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Lecture méthodique de l’acte I, scène 4, p. 42-43 d'Electre de Jean Giraudoux

Publié le 06/01/2020

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Lecture méthodique

 

Électre. - Oui, je connais votre complot.

 

Clytemnestre. - Quel complot ! Est-ce de vouloir marier une fille de vingt et un ans ? À ton âge, je vous portais déjà tous les deux dans mes bras, toi et Oreste.

 

Électre. - Tu nous portais mal. Tu as laissé tomber Oreste sur le marbre.

 

Clytemnestre. - Que pouvais-je faire? Tu l’avais poussé. Electre. - C’est faux ! Je n’ai pas poussé Oreste !

 

Clytemnestre. - Mais qu’en peux-tu savoir ! Tu avais quinze mois.

 

Électre. - Je n’ai pas poussé Oreste ! D’au-delà de toute mémoire, je me le rappelle. Ô Oreste, où que tu sois, entends-moi ! Je ne t’ai poussé !

 

Égisthe. — Cela va, Électre.

 

Le mendiant. - Cette fois, elles y sont. Ce serait curieux que la petite se déclare juste devant nous.

 

Électre. - Elle ment, Oreste, elle ment !

 

Égisthe. - Je t’en prie, Électre.

 

Clytemnestre. - Elle l’a poussé. Elle ne savait pas évidemment ce qu’elle faisait, à son âge. Mais elle l’a poussé.

 

Électre. - De toutes mes forces je l’ai retenu. Par sa petite tunique bleue. Par son bras. Par le bout de ses doigts. Par son sillage. Par son ombre. Je sanglotais en le voyant à terre, sa marque rouge au front !

 

Clytemnestre. - Tu riais à gorge déployée. La tunique, entre nous, était mauve.

 

Électre. - Elle était bleue. Je la connais, la tunique d’Oreste. Quand on la séchait, on ne la voyait pas sur le ciel.

 

Égisthe. - Vais-je pouvoir parler ! N’avez-vous pas eu le temps, depuis vingt ans, de liquider ce débat entre vous ?

 

Électre. -Depuis vingt ans, je cherchais l’occasion. Je l’ai.

Clyibmnestre. - Comment n’arrivera-t-elle pas à comprendre que même de bonne foi, elle peut avoir tort?

 

Le mendiant. - Elles sont de bonne foi toutes deux. C’est ça 35 la vérité.

 

Extrait de l’acte I, scène 4, p. 42-43.

Électre et Clytemnestre viennent d'entrer en scène. Elles s'affrontent aussitôt en une dispute dont chaque mot est une perfidie calculée. Égisthe finit par reprendre la parole. C'est pour confirmer à Électre, dont l'air perpétuellement absent l'inquiète, sa décision de la marier ce soir même au jardinier. Il ne juge ni sain ni normal qu'une fille se dise la « veuve » de son père. Le mariage est à ses yeux le seul remède approprié. Pour Électre, il s’agit tout simplement d'un « complot ».

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« Cr..

YIEMNESTRE.

-Comment n' anivera-t-elle pas à comprendre que même de bonne foi, elle peut avoir tort? LE MENDIANT.

-Elles sont de bonne foi toutes deux.

C'est ça 35 la vérité.

Extrait de l'acte I, scène 4, p.

42-43.

--· INTRODUCTION Situation du passage Électre et Clytemnestre viennent d'entrer en scène.

Elles s'affrontent aussitôt en une dispute dont chaque mot est une perfidie calculée.

Égisthe finit par reprendre la parole.

C'est pour confirmer à Électre, dont l'air perpétuellement absent l'inquiète, sa décision de la marier ce soir même au jardinier.

Il ne juge ni sain ni normal qu'une fille se dise la « veuve » de son père.

Le mariage est à ses yeux le seul remède approprié.

Pour Électre, il s'agit tout simplement d'un« complot».

Justification des axes d'étude C'est le premier dialogue entre la mère et la fille auquel le spec­ tateur assiste depuis le début de la pièce : il se transforme sur­ ie-champ en une scène de confrontation, d'autant plus délicate à interpréter que ses enjeux sont masqués.

Chacune des deux femmes oppose en effet sa vérité à celle de l'autre, sans rien céder sur ses convictions.

Qui donc croire? --·UNE SCÈNE DE CONFRONTATION L'intensité dramatique du passage provient de la généralisa­ tion progressive du conflit.

Une triple querelle dresse les per­ sonnages les uns contre les autres, et elle est particulièrement violente.. »

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