Devoir de Philosophie

les bonnes, Jean Genet

Publié le 10/03/2016

Extrait du document

genet
Stéphane Bayard Lettres classiques Les Bonnes de Jean Genet Introduction Les Bonnes est une pièce en un acte de Jean Genet, issue d’un théâtre de la distanciation, elle est écrite en 1947, et se verra rééditée en 1968 dans sa version définitive. Elle est inspirée d'un fait divers, le crime des sœurs Papin en 1933. Au début de la pièce, nous avons deux femmes, Solange et Claire qui s'affrontent : Solange semble être une domestique et appelle Claire « Madame». Les didascalies permettent assez rapidement de comprendre que nous assistons à un « jeu ». L’extrait étudié se situe ici dans le dernier temps de la pièce, juste après la tentative échouée de l'assassinat de Madame, qui ignorante du danger qui la menace part rejoindre son amant. Ce passage peut être vu comme le dénouement métaphorique de cette pièce. Solange tue Claire-Madame dans une projection imaginaire ou plutôt dans une cérémonie théâtralisée du meurtre. Elle a ensuite la vision de sa condamnation et de son exécution. Le meurtre réel de Claire, qui se produit dans la continuité de cette scène fantasmée, renforce de fait l’effet de réalisme du véritable dénouement. Ce monologue est ainsi l’expression d’un paroxysme qui confronte Solange à Madame et se réalise dans un flot de paroles qui confirme la progression de la folie meurtrière des deux bonnes. L’extrait questionne également l’identité des personnages et la fonction cathartique du théâtre. Quelles sont les étapes de ce monologue, inscrites dans l’imagination de Solange et comment Solange parvient-elle à faire fusionner le réel et l’imaginaire dans son exaltation ?  Le texte se compose de quatre mouvements : Le premier mouvement commence à «Cela, ma petite (…)» et se termine par «Elle va sortir »). Solange annonce qu’elle va se mettre en scène comme une criminelle à la suite du meurtre métaphorique de Claire-Madame. Le second mouvement du texte va de « Solange se dirige (…) » à « (…) je vais mourir ». Nous avons là une véritable mise en abyme dans la mesure où le personnage devient lui-même metteur en scène, Solange réalise en paroles une cérémonie fantasmée qui la conduit à son exécution, on assiste alors à une fusion du réel et de l’imaginaire. Le troisième mouvement commence à « Que de fleurs ! » et se clôture à la fin de la didascalie par l’expression «(…) écoute sa sœur ». Il se définit comme étant un retour au réel. Le quatrième et dernier mouvement débute par « Maintenant » pour se terminer avec le mot « criminelle ». On assiste alors à la proclamation d’une nouvelle identité. Dans le premier mouvement qui va de « cela, ma petite » à « rideaux », nous pouvons voir que Solange annonce qu’elle s’apprête à se mettre en scène comme une criminelle à la suite du meurtre fantasmatique de Madame. « Cela, ma petite, c’est notre nuit à nous ! ». -Le démonstratif « cela » n’a pas d’antécédent, il ne repose donc sur rien. résume l’action accomplie précédemment à savoir le meurtre fantasmatique de leur patronne. -ma petite, Solange apostrophe sa sœur de manière affectueuse par l’utilisation de l’adjectif « petite » au féminin pour lui faire prendre conscience du champ d’action qui s’offre à elles. -notre nuit, à nous. Elle crée une circularité autour de la nuit par l’utilisation du pronom possessif « notre » et le pronom personnel « nous » qui sont des polyptotes, cela pour but de mettre en valeur la nuit, voire même de la sacraliser. Elle est un espace-temps vierge de tous les possibles. Les bonnes elles-mêmes sont des personnages de la nuit, elles se l’approprient à la manière d’un territoire, cela nous est aussi par la présence du pronom possessif « nôtre » et du pronom personnel « nous ». Le nous est un nous indiquant un pluriel de majesté.. -le verbe être, qui est au présent de l’indicatif se veut comme étant un présent de présent de vérité générale visant à renforcer encore une fois l’importance de cette dimension nocturne pour les bonnes et cela préfigure déjà de ce qu’il va se jouer ensuite à savoir la mise en scène d’une cérémonie fantasmée. Phrase exclamative qui témoigne permet peut-être aussi d’indiquer l’état euphorique dans lequel se trouve Solange suite au meurtre rêvé de madame. En effet, Solange porte tellement une haine sans limite po...

genet

« -ma petite, Solange apostrophe sa sœur de manière affectueuse par l’utilisation de l’adjectif « petite » au féminin pour lui faire prendre conscience du champ d’action qui s’offre à elles. -notre nuit, à nous.

Elle crée une circularité autour de la nuit par l’utilisation du pronom possessif « notre » et le pronom personnel « nous » qui sont des polyptotes, cela pour but de mettre en valeur la nuit, voire même de la sacraliser.

Elle est un espace-temps vierge de tous les possibles.

Les bonnes elles-mêmes sont des personnages de la nuit, elles se l’approprient à la manière d’un territoire, cela nous est aussi par la présence du pronom possessif « nôtre » et du pronom personnel « nous ».

Le nous est un nous indiquant un pluriel de majesté..

-le verbe être, qui est au présent de l’indicatif se veut comme étant un présent de présent de vérité générale visant à renforcer encore une fois l’importance de cette dimension nocturne pour les bonnes et cela préfigure déjà de ce qu’il va se jouer ensuite à savoir la mise en scène d’une cérémonie fantasmée.

Phrase exclamative qui témoigne permet peut-être aussi d’indiquer l’état euphorique dans lequel se trouve Solange suite au meurtre rêvé de madame.

En effet, Solange porte tellement une haine sans limite pour sa patronne et est tellement frustrée de ne pas avoir réussi à l'assassiner que l’idée même de sa mort lui donne un sentiment de satisfaction immense.

(Elle allume une cigarette et fume d’une façon maladroite.

La fumée la fait tousser).

Cette première didascalie montre que Solange par l’utilisation de la « cigarette » qui est plus qu’un objet, échappe à son statut de domestique pour acquérir une autre dimension et un autre statut, celui de Madame peut-être, qui n’est pas en encore totalement maîtrisée comme nous pouvons le constater par le complément circonstancielle de manière « d’une façon maladroite » et le verbe à l’infinitif « tousser » qui montre que cette pratique ne fait encore pas partie totalement d’elle.

Elle est donc en train de rentrer dans son personnage, de s’en imprégner.

Il y a ainsi une véritable préparation comme le ferait un comédien répétant pour parvenir à maîtriser son rôle.

« Ni vous ni personne ne saurez rien, sauf que cette fois Solange est allée jusqu’au bout.

Vous la voyez vêtue de rouge.

Elle va sortir.

» - Solange ici s’adresse à un inspecteur de police, un personnage imaginaire ce qui témoigne de l’état de démence dans lequel elle se trouve.

On a la répétition de « ni vous ni personne ne saurez rien » c’est comme si elle subissait un interrogatoire.

On peut donc envisager le désir de Solange de garder ce meurtre secret, comme si c’était quelque chose de précieux voire même d'intime. -saurez : verbe au futur, futur à valeur de passé, montre que l’action s’est déjà produite.

-la locution« sauf que cette fois », fait écho aux précédentes tentatives qui ont échouées dans l’assassinat de madame, et qui ont donc conduit à cette projection fantasmagorique.

Elle nous indique que le meurtre a été accompli, cela nous est d’ailleurs prouvé par le verbe aller, qui est ici au passé composé de l’indicatif et présente un aspect accompli, l’expression « jusqu’au bout » tend à nous montrer là encore la réalisation complète de cet acte irrémédiable.

-elle termine aussi sa tirade en parlant d'elle à la troisième personne, une marque emphatique par rapport au jeu qui lui permet d’être regardé et exposé, elle annonce sa sortie, une sortie qui est choisie et non imposée avec beaucoup de dramatisation : « cette fois Solange est allée jusqu'au bout.

Vous la voyez vêtue de rouge.

Elle va sortir » -Le « vous » peut s’adresser aux personnages imaginaires qui l’entourent.

Nous pouvons peut-être aussi le considérer comme une adresse aux spectateurs qui sont dans la salle.

Ce « vous la voyez vêtue de rouge » renvoie à une Solange qui serait commentatrice de son action fantasmée à la manière d’un chœur dans la tragédie grecque. -L’emploi de l’article défini féminin « la », témoigne que Solange parle encore d’elle à la troisième personne.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles