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Les sources de la Nouvelle Héloïse.

Publié le 28/04/2011

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     Les lectures. Ce sont bien ces souvenirs vécus qui sont la source essentielle du roman. La Nouvelle Héloïse est une confession et un rêve ; elle est l'expression d'une vie intérieure ardente et non pas l'œuvre calculée d'un homme de lettres. Il serait donc vain d'en chercher les sources prévues hors de l'âme même de l'auteur. Rousseau pourtant avait beaucoup lu ; il lisait même avec application et méthode. D'autre part il avait fini par concevoir son roman non comme un drame d'amour mais comme un bréviaire de sagesse. Et il s'était proposé de mettre dans ce bréviaire des conseils non pas seulement sur la passion, le mariage et l'économie domestique et rurale mais sur tous les problèmes qu'il jugeait essentiels. Ces problèmes, des livres les avaient déjà discutés. Rousseau avait lu ces livres. On s'aperçoit souvent qu'il s'en souvient.

« contemporains.

Un livre n'est qu'un livre ; on le ferme et, souvent, il n'est plus.

Mais les goûts et les modess'imposent ; ils nous assiègent.

Plus que tout autre Rousseau était sensible à ces obsessions.

Et son roman est népour une part de ses sympathies et de ses révoltes. Il n'aurait jamais été écrit s'il n'avait pas fui la vie mondaine, s'il n'avait pas cherché à l'Ermitage la solitude, larêverie.

L'Héloïse sera donc, dans son dernier dessein, une leçon de vie rustique, le procès de ceux qui vivent pourles mensonges et les corruptions des salons, la consolation des sages qui n'ont pas quitté leur maison des champsou qui y sont retournés.

Saint-Preux qui est campagnard, Suisse, qui donc n'est pas corrompu, est chargé de visiterParis, du moins les mondains de Paris et de les juger.

Rousseau pouvait assurément le faire à lui tout seul.

Mais il setrouve que l'on commence très clairement à détester le monde, vers 1750, et à dénoncer la sottise de ses usages,la perversité de ses élégances.

Par douzaines, les auteurs dramatiques, les romanciers, les libellistes, les journalistesse moquent du « bel esprit », « du persiflage », des « petits-maîtres ».

Ces rois des salons sont tenus pour despitres : « les petits-maîtres peuvent être utiles comme ces esclaves de Sparte qu'on enivrait pour inspirer auxenfants l'horreur de l'ivrognerie ».

D'ailleurs ce ne sont pas seulement des « frivolités », ce sont eux qui ontcorrompu la France.

Ils ont mis à la mode la débauche et l'adultère.

Us ont dénoncé l'amour conjugal comme unpréjugé et un ridicule.

Ils ont décidé qu'il était du bon ton qu'un mari et une femme n'eussent rien de commun, quele soin d'avoir quelques héritiers du nom.

Ce bon ton-là commence, vers 1740, à soulever des railleries, puis descolères.

Des défenseurs s'arment avant Rousseau, pour venger la morale et la famille. On ne saurait d'ailleurs se guérir tant qu'on respire l'atmosphère du monde.

La sagesse, le secret de la vertu et dubonheur, c'est de fuir les salons et même les villes ; c'est de revenir à la vie rustique.

On a fait ce procès de la viemondaine et cet éloge du bonheur des campagnes bien avant Saint-Preux.

Un vaste mouvement d'opinion tente, àpartir de 1750, de restituer à la France sa prospérité en ramenant les riches vers leurs domaines, en sauvant lespaysans de la routine et de la misère.

On suit avec attention les expériences des « agriculteurs », de Duhamel duMonceau et de Tillet.

En 1754 et 1755, Louis XV, au petit Trianon, daigne s'y intéresser.

En deux années, 1760 et1761, il paraît une cinquantaine de traités et mémoires d'agriculture.

En 1757, le marquis de Mirabeau publie cet Amides hommes qui leur témoigne son amitié en démontrant qu'il ne saurait y avoir de richesse et de bonheur qu'enrenonçant aux joies criminelles du luxe et en revenant à la vie des gentilshommes campagnards.

Au début de 1760,en quelques mois, dix sociétés d'agriculture se fondent.

Et l'on crée le mot d'« agriculteur ». Avec la campagne, on commence même, comme Julie et Saint-Preux, à aimer la nature.

On ignore la Suisse et lamontagne ; et c'est la Nouvelle Héloïse qui les révélera.

Mais on goûte déjà le plaisir et parfois l'émotion de suivre unsentier rustique, de regarder fleurir le printemps ou le soir descendre, les paysages où les hommes « n'ont osédéranger les lois de la nature L'Elysée de Julie n'a rien appris d'essentiel aux contemporains.. »

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