L'élégance et la cruauté dans la tragédie de Racine

« revient, et parce qu'il en sait le torturant pouvoir, iI retourne la menace comme tin fer dans le coeur de la mere eploree Le fils me repondra des ref us de la mere......Allons aux Grecs livrer le fils d'Hector! Le barbare! Dans son effrayant despotisme, it accule Andromaque au de- sespoir; mais que lui importe? Que lui importent aussi les cris d'Hermione delaissee, humiliee, suffoquee de larmes? Quand it vent rompre, it in congedie avec un tranquille cynisme, et toujours en des termes d'une parfaite elegance : Nos cceurs n'etaient point faits dependants run de l'autre.Rien ne vous engageait a m'aimer en effet. Alors la passion meprisee se releve audacieuse; Hermione recourt an crime et Pyrrhus succombe dans la catastrophe finale ou le « tendre Ra- cine s accumule les cadavres. Oreste semble, lui aussi, tin habitué des aristocratiques ruelles.

S'il rai- sonne avec Pylade de son amour pour Hermione, la phraseologie passion-. nelle la plus raffinee estraise a contribution (I,1); s'il presente Pyrrhus ses lettres de creance, c'est comme le ferait un ambassadeur depute a Versailles par Charles II ou Leopold (I, 2); s'il vient soupirer aupres d'Hermione, c'est comme un milancolique byronien de haute naissance (II, 2).

Attendez : cet elegant, cet amoureux transi est aussi un assassin qui viole contre Pyrrhus Unites les lois de l'hospitalite; it jure que son Mite ne mourra que de la main d'Oreste... Kerne contraste dans la conduite d'Agamemnon.

Solennel roi des rois dans 'ses rapports avec Areas et Achille, majestueux et quasi olympien avec Clytemnestre et sa fine, c'est Louis XIV dans l'impeccable poWesse du role.

Mais combien est cruelle son egoiste soumission a l'oracle de Calchas! Iphi- genie mourra : Ma gloire interessee emporte la balance; et ce pere, d'ailleurs profondement bouleverse, ne vent pas meme que l'inno- cente victime pleure sa destinee Montrez en expirant de qui vous 'Res nee. Clytemnestre le juge bien ; Vous etes de la race d'Atree et de Thyeste; et Ulysse le connait aussi, qui lui adresse ces paroles effrayantes : ...Vous devez votre fine it la Grece. Le seal Agamemnon, refusant la victoire, N'ose d'un pea de sang acheter tant de gloire? Un pea de sang! Mais pour Agamemnon, c'est sa fine, sa joie, tout lui- meme! et it va dompter son cceur en revolte pour tout immoler a son immense et despotique orgueil.

N'ont-ils done run et l'autre, ces deux peres, que des tendresses feintes, pour faire si bon marche de la vie d'une enfant? Neron, ce sinistre histrion, est aussi un artiste en hien dire.Il y a un courtisan francais, un diplomate Bien eleve, un homme du monde chez ce seelerat.

Taine l'a finement remarque :. »