LA POÉSIE ROMANTIQUE
Publié le 30/05/2012
Extrait du document
Toutes les conventions mondaines, d'abord, disparurent. Plus de mots bas, ignobles : tous les.mots sont égaux, à la disposition de l'écrivain. Partant plus de périphrases, plus de figures, qui cachent ou fardent la pensée. Plus de termes généraux, où elle se fond. Il n'y aura plus rien que l'expression propre, aussi intense, aussi «extrême, aussi « locale « que possible : l'association, le groupe des mots a pour objet de manifester la particularité, l'individualité, même la singularité de l'objet. La métaphore est condamnée : à sa place vient l'image, qui n'est pas procédé d'écriture, mais façon de sentir. Car tout revient là toujours : mettre dans le style tout le concret possible. Nous pouvons saisir le résultat de l'effort romantique, nous qui aujourd'hlll ne pouvons guère écrire même sur des idées, sur des matières de raisonnement, sans essayer de retenir ou de projeter dans nos mots nos sensations...
«
à nouveau pour la transmission du sentiment et de la sensation.
V.
Hugo n'a pas tort, quand il donne tant d'importance à la révo
lution qui jetait à bas l'" ancien régime" de la langue 1
•
Toutes les conventions mondaines, d'abord, disparurent.
Plus de mots bas, ignobles : tous les.mots sont égaux, à la disposition de l'écri•ain.
Partant plus de périphrases, plus de figures, qui cachent
ou fardent la pensée.
Plus de termes généraux, où elle se fond Il n'y aura plus rien que l'expression propre, aussi intense, aussi «extrême ,, aussi « locale » que possible : l'association, le groupe
des mots a pour objet de manifester la particularité, l'individualité, même la singularité de l'o~jet.
La métaphore est condamnée : à sa place vient l'image, qui n'est pas procédé d'écriture, mais façon
de sentir.
Car tout revient là toujours : mettre dans le style tout le concret possible.
Nous pouvons saisir le résultat de l'effort romantique, nous qui aujourd'hlll ne pouvons guère écrire même sur des idées, sur des matières de raisonnement, sans essayer de retenir ou de projeter dans nos mots nos sensations 2
•
Au début, le parti pris de contredire et scandaliser les classiques
est évident : de là des outrances, des éclats, des brutalités, des
fantaisies, manifestations puériles qui
sont inséparables de toute
insurrection.
Et avec cela, JUSque dans V.
Hugo, traînent pendant longtemps des lambeaux de langage classique, des oripeaux d'élé
gance banale; tous, même le maître, ont peine à dépouiller ce vêtement suranné, fripé, qui se colle à leur pensée 3
• Puis tout se
règle, et la transposition de la langue continue de s'opérer régu lièrement, par le moyen surtout des deux tempéraments les plus
livrés à la sensation: V.
Hugo et Th.
Gautier.
Les vers, les périodes,
les couplets ne sont pas rares chez eux, où les mots ne représen tent plus aucune idée, absolument rien d'intellectuel, mais chez l'un des frémissements de la sensibilité, ou des perceptions de l" œil, chez l'autre seulement des perceptions de l'œil 4
•
Le dernier terme de cette transformation est la conversion du mot abstrait en évocateur ·sensible.
Il est trés réel que dans ra
poésie contemporaine, les mots abstraits sont devenus un des
moyens les plus puissants de représentation des formes de la vie 5 :
1.
Hugo, Contemplations (Réponse à un acte d'accusation).
2.
Ex.
le style de Taine.
3.
Fewl!es d'automne, li (la Glaneuse), Xlll (au début), XVlll (au milieu).
Voix
intérieures, XXVIII (pas~im).
Notez, par ex., les étoiles des chars, pour les lanternes des voitw·es (F.
d'aut., 35) !1.
Cf.
F.
d'md., 34; par habitude, par tradition, le poète s'astreint à commencer et finir par une pensée : au resle les mot" ne sont plus pour lui que des couleurs.
5.
ll~ servent à accuser plus vig-oureusement la qualité de 1'nhjet, l'a~cident sur lequel l'arti:.te veut tixer notre regard.
Maupassant s'e8t moqué du proe~tlé, qui ne doit pas Si jt.
»
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