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Lecture méthodique de l’acte II, scène 9, p. 129-130 d'Electre de Jean Giraudoux

Publié le 06/01/2020

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Le mendiant. - Alors voici la fin. La femme Narsès et les mendiants délièrent Oreste. Il se précipita à travers la cour. Il ne toucha même pas, il n’embrassa même pas Électre. H a eu tort. H ne la touchera jamais plus. Et il atteignit les assassins comme ils parlementaient avec l’émeute, de la niche en marbre. Et comme Égisthe penché disait aux meneurs que tout allait bien, et que tout désormais irait bien, il entendit crier dans son dos une bête qu’on saignait. Et ce n’était pas une bête qui criait, c’était Clytemnestre. Mais on la saignait. Son fils la saignait. Il avait frappé au hasard sur le couple, en fermant les yeux. Mais tout est sensible et mortel dans une mère, même indigne. Et elle n’appelait ni Électre, ni Oreste mais sa dernière fille Chrysothémis, si bien qu’Oreste avait l’impression que c’était une autre mère, une mère innocente qu’il tuait. Et elle se cramponnait au bras droit d’Égisthe. Elle avait raison, c’était sa seule chance désormais dans la vie de se tenir un peu debout. Mais elle empêchait Égisthe de dégainer. H la secouait pour reprendre son bras, rien à faire. Et elle était trop lourde aussi pour servir de bouclier. Et il y avait encore cet oiseau qui le giflait de ses ailes et l’attaquait du bec. Alors il lutta. Du seul bras gauche sans armes, une reine morte au bras droit avec colliers et pendentifs, désespéré de mourir en criminel quand tout de lui était devenu pur et sacré, de combattre pour un crime qui n’était plus le sien et, dans tant de loyauté et d’innocence, de se trouver l’infâme en face de ce parricide, il lutta de sa main que l’épée découpait peu à peu, mais le lacet de sa cuirasse se prit dans une agrafe de Clytemnestre, et elle s’ouvrit. Alors il ne résista plus, il secouait seulement son bras droit, et l’on sentait que s’il voulait maintenant se débarrasser de la reine, ce n’était plus pour combattre seul, mais pour mourir seul, pour être couché dans la mort loin de Clytemnestre. Et il n’y est pas parvenu. Et il y a pour l’éternité un couple Clytemnestœ-Égisthe. Mais il est mort 35 en criant un nom que je ne dirai pas.

 

La voix d’Égisthe, au-dehors. - Électre !...

 

Le mendiant. - J’ai raconté trop vite. Il me rattrape.

 

Extrait de l’acte II, scène 9, p. 129-130.

Oreste s'est précipité dans le palais pour tuer Clytemnestre et Égisthe. Juste auparavant, il a demandé au mendiant de faire à la foule assemblée le récit de leur mort. Celui-ci a fait attendre son auditoire pour qu'Oreste ait le temps de parvenir jusqu'aux meurtriers d'Agamemnon. La femme Narsès tente de calmer l'impatience d'Électre. N'a-t-on pas crié? « Alors voici la fin » (l.1 ). Le mendiant relate l'assassinat de Clytemnestre et d’Égisthe par Oreste.

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« loin de Clytemnestre.

Et il n'y est pas paivenu.

Et il y a pour l'éternité un couple Clytemnestre-Égisthe.

Mais il est mort 35 en criant un nom que je ne dirai pas.

LA VOIX o'ÉGISTHE, au-dehors.

-Électre!...

LE MEJ\'DIANT.

-J'ai raconté trop vite.

Il me rattrape.

Extrait de l'acte II, scène 9, p.

129-130.

--· INTRODUCTION Situation du passage Orestes' est précipité dans le palais pour tuer Clytemnestre et Égisthe.

Juste auparavant, il a demandé au mendiant de faire à la foule assemblée le récit de leur mort.

Celui-ci a fait attendre son auditoire pour qu'Oreste ait le temps de parvenir jusqu'aux meurtriers d'Agamemnon.

La femme Narsès tente de calmer l'impatience d'Électre.

N'a-t-on pas crié?« Alors voici la fin» (1.

1 ).

Le mendiant relate l'assassinat de Clytemnestre et d'Égisthe par Oreste.

Justification des axes d'étude Par son contenu même, le récit est horrible.

Dans sa forme, il invite à s'interroger sur l'utilisation que peut faire un auteur moderne d'une histoire ancienne.

Jean Giraudoux se sert en effet du recul des siècles pour jouer sur le temps et en tirer des effets tragiques.

UN RÉCIT HORRIBLE Le mendiant raconte deux meurtres : celui de Clytemnestre, qui est pathétique 1 et celui d'Égisthe, qui est tragique 2• 1.

Est pathétique ce qui crée une émotion douloureuse.

2.

Est tragique ce qui, dans une situation grave, soulève des problèmes moraux souvent insolubles.. »

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