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L’ALBATROS - C.BAUDELAIRE, LES FLEURS DU MAL et UN VOYAGE A CYTHERE - C.BAUDELAIRE, LES FLEURS DU MAL (analyse littéraire)

Publié le 29/12/2022

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« L’ALBATROS - C.BAUDELAIRE, LES FLEURS DU MAL INTRODUCTION: Les Fleurs du mal est un recueil, écrit par Charles Baudelaire et publié en 1857, qui met l'accent sur la dualité entre violence et luxure, mal et morale, laid et beau, enfer et paradis...

Il se caractérise par une esthétique à l’époque très moderne qui vaudra à l’auteur procès, condamnations et censures, entraînant la production d’une nouvelle version en 1861 . On peut notamment y retrouver du symbolisme, mouvement littéraire et artistique apparu en France à la fin du XIXe siècle, qui correspond à une conception spirituelle du monde et une volonté de trouver d'autres moyens d'expression pour dépasser la simple représentation.

Baudelaire est considéré comme le précurseur du courant, mais il y a d’autres symbolistes très connus comme Rimbaud ou Verlaine. Par exemple, ici, nous allons nous intéresser à « L'Albatros » qui est le deuxième poème de la section « Spleen et Idéal » du recueil.

Ce poème a une double origine : le souvenir d'un incident survenu sur un bateau pour les Indes, dans lequel il fut forcé de monter par sa famille dépassée par son caractère rebelle et bohème, et une réflexion sur la situation du poète et son inadaptation. v Nous allons alors nous demander comment Baudelaire aborde sa condition de poète à travers l'allégorie de l'albatros dans ce texte. Pour ce faire, on en analysera le premier mouvement, des strophes 1 à 3, qui aborde l'anecdote d'une scène en mer, puis le deuxième, dans la dernière strophe, qui s'intéresse à la symbolique de l'oiseau. I-ANECDOTE, SCENE D’UNE VIE EN MER v1-v2 :  enjambement  le contenu sémantique du 1er vers déborde sur le 2e => effet d’intensification de l’action/d’allongement.

B insiste ainsi sur la cruauté des marins, qui agissent par oisiveté « pour s’amuser » et sont violents (verbe « prendre » mis en avant par ce type de versification).  périphrase « hommes d’équipage »  représente les marins, marque l’opposition entre les hommes et les oiseaux. 1ère périphrase désignant les albatros  montre à quel point ils occupent une place majeure en terme de symbole dans le poème et en dépeint, pour le moment, une image élogieuse. v3 :  personnification / périphrase  éloge toujours qui souligne, par sa longueur, l’envergure de ces oiseaux, mais idée de naïveté car « compagnons » et « indolents » traduit leur nonchalance et manque de méfiance, en désaccord avec le piège qui les attend. v4 :  « gouffres amers » suggère l’immensité des espaces qu’ils peuvent parcourir et dominer en « suivant » les « navires »  allitération en -s tout au long de la strophe donne à percevoir le bruit des vagues. Ainsi, la 1ère strophe pose le cadre du poème et l’entreprise derrière l’action principale, mettant en avant la grandeur de l’oiseau qui surplombe les navires et se présente en harmonie avec ce milieu. v5-v6 :  2 métonymies possibles  les planches du bateau, représentant sûrement l’équipage mais aussi plus généralement la terre ferme, le monde du réel, s’opposent au ciel évoqué ici à travers « azur »  changement brutal d’espace et de condition soulignés par la locution adverbiale « à peine »  antithèse  contraste dans la caractérisation des albatros : ce changement d’espace implique une condition nouvelle qui réduit leurs capacités et leur majestuosité, traduisant leur inadaptation.

Il y a également une opposition au niveau du vocabulaire, tantôt mélioratif, avec la périphrase/personnification « rois de l’azur » et le GN « grandes ailes blanches », tantôt péjoratif avec les adjectifs « maladroits et honteux ».  modalisateur « piteusement »  caractérise la chute des albatros dans le monde des humains v8 :  comparaison  montre la maladresse des oiseaux comme handicapés par leurs ailes v9-v10 :  énième personnification sous forme de la périphrase « ce voyageur ailé »  renvoie toujours à l’albatros, par ailleurs désormais passé au singulier, qui vient de perdre son statut de « roi »  symétrie entre l’oiseau « naguère » beau et peu de temps après « laid »  insiste sur le contraste entre ses deux possibles caractéristiques selon les milieux  exclamations  insistent sur l’hilarité et la violence verbale des marins alors engendrées v11-v12 :  rythme binaire et parallélisme de construction  traduit l’aspect comique et pathétique de la scène, mais également précise les sévices et la méchanceté des hommes d’équipage Ainsi, dans ces 2 et 3èmes strophes, on observe un glissement du portrait de l’oiseau qui nous laisse entrevoir la condition tragique de ce dernier, donc par extension du poète, déchu de sa puissance une fois dans un monde prosaïque.

Un véritable tableau de l’embarras est dressé progressivement, pour amener finalement dans la dernière strophe du poème au deuxième mouvement de ce texte où l’analogie qui le parcourt est explicitée. II- LA SYMBOLIQUE L’ALLEGORIE DU POETE En effet, v13, on a la comparaison « … »  établit un lien direct entre les deux.

La figure de l’albatros, exprimée à travers la périphrase « prince des nuées », n’est donc autre que celle du « Poète ».  on souligne la présence de la majuscule à « poète »  procédé typographique qui inclut alors l’ensemble des poètes à cette époque victimes de la même condition que Baudelaire  l’expression « nuées » peut symboliser l’abstrait, l’irréel, ce qui pourrait être en accord avec l’art v14 : son génie de l’écriture semble lui faire prendre de la hauteur, lui conférer une dimension d’indifférence v15 :  métaphore  l’« exil », témoignant d’ailleurs d’une contrainte pour l’oiseau et de surcroît pour le Poète, a lieu sur « le sol », donc au sein du monde réel.

C’est dans ce dernier qu’il reçoit des critiques par les hommes du fait de sa marginalité. v16 :  encore une métaphore  « ailes de géant » comparable au génie du Poète, qui se trouve emprisonné dans ses idées. CONCLUSION: En conclusion, selon Baudelaire, le poète dans la société ressemble à l'albatros : dans le ciel il est majestueux, mais sur la terre et au contact des hommes, il est ridicule.

De même, l’auteur est supérieur aux gens ordinaires en poésie mais lorsqu'il est mélangé à la foule, il n'est rien et suscite la moquerie : son génie induit un éloignement avec les individus de la société.

Il nous montre donc qu'il est incompris de ses contemporains ; c'est donc un poète maudit.

On retrouve cette idée de comparer l'oiseau à un poète dans « Nuit de Mai » de Musset, avec l'allégorie du pélican : il est prêt à se sacrifier pour ses petits quand il ne trouve pas de nourriture dans la mer, de même le poète livre sa vie en pâture à ses lecteurs dans ses poèmes pour les aider à mieux vivre car il a une responsabilité, une véritable mission. UN VOYAGE A CYTHERE - C.BAUDELAIRE, LES FLEURS DU MAL n INTRODUCTION: Les Fleurs du mal est un recueil, écrit par Charles Baudelaire et publié en 1857, qui met l'accent sur la dualité entre violence et luxure, mal et morale, laid et beau, enfer et paradis...

Il se caractérise par une esthétique à l’époque très moderne qui vaudra à l’auteur procès, condamnations et censures, entraînant la production d’une nouvelle version en 1861.

La controverse réside dans le fait que pour lui, la beauté (les fleurs) pouvait sortir de la laideur (le mal), parfois trop crue.

Cette démarche est caractéristique de l’« alchimie poétique », terme provenant de l’arabe al-kimiya qui représente littéralement l’art de purifier l’impur, la transmutation de la « boue » en « or ».

Dans un sens plus métaphorique, elle correspond à l’image de la création poétique, capable de transposer, de sublimer tout ce qui est laid en idéal. Par exemple, ici, nous allons nous intéresser à « Un voyage à Cythère », écrit en 1852 et publié pour la première fois dans la Revue des Deux Mondes en 1855.

Il intègrera plus tard la section « Fleurs du Mal » de l’œuvre éponyme. Ce poème de quinze quatrains d'alexandrins a une double origine.

D’abord, l’antiquité grecque, Cythère étant une île où serait née, selon la légende, la déesse Aphrodite, associée à la beauté, au désir et à l’amour ; le « voyage » proposé ici serait donc aussi, symboliquement, un voyage dans la volupté.

Il tire également son inspiration, de manière très explicite, du texte du même nom de Gérard de Nerval paru en 1844, qui évoque la déception ressentie par le voyageur en arrivant à ses abords, la découvrant colonisée et y apercevant un pendu.

Il s'agit donc ici d'un voyage qui est également littéraire, Baudelaire jouant de l'intertextualité avec son prédécesseur. Nous allons alors nous demander comment le poète construit-il une analogie entre le spectacle décrit et son ressenti intérieur ? Pour ce faire, on analysera les strophes 8 à 13.

Le premier mouvement, des strophes 8 à 10, correspond à la description du pendu aperçu par le poète.

Puis s'ensuit un basculement dans la strophe 11, provoqué par son émotion, qui présente l’établissement de son empathie envers le cadavre.

Enfin, dans le 3 e et dernier mouvement, strophes 12 et 13, on étudiera l’association de sa propre image avec celui-ci. I-LA DESCRIPTION DU PENDU v29 :  établissement du champ lexical de la violence  « féroces » qui traduit leur cruauté dès ce premier vers du mouvement  déshumanisation  « pâture », qui représente la nourriture donnée spécifiquement aux animaux. Le cadavre n’est vu plus que par ce qu’il est au moment présent. v30 :  champ lexical de la violence  appuyé à nouveau par « détruisaient », « rage »  « pendu déjà mur »  associé alors métaphoriquement à un fruit dévoré par les oiseaux, pendant du « gibet » (=potence) comme à un arbre. v31-32 :  On note que le rythme est expressif : le vers 31 est un trimètre dont le rythme régulier et le jeu de sonorités en -p, -ke, -t (« bec », « coins », « plantant »…) semble imiter les coups de becs répétés des oiseaux en plus de mettre en valeur, par les deux coupes, la comparaison « comme un outil », ce qui ajoute à la violence du tableau  sorte de gradation  le corps « mûr » est maintenant désigné par « pourriture » §9 :  le cadavre n’est décrit qu’à travers certains de ses éléments physiques en décomposition  impression de corps difracté.

Ce qui est souligné à chaque fois est l’absence d’organes attendus (« trous » pour les « yeux », « ventre » vidé de ses « intestins », ou encore « châtré », qui signifie castré). Le fait que ce pendu soit « absolument châtré » (v.

36) peut être vu comme symbolique : sur une ile associée à la déesse Vénus et à l'érotisme, ce corps émasculé semble allégorique : c'est comme s'il avait subi un châtiment pour sa débauche. v35 :  métaphore  le groupe d’oiseaux quant à lui, est associé à des « bourreaux »  oxymore  « hideuses délices » décrivant à la fois l'appétit de ces oiseaux et le dégoût du poète face à cette scène. v37-38 :  Des « quadrupèdes », enfin, apparaissent.

Le rythme régulier des tétramètres suggère le tournoiement des bêtes autour de la potence. v39-40 :  métaphore de l'« exécuteur » et de ses « aides »  leur confère désormais également le caractère de « bourreau » En conséquence, dans ces trois premières strophes, au voisinage de « la côte », l’auteur présente un combat totalement disproportionné : un fruit mûr, incapable de se défendre, fait face à deux groupes de bourreaux, dans les airs et par terre.

Ce martyr lui inspire alors l’empathie, l’amenant à interpeller en un deuxième mouvement les habitants de Cythère. II -ETABLISSEMENT DE L’EMPATHIE DE BAUDELAIRE v41 :  Le poète adresse une première apostrophe au cadavre  effet de réhumanisation, véritable antithèse avec les vers précédemment étudiés.

Il s’en sert pour créer un contraste entre le lieu et le spectacle auquel assiste l’auteur : l’« habitant de Cythère » est décrit comme un « enfant », ce qui suggère une certaine innocence, et « le ciel » y est « beau » v42-44 :  «insultes », « expiation » et « péchés »  idée de martyr progressivement développée et conférée au pendu, qui accentue la réhumanisation.

Aspect aussi souligné par l’ « interdiction de tombeau », expression étant mise en relief par un rejet.

En effet, il est suspendu dans les airs sur sa potence, et n'a pas pu être inhumé, ce qui, selon certains mythes que l’on retrouve notamment dans Antigone de Sophocle, condamnerai son âme à errer éternellement. b Ainsi, dans cette strophe, on assiste à l’affirmation plus explicite des caractéristiques humaines du cadavre, menant alors à un écho au sein de l’auteur.

L’interpellation du pendu va entraîner à la mise en place d’une certaine analogie ; après l’avoir réhumanisé, Baudelaire va s’y retrouver. III- INTERPELLATION DU PENDU, IMAGE DU POETE v45 :  « ridicule pendu »  L'émotion du poète face à ce spectacle le pousse à l’apostropher à nouveau, mais cette fois de manière péjorative  : « ...tes douleurs sont les miennes »  parallèle explicite entre lui et ce pendu. v48 : En effet, la cruauté qui lui est infligée par les oiseaux semble faire résonner en l’auteur « des douleurs anciennes », terme étant mis en valeur par la diérèse.

Cela rappelle donc des souffrances qu’il aurait lui-même vécu.

De plus, le terme de « fiel » est à noter : au sens figuré il désigne un sentiment d'amertume et de douleur.

C'est donc un synonyme du mot spleen si cher à Baudelaire. v49 :  analogie entre « ridicule pendu » et « pauvre diable », modalisateurs  , d’ailleurs presque oxymore, ajoute au pathos et à l’expression des sentiments de l’auteur v50-51 :  parallélisme  Les becs font en effet référence aux corbeaux et les mâchoires aux panthères.

Cela met en lumière les différentes souffrances subies d’abord par le mort, puis par association par le poète. CONCLUSION Ce voyage intertextuel est donc bien symbolique : en décrivant ce spectacle macabre, le poète donne une image symbolique de lui-même et des souffrances causées par la débauche.

Il est donc en raccord la démarche, vue dans l’intro, qu’il emploie dans l’ouvrage, développant ses conceptions poétiques en faisant fleurir des fleurs sur le mal. LE PORC – P.CLAUDEL, CONNAISSANCES DE L’EST n INTRODUCTION: Connaissances de l’est est un recueil de poèmes en prose, écrit par Paul Claudel, hommes qui s’illustra surtout dans les domaines de la poésie et du théâtre.

Publié en 1900, il est inspiré de son séjour en Chine, où il occupa un poste diplomatique.

Il y emploiera notamment une certaine démarche caractéristique de l’« alchimie poétique », terme provenant de l’arabe al-kimiya, qui représente littéralement l’art de purifier l’impur, la transmutation de la « boue » en « or ».

Dans un sens plus métaphorique, elle correspond à l’image de la création poétique, capable de transposer, de sublimer tout ce qui est laid en idéal. Par exemple, ici, nous allons nous intéresser au poème « le Porc ».

Il s'agit d'un portrait de ce dernier en général, évoqué au singulier collectif, assez comiquement dressé car il est réputé repoussant.

Mais ce portrait a également un autre objectif : la transformation, par une alchimie poétique, de cet animal laid en personnage poétique. Nous allons alors nous demander comment ce portrait transforme-t-il, grâce à la poésie, cet animal repoussant en un personnage noble et digne d'intérêt ? Pour ce faire, on en analysera le premier mouvement, des strophes 1 à 2, qui constitue un portrait physique et moral dégradant de l’animal, puis, nous constaterons que le porc est porteur d’une leçon de vie dans la strophe 3, et enfin, dans le dernier strophes 5 et 6, on verra qu’il possède une dimension mythique et symbolique. I- UN PORTRAIT DU PORC AU TAS DU SOL Le 1er paragraphe, constitué d'une phrase simple unique, est un véritable projet poétique.

L'utilisation du futur de l'indicatif, d'abord, traduit en effet une volonté, une détermination : celle de présenter un portrait, affirmée dès la première ligne, car le poète utilise le verbe « peindre ».

Ensuite, le champ lexical lui étant associé (« [peindre] », « image ») souligne la référence à cet art.

Enfin, le fait qu'on utilise une majuscule pour désigner le « Porc » révèle le souhait de traiter un sujet noble et général. - Le projet du.... »

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