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Le poids de la fatalité dans les Confessions de Rousseau

Publié le 22/10/2013

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Cette fatalité inscrite dans le destin de Rousseau fait de lui un personnage en quête de signes et joue une fonction dramatique dans le récit. Ainsi, lorsque l'adolescent voit se lever le pont-levis qui va l'empêcher de rentrer à Genève, il n'a pas l'idée, comme ses compagnons d'escapade, d'attendre le lendemain pour regagner la ville : «Je frémis en voyant en l'air ces cornes terribles, sinistre et fatal augure du sort inévitable que ce moment commençait pour moi« (p.78).

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« gner la ville : «Je frémis en voyant en l'air ces cornes terribles, sinistre et fatal augure du sort inévitable que ce moment commençait pour moi» (p.78).

Les « visions prophétiques » Jean-Jacques connaît également des« visions prophétiques ».

Dès son retour à Chambéry auprès de Madame de Warens, il rêve comme en extase d'une maison champêtre et isolée où tous deux vivraient dans l'euphorie de l'idylle*.

C'est la préfiguration du « court bonheur » vécu plus tard durant deux étés aux Charmettes, préfiguration dont l'autobiographe se plaît à vérifier la justesse : «Si jamais rêve d'un homme éveillé eut l'air d'une vision prophétique, ce fut assurément celui-là, je n'ai été déçu que dans sa durée imaginaire» (p.146).

Souvent la fatalité, dans sa poursuite continuelle de Jean-Jacques, empêche l'épanouissement de ses dispositions réelles et l'arrache à l'existence espérée.

Quittant Genève il regrette le sort contraire : «Avant de m'abandonner à la fatalité de ma destinée, qu'on me permette de tourner les yeux vers celle qui m'attendait naturellement si j'étais tombé entre les mains d'un meilleur maître» (p.79).

La dramatisation de son existence le met en scène comme un être ballotté par toutes sortes d'interventions surnaturelles : la force du destin entraîne une chute chaque fois que Jean-Jacques croit atteindre enfin le bonheur et la stabilité.

~ Ill -l' ALIBI DU DESTIN Fatalité et innocence Déçu dans ses aspirations, accablé par les événements, Rousseau abandonne volontiers l'explication de sa vie à l'injustice et à la toute-puissance du sort.

S'il entreprend d'écrire ses Confessions c'est, dit-il dans le Livre VII, parce qu'il a été « forcé de parler malgré lui ».

La toute-puissance de cette fatalité permet à Rous­ seau d'échapper à ses responsabilités : puisqu'il n'est pas le maître de ses actes, personne ne peut lui tenir rigueur de ses fautes.« L'alibi du destin[ ...

] il l'invo­ quera tout au long des Confessions, observe Jean Starobinski; à mesure qu'il avan­ cera dans le récit de sa vie, il se montrera toujours plus disposé à nier qu'il ait pu être lui-même, fût-ce partiellement, l'auteur de ses malheurs.

» Fatalité et responsabilité Rousseau est pourtant parfois capable de porter un jugement critique sur son comportement et de dresser son propre procès.

Il sait alors reconnaître la faiblesse qui le conduit à s'incliner, pour éviter tout conflit avec lui-même, devant la fata­ lité du destin.

À l'hospice des catéchumènes de Turin, il s'en veut à l'idée d'abjurer sa religion : «Plus j'y pensais, plus je m'indignais contre moi-même; et je gémissais du sort qui m'avait amené là, comme si ce sort n'avait pas été mon ouvrage» (p.100).

Jean-Jacques est donc parfaitement conscient de sa responsabi­ lité et de la solution trop facile consistant à imputer son comportement au destin.

Cette sévérité lucide le conduit à avouer plus loin que son choix était fait, quels qu'aient été ses remords.

Conclusion : On peut être surpris de voir Rousseau accuser si souvent sa «mauvaise étoile » et la fatalité de ses malheurs et de ses fautes, alors qu'il reproche à ses anciens amis philosophes de réduire le comportement à un automatisme.

Pour l'auteur des Confessions, ce ne sont pas les faits qui importent, mais la sincérité et la pureté des sentiments et des intentions.. »

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