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Les bonnes jean genet monologue de solange

Publié le 13/06/2014

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SALDIVAR Ivonne Ce long monologue de l'oeuvre les bonnes de Jean Genet est le dénouement rêvé des deux domestiques après avoir échoué le vrai meurtre de Madame. Ici, Solange imagine qu'elle tu Claire-Madame et en conséquence elle vit métaphoriquement son enterrement. Ce monologue, par son style, est donc une mise en abyme et représente pour Solange une libération souhaitée depuis longtemps. Quel est alors l'intérêt de ce monologue ? Pour répondre à cette question nous analyserons la mise en abyme et ensuite les formes que prend la délivrance dans le personnage de Solange. Au début, Solange imagine le meurtre de Madame (qui en réalité est Claire) et ensuite c'est Claire qui est l'assassinée. C'est grâce à ce crime qu'elle parvient à revendiquer sa propre identité devant Madame et Monsieur « Madame peut m'appeler Mademoiselle Solange », «Madame et Monsieur m'appelleront Mademoiselle Solange Lemercier », Solange se sent au même niveau que Madame et des fois encore supérieure, elle la critique « c'est grotesque » et elle l'imite cyniquement « Elle imite la voix de Madame » (didascalie) pour répliquer enfin qu'elle est « l'égale de Madame ». Cette phrase se trouvant encore une fois dans le monologue, dirigée à l'inspecteur. Solange, imaginant toujours, parle dans sa folie à différents personnages successivement : à l'inspecteur, à Monsieur, à Madame, et à nouveau à l'inspecteur et revendique à chaque fois son statut de criminelle, elle n'est plus inconnue du monde mais une célébrit&e...
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« Les didascalies dans cet extrait jouent en rôle important du fait qu’elles nous laissent imaginer les gestes de Solange.

On constate donc qu’elle ne distingue plus entre sa réalité et son rôle de criminelle, elle confond sa sœur qui est terrifiée par son attitude avec Madame : « Elle pousse Claire qui reste accroupie dans un coin » puis elle donne la parole à Madame Elle imite la voix de Madame pour ensuite rire cyniquement « Elle rit » après avoir parlé avec ses personnages imaginaires « Elle allume une cigarette et fume d'une façon maladroite.

La fumée la fait tousser », on pourrait donc penser que Solange se sent importante, que le fait de fumer la rend encore plus intéressant or, elle n’aboutit pas.

Finalement la didascalie plus importante « Solange se dirige vers la fenêtre, l'ouvre et monte sur le balcon.

Elle dira, le dos au public, face à la nuit, la tirade qui suit.

Un vent léger fait bouger les rideaux » C’est à ce moment que Solange se sent libérée (le balcon symbolise sa liberté), elle peut se montrer en public pour que tout le monde la reconnaisse, elle est face à la nuit et non pas dans la chambre fermée, elle sent le vent frappant son visage, ce décor est le plus adéquate pour la théâtralisation qui suit. Dans la tirade qui suit Solange imagine toute une mise en scène avec des personnages, en général, de même statut social qu’elle et sa sœur « les pénitents noirs », « Le bourreau », « toutes les bonnes du quartier », « tous les domestiques », « maîtres d’hôtel, en frac, sans revers de soie», « les valets de pied », « les laquais en culotte courte et bas blancs », «les femmes de chambre », « les concierges » qu’on imagine très clairement par l’anaphore « Viennent » et par la description de leurs habits.

On imagine aussi tout le décor « On porte des couronnes, des fleurs, des oriflammes, des banderoles », les sons « on sonne le glas.» Solange est confrontée donc à un rêve cérémoniel qui semble être très réel… En effet ces paroles la mènent à une confusion totale. Cette confusion est marquée aussi par l’utilisation de la troisième personne dans sa tirade mais son exaltation interrompt son récit pour interpeller Claire et rire, en utilisant la première personne du singulier « le bourreau m’accompagne Claire ! Le bourreau m’accompagne » et à la fin lorsqu’elle voit dans son célèbre enterrement sa mort.

« Et je les conduis.

Le bourreau me berce.

On m'acclame.

Je suis pâle et je vais mourir.

Elle rentre.

» De même, la confusion des époques, faisant notamment allusion au Moyen Age, « les pénitents noirs» ou à l’Ancien Régime, « les laquais en culotte courte et bas blancs » permet au personnage d’échapper à la réalité pour s’accrocher à une théâtralisation qui renforce l’impression d’échec faisant face à la réalité de Solange. En conclusion, ce monologue n’est qu’une mise en abyme où le personnage de Solange loin de délibérer comme serait le cas du monologue classique se rend à la folie et grâce à sa propre mise en scène où elle est le metteur en scène, elle se réconforte et se libère : elle acquiert un statut de criminel et paradoxalement sa liberté.

L’auteur nous laisse réfléchir la question de la rationalité de l’homme et de l’esprit en faisant de son théâtre un absurde.. »

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