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La mort de Sénèque, TACITE (Les Annales)

Publié le 18/04/2012

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Problématique: De quelle façon cette mise en scène de la mort de Sénèque permet-elle une confrontation des points de vue sur la mort?

 

  1. Le récit d'une mort...

1. Une décision contrainte

Dès le départ, TACITE cherche clairement à nous montrer que Sénèque est condamné à mort et qu'il ne pourra rien faire contre cette décision. La première phrase, avec son groupe nominal « la sentence fatale « démontre bien cette idée. En effet, on a l'impression que ces deux mots ont un effet redondant: une sentence étant un jugement qui ne dépend pas de nous, et l'adjectif « fatale « insistant bien sur le fait qu'il s'agit de la fatalité, la notion de fatalité renvoie au fait que la mort de Sénèque était inévitable et qu'il s'agissait du destin. La mort se présent alors comme la seule issue possible, elle est présentée comme le résultat du destin par le biais de la métaphore « les coups du sort «. Cette mort, Sénèque la subit aussi physiquement puisqu'elle est longue, elle met du temps avant de l'éloigner du monde des vivants: « le sang coulait péniblement «,

 

« l'embrasse et lui demande « de modérer sa douleur; de ne pas nourrir des regrets éternels [...] ». Pour lui, la mort n'est qu'un passage obligé et si sa femme accepte cela, ce sera plus facile pour elle par la suite.

La « perte d'un époux » peut se guérir et on peut vivre avec sans que cela nous pousse dans le désespoir le plus profond, c'est ce que Sénèque dit à sa femme, dans son discours rapporté par TACITE aux lignes 8 et 9. 3.

Une mort publique qui s'improvise comme un spectacle La mort de Sénèque est avant tout présentée comme un spectacle.

En effet, elle est rendue publique ce qui pousse bon nombre de gens à s'y rendre pour y assister; c'est donc pour cette raison que sont présents aussi bien ses proches que les gens qu'il ne connait pas.

Sa femme est fait partie de ce macabre tableau puisqu'on la cite à plusieurs reprises, TACITE nous indique même son prénom, la preuve donc que « Pauline » a un rôle relativement important.

Mais les amis de Sénèque participent aussi à ce lugubre spectacle: « Ses amis pleuraient ».

Le peuple est aussi là, il est d'ailleurs désigné de manière péjorative par le biais d'un commentaire bien mis en évidence par TACITE grâce aux parenthèses: « (la méchanceté de la populace est si grande!) », la populace désigne la plus basse partie du peuple.

Évidemment, les bourreaux comme Néron participent à l'événement; et on remarque aussi la présence d'un ami plutôt particulier pour Sénèque, qui n'est autre que Statius Annaeus: « un ami sûr et un habile médecin », à qui il demande de mettre fin à la douleur qui le dévore et le fait souffrir en lui apportant un poison qui l'expédiera tout de suite vers la mort. II. ...qui met en scène deux époux courageux... 1.

Un mari qui développe une vision stoïcienne de la mort Dans ce passage, TACITE développe une sage vision de la mort que Sénèque nous propose.

On peut parler d'une vision stoïcienne.

Pour lui, les gens doivent garder « l'image de sa vie », autrement dit, ils doivent se souvenir de ce qu'il a pu faire de bien dans sa vie, ce groupe nominal est d'ailleurs qualifié par l'hyperbole « le seul bien qui lui reste, et toutefois le plus précieux ».

Il vaut mieux rester sur une image positive de la personne plutôt que de focaliser ses souvenirs sur la douleur de sa perte.

Sénèque emploie l'expression « les préceptes de la sagesse » lorsqu'il s'adresse à ses amis, une manière pour lui de leur faire comprendre qu'il ne faut pas agir de façon irréfléchie et incontrôlée face à l'annonce de la mort d'une personne qui nous est chère.

TACITE va jusqu'à qualifier la vie de Sénèque « d'estimable ».

Retenir le positif permet de ne pas « nourrir des regrets éternels », c'est-à-dire que ça ne sert à rien de rester sur un souvenir aussi triste, et que garder comme dernier souvenir la mort d'une personne n'est pas la meilleure solution.

Ces dernières paroles seront alors pour le dieu Jupiter, et il associe à ce moment-là sa mort à une offrande faite au dieu: « J'offre cette libation à Jupiter Libérateur ».. »

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