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La révolte contre l'injustice Livre 1, Folio (Gallimard), pp. 50-51 - Rousseau in Confessions

Publié le 02/08/2014

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Chez les Lambercier, où il vit entre 10 et 12 ans, Jean-Jacques est accusé d'avoir cassé un peigne: il est innocent mais les apparences sont contre lui. On le punit. Le récit des Confessions peint ce châtiment comme un traumatisme et comme une rupture dans la vie de l'enfant: la violence de l'injustice trouble l'univers paradisiaque de Bossey, en détruit la pureté. L'harmonie qui régnait entre enfants et adultes, faite de confiance, de transparence des coeurs, d'admiration, est irrémédiablement brisée ; innocent mais puni, l'enfant perd son innocence ; injustes et abusés, les adultes per¬dent leur aura tandis que la campagne se dépouille de son attrait.

Je sens en écrivant ceci que mon pouls s'élève encore ; ces moments me seront toujours présents quand je vivrais cent mille ans. Ce premier sentiment de la violence et de l'injustice est resté si profondément gravé dans mon âme, que toutes les idées qui s'y rapportent me rendent ma première émotion, et

5 ce sentiment, relatif à moi dans son origine, a pris une telle consistance en lui-même, et s'est tellement détaché de tout intérêt personnel, que mon coeur s'enflamme au spectacle ou au récit de toute action injuste, quel qu'en soit l'objet et en quelque lieu qu'elle se commette, comme si l'effet en retombait sur moi. Quand je lis les cruautés d'un tyran féroce, les subtiles noirceurs

10 d'un fourbe de prêtre, je partirais volontiers pour aller poignarder ces misé¬rables, dussé-je cent fois y périr. Je me suis souvent mis en nage à poursuivre à la course ou à coups de pierre un coq, une vache, un chien, un animal que j'en voyais tourmenter un autre, uniquement parce qu'il se sentait le plus fort. Ce mouvement peut m'être naturel, et je crois qu'il l'est; mais le souve 

15 nir profond de la première injustice que j'ai soufferte y fut trop longtemps et trop fortement lié pour ne l'avoir pas beaucoup renforcé.

COMMENTAIRE)

Enjeu : l'origine personnelle de la révolte contre l'injustice

L'expérience de l'innocence bafouée, non reconnue, déclenche une réac-tion violente de l'enfant (voir le § précédent Jean-Jacques et son cousin laissent exploser leur fureur). Par un travail d'explication, Rousseau ana-lyse, à partir de sa première et spectaculaire manifestation, l'histoire d'un sentiment personnel de révolte contre l'injustice, contre l'abus de la force, qui depuis ne cesse de l'animer. Par un travail rhétorique, il s'attache à transmettre à son lecteur la vigueur de ce sentiment.

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« a LA 4• RÉPUBLIQUE (1946-1958) -1.

Sa naissance A la Libération , en 1944, le général de Gaulle préside un Gouvernement Provi ­ soire de la République Française comprenant tous les courants issus de la Résistance .

a.

Un paysage politique sensiblement modifié.

Les partis de gauche au pou­ voir.

Les communistes (Parti Communi ste Français), auréolés par leur résistance à l'occupant, entrent pour la première fois dans un gouvernement où l 'on trouve aussi des soc ialistes (Section Françai se de l'Internationale Ouvrière -S.F.I.O.

) et des démocrate s-chrétiens (du M.R .P., Mouvement Républicain Populaire) .

• Une volonté de renouveau .

En J 945.

aux élections de la première Constituante (o ù pour la première fois les femmes votent), la gra nde majorité des Français manifeste sa vo l onté de changement, refusant le retour à la 3' République et apportant la plupart de leur s voix au P.C.F ., à la S.F.I.O.

et au M.R . P.

La droite paye d'une défaite électorale ses comp licités avec le régime de Vichy.

b.

Les réformes de structure.

L'autorité de l'État une fois rétablie , le Gouver­ nement Provisoire de la République Française, inspiré par le programme du Conseil National de la Résistance , décide ent re décembre 1944 et avri l 1946 un grand nombre de mesure s .

• La nationalisation d'un important secteur industriel et bancaire (Renault, le Gaz, l'Ëlectricité , l es Charbonnages, la Banque de France et quatre grandes banque s de dépôt) .

• La création de la Sécurité sociale , le s allocations fami liales, des comités d 'entrepri se . ..

• La planification de l'économie.

Mais l' union sce llée par la Résistance dure peu.

De Gaulle , qui l'incarnait , irrité de devoir sans cesse composer avec les partis dominant l'As semblée constituan­ te, démissionne dès janvier 1946.

La nouvelJe Constitution , qui fonde la 4• Répu­ blique , est dès lors le fruit d'un lab orieux compromis au sein du "tripartisme" (P.C.F.

-S .F.I . O.

-M .R .P.).

- 2.

L'évolution vers la droite (1946-1954) Les majorité s de gouvernement changent progressivement d'ass ise : de la gauche, elles pas sent au centre-gauche puis au centre-droit.

a.

Une constitution contestée.

Malgré de Gaulle, le tripartisme fait adop ter la 4' République en octobre 1946, par référendum, avec à peine plus du tiers des inscrits .

• L'Assemblée nationale est le centre du pouvoir .

Ce sont en effet les députés qui éli se nt le Président (avec les sénat eurs réunis en Congrès), et qui investissent le Président du Conseil.

Élus à la proportionnelle, les député s dépendent étroite­ ment de leur parti .

• L'opposition gaulliste à la 4' République.

Un tel régime d 'asse mblée est. »

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