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LE GENIE DE RACINE

Publié le 04/02/2011

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L'œuvre de Racine, classique par excellence, découle tout entière d'une exigence esthétique : guidé par ses modèles antiques, il s'est proposé de porter à son plus haut degré de perfection la tragédie française.

A Le climat tragique

« La principale règle est de plaire et de toucher «, a écrit Racine dans la préface de Bérénice ; on pourrait dire, plus strictement : toucher afin de plaire. Pour atteindre à ce résultat, Racine disposait de formules éprouvées, dont les tragiques grecs lui donnaient l'exemple et Aristote le précepte. Il a cherché à éveiller la pitié et la crainte, bref à créer entre les acteurs et le public du drame une sorte de communion dans l'angoisse ou dans la détresse.

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« de Mithridate, qui permet l'aveu de Xipharès à Monime; la fausse nouvelle de la mort de Thésée, qui détermine la déclaration de Phèdre à Hippolyte; l'enlèvement de Junie, qui marquele premier pas de Néron dans la voie du crime; l'arrivée d'Iphigénie, qui laisse redouter son sacrifice; la décision de Joad qui, éclairé par Dieu, proclame que « les temps sont accomplis ». LE DÉNOUEMENT TRAGIQUE Dès lors, la partie est jouée, le mécanisme fonctionne : toutes les démarches despersonnages donnent occasion de cheminer à l'irréparable .

Andromaque signe l'arrêt de mort d'Astyanax en refusant Pyrrhus, l'arrêt de mort d'Hermione en l'acceptant; les tentatives d'Agrippine et de Burrhus sont vouées à l'échec et exaspèrent chez Néron la volonté de meurtre; Titus et Bérénice doivent subir la loi tyrannique; Phèdre glisse inéluctablement à l'acceptation, puis à l'accomplissement du crime. Par le seul jeu des passions et des sentiments, la crise se dénoue; et le dénouement est toujours douloureux, sauf dans les tragédies sacrées, où il ne laisse pas d'être sanglant. C L'intérêt humain Si bien réglé que soit le mécanisme, il ne serait qu'un jeu si les personnages du drame n'éveillaient notre intérêt par leur vérité.

Racine a plongé dans des situations vraisemblables, sinon communes, des âmes pleines de faiblesse humaine, mais tourmentées ou égarées par des passions d'une extrême violence. des situations vraisemblables Racine a soutenu que, pour toucher les spectateurs, il avait cherché des sujets «vraisemblables ».

Si l'on dépouille ses tragédies de l'appareil de grandeur que constitue le décor historique, biblique ou mythologique, si l'on oublie aussi que les personnages sont presque tous des rois ou des princes, on s'aperçoit que la plupart des situations, transposées dans l'humble réalité de la vie bourgeoise, conserveraient une vérité émouvante.

Il arrive qu'une femme soit perdue par une passion criminelle, qu'une fille soit sacrifiée à l'ambition de son père, qu'une mère doive accepter un sort pénible pour assurer l'avenir de son enfant. Les personnages raciniens, engagés dans un drame où se joue leur destin, révèlent leur détresse par des paroles simples et jaillies du cœur, où s'exprime une souffrance profondément humaine. des âmes faibles Les personnages sont bien des hommes en effet.

Parmi ceux qui accomplissent leur devoir, aucun n'a le prestige qui s'attache aux héros dépourvus de faiblesse. Mithridate est un roi de grande allure, mais il cède à une passion déraisonnable; Titus sacrifie son amour à sa mission impériale, mais il a trop gémi et tergiversé pour nous laisser le souvenir d'une vertu surhumaine; Andromaque parvient bien à sauver son fils tout en restant fidèle à Hector, mais elle a douloureusement hésité et doit son salut aux événements, non à elle-même. Parmi ceux qui se laissent entraîner au meurtre, aucun n'a la résolution froide des criminels endurcis; Néron lui- même, avant de faire empoisonner Britannicus, lutte, hésite un moment; il ne nous apparaît pascomme le monstre accompli dont l'histoire a gardé le souvenir.

Nombreux sont enfin les êtres misérables, écrasés par un destin qu'ils se bornent à maudire, faute de pouvoir le conjurer : Agamemnon en est l'exemple le plus frappant. des passions déchaînées Cependant, la plupart des personnages raciniens, sous l'empire d'une passion, apparaissent à nos yeux avec un visage effrayant, qui n'est pas leur visage ordinaire. Rien ne compte désormais pour eux, sinon l'objet de leur désir : Pyrrhus renie ses engagements envers les Grecs, Oreste manque à ses devoirs d'ambassadeur.

L'intérêt qui s'attache aux étudespsychologiques de Racine tient aux analyses qui, dans le cadre des nécessités dramatiques, révèlent le désarroi de l'âme tourmentée par une idée fixe.

Les passions déterminent les événements et elles sont peintes avec une rigueur implacable : leur monstruosité même n'exclut pas la vérité de l'observation humaine. D L'art racinien Pour rehausser l'intérêt tragique, Racine recourt aux procédés d'un art très conscient.

Il souligne l'intensité du drame par une recherche constante de la rigueur; il en prolonge le retentissement dans les âmes grâce aux ressources de la poésie. LA RIGUEUR Dépouillement de la mise en scène. Le théâtre de Racine s'adresse à l'âme; aussi n'y trouve-t-on aucun de ces effets qui pourraient éveiller pitié ou terreur à peu de frais, en. »

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