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Les Sermons de Bossuet

Publié le 13/02/2012

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bossuet

Pourquoi ont-ils été, au XIXe siècle, l'objet de si persévérantes études ? Que nous font-ils connaitre sur le génie, sur l'Ame du grand orateur ?

Le temps n'est plus où, sur la foi du xviiie siècle, Bossuet était déclaré inférieur à lui-même dans les Sermons. La critique contemporaine s'est honorée par ses patients travaux sur cette partie de l'oeuvre du grand évêque et, quelque invraisemblable que puisse paraître l'expression, elle a comme inventé, mis au jour Bossuet sermonnaire....

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« cinquante années de la vie pastorale· du grand homme, ils nous font assister au développement de sa méthode toute apostolique, comme au progrès de la langue et du style, si l'on peut parler de style dans cette éloquence si dédai­ gneuse des procédés; et l' «inégalité» relative de ces discours devient un titre de plus à l'attention de la critique.

Du panégyrique de saint Gorgon (1649) aux grandes stations de Saint-Germain et du Louvre, le génie de Bos­ suet atteint peu à peu la perfection par le travail.

Dans les sermons dits de la première manière, la clarté de l'exposition est parfois comme offusquée par l'abondance des réminiscences théologiques et des citations : l'écolier de Navarre se souvient.

La parole est militante, passionnée, peu mesurée même et «peu pitoyable» à la nature humaine; mais quelle ardeur.! quel enthousiasme de conviction! Selon le mot de Chateaubriand, c'est «l'écume au mors du jeune coursier »; pour employer une comparaison de Bossuet, cette sève de jeunesse fait songer au vin généreux et nouveau qui n'a qu'à vieillir pour devenir excellent.

Quand les méditations de la retraite de Metz, -ce long tête-à-tête avec les Pères - auront opéré, chez le jeune docteur, l'assimilation de connaissances jusque-là trop « livresques »; quand l'expériènce du confessionnal et de la polémique l'aura initié aux misères morales et aux subtilités sophistiques des passions, sa marche sera plus libre et plus calme, moins asservie à l'ordonnance scolastique des preuves; il ira droit au but avec une aisance faite de grandeur simple et de sérénité dans le sublime.

Dans les Sermons de Metz, l'expression, presque latine, est un peu raide; les images sont trop voyantes; mais à travers ces audaces d'un esprit juvé­ nile, et qui ont leur charme, se montre parfois comme le premier crayon de tableaux auxquels l'orateur reviendra, aux jours de sa maturité, avec une force plus discrète et plus sûre de soi.

Les discours des stations des Carmé­ lites, de Saint-Germain et du Louvre sont d'une éloquence grave, intense; le nombre y est d'une abondance, d'une plénitude qu'on n'a jamais dépassée; les images s'y montrent sobr·es, saisissantes et sans faux éclat.

Tantôt les phrases se développent avec ampleur ou se concentrent en une concision vigoureuse; tantôt, comme dans le sermon sur la Passion, elles s'animent de métaphores, éclatent en apostrophes et en exclamations qu'arrache à Bossuet le frisson de son âme en face du Crucifié.

Pour « faire parler Dieu avec efficacité», l'expression se diversifie selon les auditoires : plus austère devant le public de la rue Saint-Jacques, la diction se fait plus ornée devant le roi et la cour.

Comme saint Paul, Bossuet se fait «tout à tous pour les gagner tous » au Dieu qu'il annonce.

Toutefois, même dans les sermons d'apparat, il ne faut pas chercher le pittoresque, l'originalité que poursuit le talent spirituel, ni le fini laborieux où triomphe la médiocrité soigneuse.

Bossuet n'a que des expressions simples et franches; il a une si profonde connaissance de la langue et une si habile économie de ses richesses que, loin d'en regretter l'indigence -comme Fénelon ou La Bruyère - il n'éprouve pas le besoin de créer des mots nouveaux.

En même temps que la forme, le fond des Sermons"progresse, car en Bossuet, fond et forme sont indissolublement unis.

'Il serre, condense les idées; il argumente avec vigueur et éclat; la lumière est de plus en plus complète : l'Aigle monte et plane.

De ces sublimes sommets, dont il n'a pas le vertige, il contemple avec sérénité l'action de la Providence sur les évé­ nements du monde, et la misère de l'homme, qui lutte contre « l'incommen­ surable ennui » et ·cherche à échapper à lui-même par de puérils ou de coupables «divertissements».

C'est ainsi qu'il se rencontrç avec le Pascal des Pensees.

Comme Pascal, il sonde les plaies de notre nature; mieux. »

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