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Le fatalisme dans Jacques le fataliste de Diderot

Publié le 08/01/2020

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Tout d’abord, Jacques ne croit pas en Dieu. Il lui arrive certes de prier, mais c’est «à tout hasard» (p. 204). Pour lui, le système de Spinoza ne possède en outre qu’une valeur sentimentale : « Lorsque l’accident était arrivé, il en revenait à son refrain; et il était consolé» (p. 218). Tout se passe comme si Jacques voyait dans le fatalisme non pas une philosophie, non plus qu’une explication du monde, mais un moyen d’accepter, de surmonter ses malheurs et ses échecs. Le «grand rouleau» fonctionne comme un remède psychologique. Enfin et surtout, Jacques ne met pas ses principes en pratique : «Souvent il était inconséquent comme vous et moi, et sujet à oublier ses principes», écrit Diderot (p. 218).

L’exemple le plus significatif est celui des brigands de l’auberge1. Jacques les enferme à double tour dans leur chambre, dont il emporte la clé, pour se donner le temps de fuir. Au regard du fatalisme, la précaution s’avère inutile. S’il était écrit que les brigands rattraperaient Jacques et son maître, peu importe qu’il les ait ou non enfermés à double tour : ceux-ci auraient réussi à les rejoindre. Bien qu’il doute de sa propre liberté, 

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« que chaque existence -comme l'ensemble de la création -évolue en vue d'une fin préméditée par Dieu.

Le mal que, par définition, Dieu ne peut vouloir, provient dès lors des fautes et des imperfections humaines.

Dans tous les cas, le fatalisme est une interprétation religieuse du monde.

Il en est même un principe d'explication, bien que l'homme ignore fondamentalement quelles sont les volontés de la divinité.

Mais, en définitive, les connaître importe peu.

L'essentiel, en effet, est que l'existence de cette divinité exclut le hasard.

Le fatalisme refuse en ce sens la contingence 1 de l'univers.

JACQUES EST-IL VRAIMENT FATALISTE? Au regard de ces définitions traditionnelles, le fatalisme de Jacques soulève quelques difficultés d'analyse : Jacques est-il vrai­ ment fataliste? La question peut paraître incongrue : le titre du roman ne l'affirme-t-il pas? Le problème est que, d'un côté, Jacques s'af­ firme fataliste et que, d'un autre côté, il réagit et parfois réfléchit comme s'il ne l'était pas.

1 Jacques s'affirme fataliste Ce valet philosophe ne cesse d'invoquer" le grand rouleau où tout est écrit» (p.

45).

Jacques ne sait pas ni qui a rédigé ce «grand rou­ leau» ni ce qui y est écrit, mais il a conscience qu'une puissance supérieure décide du moindre de ses actes.

Le thème revient dans l'œuvre comme un leitmotiv 2 : chaque balle de fusil a son « billet 3 »; «Tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas [est] écrit là-haut» (p.

35); quand Jacques tombe amoureux (p.

40), quand il est empri­ sonné à la suite du meurtre du chevalier de Saint-Ouin, il répète le même refrain : "Il fallait que cela fût, cela était écrit là-haut,, (p.

325).

1.

Contingence : en philosophie, désigne le fait d'être soumis au hasard; on dit qu'une chose est contingente lorsqu'elle est fortuite.

accidentelle.

2.

Leitmotiv: terme d'origine allemande désignant une phrase, une formule qui revient à plusieurs reprises.

3.

Billet: l'adresse (autrement dit le soldat) que la balle va atteindre.

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