L'homme qui rit
Publié le 06/10/2012
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Victor Hugo, L'Homme qui rit (1869) Introduction: Né à Besançon (Doubs), il devient poète, romancier, et dramaturge. En effet, Victor Hugo est un des plus grands de la littérature française. On reconnaît dans Victor Hugo, le fabuleux créateur du personnage de Quasimodo, cet être contrefait et généreux, désespérément attaché à la belle Esméralda. Cette fascination personnelle et romantique pour le mariage du laid et du beau, cet art de rendre les contrastes violents entre l’apparence et l’être dans Notre-Dame de Paris(1831) sont également à l’œuvre dans L’Homme qui rit. Réduit à l’état de monstre grimaçant par la méchanceté des hommes, Gwynplaine souffre lui aussi de sa difformité. Son rire irrésistible s’impose à la foule comme il s’impose à lui-même. Mais si son corps est une mécanique dévoyée, son âme est un tourbillon de sentiments. 1) Un rire irrésistible Le rire du héros s’impose à tous, à lui comme aux autres. Il s’impose à la foule "C’est en riant que Gwynplaine faisait rire." Cette phrase du texte sonne comme une évidence. En témoigne la répétition du verbe rire : le mot apparaît d’ailleurs une vingtaine de fois dans le texte, soit so...
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dans une phrase la mécanique du rire à celle du bâillement : "Deux convulsions de la bouche sont
communicatives : le rire et le bâillement" (lignes 8 et 9).
L'utilisation de "convulsion" dévalorise la portée du rire, qu'elle rend suspect.
Deux passages du texte vont
plus loin : le rire devient inquiétant, qui s'impose à tous au détriment de toute liberté de pensée : "Personne ne
se dérobait à ce rictus" (ligne 8) (rictus répété plusieurs fois), ou encore : "Tout ce qu'on avait dans l'esprit était
mis en déroute, et il fallait rire." L'utilisation du pronom indéfini "on" renforce ici l'universalité de cette
inquiétante réaction et désigne tout le monde ;
le recours à "déroute", quant à lui, dramatise l'effet mécanique produit sur la foule par le rire de Gwynplaine.
Nulle condamnation du rire de cette foule : elle aussi est victime de l'étrange mutilation du malheureux.
Mais ce rire, s'il s'impose aux spectateurs, n'est pas moins un fardeau pour celui qui le provoque.
Il s'impose à Gwynplaine
Car c'est contre son gré que cet être malheureux suscite l'hilarité.
C'est ce que révèlent les deux phrases
initiales qui, plus qu'une antithèse, constituent un véritable paradoxe matérialisé par l'adverbe "cependant",
paradoxe relayé par la phrase extrêmement condensée "Sa face riait, sa pensée non." >renforce la violence du
contraste.
Opposition: "s'il eût pleuré, il eût ri", Si le tragique est ce contre quoi on ne peut rien, alors le destin de
Gwynplaine est véritablement tragique : "toute sa physionomie aboutissait [à ce rictus] comme une roue se
concentre sur le moyeu " (lignes 11 et 12).
Que nous enseigne cette comparaison ? Elle nous renvoie à la
symbolique de la roue et de l'éternel retour et à la convergence fatale vers le centre.
Elle enferme Gwynplaine
dans son infirmité.
Ainsi enfermé dans son corps, le personnage de Gwynplaine - comme le faisait déjà Quasimodo
dans Notre-Dame de Paris - illustre pleinement le divorce entre le corps et l'âme du héros.
2) Un corps dissocié de l'âme
Hugo évoque "un rire automatique" (ligne 7), et c'est véritablement d'un rire d'automate qu'il s'agit.
Le visage de
Gwynplaine est à proprement parler un masque, comme celui que portaient les comédiens antiques, ou même.
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