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La philosophie de Jacques - Jacques le fataliste de Diderot

Publié le 08/01/2020

Extrait du document

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Jacques ne connaissait ni le nom de vice, ni le nom de vertu; il prétendait qu’on était heureusement ou malheureusement né. Quand il entendait prononcer les mots [récompenses] ou [châtiments], il haussait les épaules. 5 Selon lui la récompense était l’encouragement des bons ; le châtiment, l’effroi des méchants. Qu’est-ce autre chose, disait-il, s’il n’y a point de liberté, et que notre destinée soit écrite là-haut? Il croyait qu’un homme s’acheminait aussi nécessairement à la gloire ou à l’ignominie, qu’une boule 10 qui aurait la conscience d’elle-même suit la pente d’une montagne ; et que, si l’enchaînement des causes et des effets qui forment la vie d’un homme depuis le premier instant de sa naissance jusqu’à son dernier soupir nous était connu, nous resterions convaincus qu’il n’a fait que ce qu’il était 15 nécessaire de faire. Je l’ai plusieurs fois contredit, mais sans avantage et sans fruit. En effet, que répliquer à celui qui vous dit : Quelle que soit la somme des éléments dont je suis composé, je suis un; or, une cause n’a qu’un effet; j’ai toujours été une cause une; je n’ai donc jamais eu qu’un 20 effet à produire ; ma durée n’est donc qu’une suite d’effets nécessaires. C’est ainsi que Jacques raisonnait d’après son capitaine. La distinction d’un monde physique et d’un monde moral lui semblait vide de sens. Son capitaine lui avait fourré dans la tête toutes ces opinions qu’il avait pui-25 sées, lui, dans son Spinoza qu’il savait par cœur.

INTRODUCTION

Situer le passage

Comme il l’a déjà fait plusieurs fois auparavant, Diderot interrompt son récit pour s’adresser à son lecteur. Il lui expose la philosophie 

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« Jacques d'après les conversations, dit-il, qu'il eut avec lui : «Tout ce que je vous débite là, lecteur, je Je tiens de Jacques, je vous l'avoue, parce que je n'aime pas à me faire honneur de l'esprit d'autrui" (p.

217).

1 Dégager des axes de lecture L'extrait est un raisonnement philosophique.

Il débute par un constat : la morale est une création sociale.

S'ensuit la justification philosophique de ce constat, que Diderot aborde de manière critique et distanciée.

PREMIER AXE DE LECTURE SOURCE ET FONCTION DE LA MORALE 1 Le déterminisme moral Jacques qui ne connaît «ni le nom de vice, ni le nom de vertu» (1.

1-2), ne croit pas à l'existence d'une morale universelle, éternelle, intangible.

La morale est affaire de hasard.

Selon qu'il est «heureusement ou malheureusement né» Q.

2-3), l'individu a des dispositions pour le bien ou pour le mal.

Tout dépend donc de l'inné.

La morale n'existe pas par elle-même ni en elle­ même.

1 Une utilité sociale Pourtant, si l'homme se réfère à la morale, c'est que la vie sociale impose de réguler les comportements individuels: la «récompense [est] l'encouragement des bons; le châtiment, l'effroi des méchants» (1.

5-6).

La morale est indispensable au fonctionnement d'une société.

Elle est un fait culturel et politique.

118 LECTURES ANALYTIQUES. »

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