Les Liaisons dangereuses : Quelle est la visée de l'œuvre ?
Publié le 06/12/2019
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■ Pour que la « leçon » soit marquante, Laclos a choisi de dresser un tableau très négatif de la société. Le monde de la haute aristocratie parisienne qu’il dépeint - en s’abritant derrière l’artifice du décalage temporel puisque l’action se situe une soixantaine d’années avant l’écriture du roman - est livré au pouvoir des libertins, des «roués», qui sous le masque de l’hypocrisie s’adonnent cyniquement aux plaisirs de la séduction, de la débauche, de la corruption et de la cruauté. Les figures de Valmont et de la marquise
«
de
Merteuil qui dominent le roman sont complétées par celles, tout aussi
représentatives, de Prévan, de la vicomtesse de M.
et son amant Vressac,
et du comte de Gercourt, ancien amant de la marquise, auxquels on peut
ajouter Danceny, libertin« en herbe>> .
• Séduction, mensonge, tromperie, abandon, humiliation caractérisent
les liaisons entretenues par ces personnages, et qui n'ont d'intérêt que
dans le mélange du plaisir et du danger qu'elles offrent.
Valmont présente
d'ailleurs cela ou comme une guerre ou comme un jeu (71) : «Je suis bien
aise d'ailleurs de vous faire voir que si j'ai le talent de perdre les femmes, je
n'ai pas moins, quand je veux, celui de les sauver.
Le parti le plus difficile,
ou le plus gai, est toujours celui que je prends; et je ne me reproche pas une
bonne action, pourvu qu'elle m'exerce ou m'amuse.>>
• Le mariage, tel qu'il est pratiqué, contribue à la dissolution des mœurs :
d'ailleurs aucun mari« en activité» n'est présent dans le roman.
Le mariage
de Cécile et du comte de Gercourt est un mariage arrangé, que la marquise
explique dans la lettre 2; la marquise est veuve et elle raconte l'histoire
de son mariage dans la lettre 81; le mari de la présidente de Tourvel est
absent, retenu pour longtemps en province; on ne sait rien du mari de
M me de Volanges, ni de celui de Mme de Rosemonde; enfin, ni Danceny, ni
Valmont ne sont mariéS\L es
relations entre hommes et femmes qui fondent
la société mondaine so
ryt dénuées
d'amour, de confiance ou de respect.
Il
s'agit au contraire pol_lvl'homme de mentir, de conquérir et de déshonorer
pour accroître sa réputation de séducteur, et pour la femme de se livrer
secrètement aux plaisirs en évitant d'être publiquement déshonorée.
IJ Un roman moral
• Pour achever la leçon, il faut que le sort des libertins et de leurs victimes
soit voué au châtiment, ce qui est le cas pour Valmont, tué en duel, pour la
marquise de Merteuil, défigurée, ruinée et déshonorée, pour la présidente
de Tourvel morte de désespoir, pour Cécile, enfermée au couvent, et pour
Danceny exilé à Malte.
Le mal que ces personnages incarnent, pour l'avoir
exercé ou pour l'avoir subi, est l'objet d'une punition sociale et physique,
et on ne sait laquelle est la pire, du déshonneur ou de la mort.
• Ainsi Laclos, en réservant un destin tragique à ses personnages, contre
balance les triomphes dont ils se vantent dans leurs lettres et rend à son
roman la moralité qui en était absente durant l'intrigue.
Une fois les trom
peurs trompés et les méchants punis, la visée morale du roman trouve sa
légitimité, quoiqu'on en ait dit dès la fin du xvrn e siècle, comme le pressen
tait Laclos à la fin de sa préface du rédacteur..
»
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