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Le drame DANS POLYEUCTE DE JEAN RACINE

Publié le 15/03/2011

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   Polyeucte est déjà dans le drame puisqu'il a été soulevé au-dessus de lui-même et qu'il marche vers le martyre. Pauline a été surprise en plein bonheur par le retour de Sévère, et elle aussi, croit être entrée dans le trouble et dans la douleur, mais elle ne soupçonne pas encore le véritable drame dans lequel elle est engagée entièrement avec Polyeucte. Elle est restée seule pendant le sacrifice ; et, comme dans un songe éveillé, des fantômes sont venus l'assaillir. Le troisième acte s'ouvre sur sa méditation solitaire et nous ne sommes pas trop étonnés de l'entendre penser tout haut.    Que de soucis flottants, que de confus nuages Présentent à mes yeux d'inconstantes images ! Douce tranquillité que je n'ose espérer, Que ton divin rayon tarde à les éclairer ! Mille agitations, que mes troubles produisent Dans mon cœur ébranlé tour à tour se détruisent...

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« A peine la cérémonie officielle était commencée, que Néarque et Polyeucte se sont moqués à haute voix « desmystères », suscitant un vrai scandale ; puis Polyeucte a pris la parole et a fait un discours insultant pour les dieux; enfin Néarque et lui se sont portés à des voies de fait. Se jetant à ces mots sur le vin et l'encens, Après en avoir mis les saints vases par terre, Sans crainte de Félix, sanscrainte du tonnerre, D'une fureur pareille ils courent à l'autel.

Cieux ! a-t-on vu jamais, a-t-on rien vu de tel ? Duplus puissant des dieux nous voyons la statue Par une main impie à leurs pieds abattue, Les mystères troublés, letemple profané, La fuite et les clameurs du peuple mutiné Qui craint d'être accablé sous le courroux céleste. Certains critiques modernes qui ont la manie de voir dans toute tragédie classique un drame romantique, nemanquent pas ici d'accuser « les unités » qui ont obligé Corneille à éloigner des yeux cette scène toute en action età l'incorporer dans le drame par un récit, qui est de soi toujours languissant, Singulière inadvertance.

Supposons uninstant la cérémonie réalisée sur le théâtre, la pièce devient insupportable.

Car si la manifestation de Polyeucte etde Néarque se passe sous nos yeux, elle est le centre de la tragédie, elle est la tragédie, qui apparaît ainsi commeun fait divers des guerres de religion.

Et qui ne serait choqué par une violence si brutalement affichée ? Mais latragédie cornélienne n'est pas là ; l'incident du temple n'est qu'un moyen de nous faire pénétrer dans la tragédie quisera tout entière dans les âmes de Polyeucte, de Pauline, de Félix, de Sévère.

C'est une tragédie spirituelle ; cesgestes excessifs, ces vases brisés, ces statues renversées, sont des détails extérieurs qui doivent rester dans unvague lointain et qu'il est bon même qu'on oublie, ce qui serait impossible si on les avait vus.

Le récit n'est donc pasun pis aller ; il est voulu, c'est une pièce d'un art concerté. Ce qu'on ne doit point voir qu'un récit nous l'expose. Pauline est dispensée de dire les mouvements que ce récit provoque en elle, par la brusque arrivée de Félix.

Al'agitation et à la colère de son père, elle ne voit qu'une chose, que Polyeucte est en danger et aussitôt elles'apprête à le défendre ; elle tombe aux pieds de Félix et embrasse ses genoux.

Suivent deux scènes rapides etconfuses : Félix est agité de sentiments contradictoires, il ne tient pas en place, il écoute à peine Pauline et en luirépondant, il répond surtout à ses propres questions intérieures.

Il veut espérer que le supplice de Néarque feraréfléchir son gendre et provoquera un repentir dont on profitera pour le sauver.

Plus clairvoyante, Pauline sait bienqu'en un jour il ne changera pas deux fois de sentiment, et elle l'admire et elle l'aime pour cette belle décision quirisque tout.

Il faut le sauver malgré son obstination.

Et la discussion s'engage haletante, coupée de réticences,saturée de passion. Pauline. Vouloir son repentir, c'est ordonner qu'il meure.

Félix. Sa grâce est en sa main, c'est à lui d'y rêver. Pauline.

Faites-la tout entière. Félix. Il la peut achever.

Pauline. Ne l'abandonnez pas aux fureurs de sa secte.

Félix. Je l'abandonne aux lois, qu'il faut que je respecte.

Pauline. Est-ce ainsi que d'un gendre un beau-père est l'appui ? Félix. Qu'il fasse autant pour soi comme je fais pour lui.

Pauline. Mais il est aveuglé. Félix.

Mais il se plaît à l'être : Qui chérit son erreur ne la veut pas connaître.

Pauline. Mon père au nom des dieux... Félix. Ne les réclamez pas, Ces dieux dont l'intérêt demande son trépas. Pauline.

Ils écoutent nos vœux. Félix.. »

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