histoire.
                                                            
                                                                                
                                                                    
BIBLIOGRAPHIE  Émile  Campardon,  les Comédiens  du roi  de la troupe  ita· 
tienne  pendant  les deux  derniers  siècles, Paris, Berger-Levrault, 
1880,  2 vol.;  Xavier  de Courville,  Un apôtre  de l'art  du  théâtre 
au  XVIII'  siècle  : Luigi  Riccoboni,  dit Lelio,  Paris,  Droz, 1943-
1945,2  vo l.;  Gustave  Attinger,  l'Esprit de la commedia  dell'arte 
dans  le thélJtre  français,  Neuchâtel,  la Baconnière,  1950; Pierre
Louis  Duchartre,  La Commedia  dell' a rte  et ses  enfants  (r éé dit ion 
de  la Comédie.
                                                            
                                                                                
                                                                     italienne,  publiée en 1924  à  la  Librairie  de 
France),  Paris, Editions  d'art et d'industrie,  1955.
                                                            
                                                                                
                                                                    
R.
                                                            
                                                                        
                                                                    ABIRACHED  COMMUNICATION.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Le mot  est un emprunt  au latin 
du  xtv•  siècle.
                                                            
                                                                                
                                                                     Il s'applique  d'abord aux relations  écono
miques,  puis à l'action  de transmettre  l!ln objet  ou une 
information  à quelqu'un.
                                                            
                                                                                
                                                                     Après s'être  spécialisé  avec 
une  valeur  topographique  (les communications  : les 
voies  de passage,  dans la seconde  moitié du xvn•  siècle), 
il  s'est  étendu  en science  (au xx• siècle)  à la  notion  de 
«relation  dynamique  entraînant un transfert  d'informa
tion ».
                                                            
                                                                                
                                                                    C'est  dans le cadre  assez rigoureux  d'une théorie 
générale  liée à celle  de l'information  que cette  notion  est 
devenue  une tarte  à la  crème  des sciences  humaines.
                                                            
                                                                                
                                                                     Le 
couple  communication-langage  est aussi  inévitable  en 
sociologie  qu'en publicité,  et.
                                                            
                                                                                
                                                                    ..
                                                            
                                                                                
                                                                    en  théorie  littéraire.
                                                            
                                                                                
                                                                    
La  communication  peut  se définir comme  une mise  en 
commun  d'informations,  une mise  en participation  d'un 
système  producteur  de signes  (conscience,  organisme ...
                                                            
                                                                                
                                                                    
mais  aussi  machine),  avec un ou plusieurs  autres.
                                                            
                                                                                
                                                                    Cette 
opération  correspond  à l'établissement  d'une correspon
dance  univoque  entre deux systèmes  de référence  (ou 
«univers»)  spatio-temporels,  l'émetteur (ou destina
teur)  et le récepteur  (destinataire).
                                                            
                                                                                
                                                                     Elle est rendue  effec
tive  par la transmission  de messages  structurés  en tout 
ou  partie  selon un même  code ou ensemble  de codes 
partagé(s),  au moyen  d'un canal  de transmission,  qui 
peut  être naturel  ou artificiel,  visuel, auditif,  olfactif, 
chimique,  etc.
                                                            
                                                                                
                                                                    La mise  en contact  des systèmes  concer
nés  est appelée  fonction  « phatique  »; d'autres  fonctions 
concernent  les rapports  du message  à son  code  (fonction 
« métalinguistique >>), à son  contexte,  à lui-même  (auto
nymie;  fonction  poétique).
                                                            
                                                                                
                                                                     Toute  communication peut 
être  proche  ou lointaine,  directe  ou indirecte,  unidirec
tionnelle  ou réciproque,  ouverte ou fermée  (en «bou
cle>>),  interpersonnelle  -s'il s'agit  d'humains  -ou 
massive  (communication  de diffusion).
                                                            
                                                                                
                                                                    
Sans  aborder  le problème  dans sa généralité,  on rap
pellera  que toute  étude  des signes  et de  leur  fonctionne
ment,  toute sémiotique  implique la prise  en considération 
de  1' échange  des signes,  de la communication,  sans 
qu'on  puisse  l'y réduire.
                                                            
                                                                                
                                                                    
Communication  et littérature 
La  communication  littéraire s'inscrit dans le cadre 
plus  général  de la communication  langagière, où des 
messages  appelés «discours  » (voir  ce mot)  sont échan
gés  selon  et grâce  à un  code  appelé  « langue  », par  deux 
canaux  principaux,  auditif (la parole)  et  visuel  (1 'écri
ture,  les signes  des sourds-muets  ...
                                                            
                                                                                
                                                                    ).
                                                            
                                                                                
                                                                    
La  littérature,  définie comme  ensemble  des discours 
retenus  par  la société  comme  empreints  de « littérarité  » 
(notion  ambiguë),  suppose de nombreux  codes supplé
mentaires  par rapport  à celui  de la  langue  et des  usages 
de  la  langue  [voir CoDE].
                                                            
                                                                                
                                                                     Elle ne fonctionne  que par 
un  ensemble  de processus  de communication  en partie 
spécifiques  (par ex.
                                                            
                                                                                
                                                                    l'audition  ou la lecture  de textes 
littéraires,  poétiques ...
                                                            
                                                                                
                                                                    par  rapport  à toute  audition  ou 
lecture),  utilisant  des supports  non spécifiques,  mais bien 
caractérisés  (par exemple  le livre).
                                                            
                                                                                
                                                                    
Phénomène  intimement lié au premier,  la communica
tion  narrative  (qui est souvent  littéraire)  est particulière
ment  concernée  par les changements  de canaux  et de 
supports  [voir ADAPTATION].
                                                            
                                                                                
                                                                    
Les  processus  de communication  littéraire 
L'encodage  du message  littéraire  suppose donc une 
source  (auteur,  créateur,  souvent  écrivain)  et une  cible 
généralement  multiple (auditeurs,  lecteurs ...
                                                            
                                                                                
                                                                    : public) 
entre  lesquelles  interviennent  le plus  souvent,  à l'époque 
moderne,  des intermédiaires,  tels l'éditeur,  l'imprimeur 
et,  en aval,  le  libraire,  la bibliothèque,  etc.
                                                            
                                                                                
                                                                    La production 
du  message,  qui peut  être oral ou écrit- mais l'impor-.
                                                                                                                    »
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