Devoir de Philosophie

L'INTÉRÊT DE L'APPAREIL CRITIQUE

Publié le 14/08/2014

Extrait du document

Commentaire de la copie

1.     Lecture du sujet

 

Le problème posé est du même type que celui qui est traité dans les deux dissertations précédentes ; cependant, il concerne non pas la seule biographie, mais l'ensemble de ce qu'on appelle l'« appareil critique «, c'est-à-dire tout ce qui est ajouté au texte pour en préciser la connaissance et en faciliter la compréhension (informations sur le cadre historique, les conditions de rédaction, notes sur l'établissement du texte, jugements sur l'oeuvre, etc.). L'élève est donc invité à dire si cet appareil critique l'aide à goûter une oeuvre ou si au contraire il préfère rencontrer le texte nu. Et cela toujours à l'aide d'exemples empruntés à ses lectures.

Sujet :

Un nouveau livre de poche va voir le jour. Dans la série « Classiques «, annonce l'éditeur, « chaque volume sera enrichi d'une trentaine de pages de commentaires : biogra­phie de l'auteur, naissance de l'oeuvre, sa place dans l'histoire de la littérature, les jugements qu'elle a sus­cités... «.

Prendrez-vous connaissance de tous ces compléments ? Pensez-vous qu'ils puissent vous permettre de mieux comprendre l'oeuvre et d'en tirer un plaisir accru ou estimez-vous qu'ils risquent de faire écran entre l'oeuvre et vous ?

 

 

« 20 fondamentale : l'œuvre littéraire a-t-elle une existence auto­ nome? Je ne crois pas qu'il faille aborder un tableau de Rembrandt ou de Botticelli par ses commentaires.

Il est ici bien évident qu'il faut le découvrir, et c'est d'abord par une émotion d'ordre 25 plastique, c'est-à-dire directement liée à la facture du peintre, que l'on ressentira la profondeur de Rembrandt, qui est étroitement liée à sa facture picturale, ou le lyrisme de Botticelli, étroitement lié à sa facture linéaire.

Si le commentaire ici est utile, c'est pour éclairer par le jugement cette émotion, 30 c'est-à-dire pour la définir.

Aussi peut-on dire d'une œuvre d'art qu'avant tout elle «est,., comme on écrivait autrefois sur les frontons des temples des dieux qu'ils «étaient'"· De même il ne faut pas croire d'une œuvre littéraire qu'elle n'existe que par notre lecture ; elle a une existence autonome, elle existe, 35 extérieure à nous-mêmes.

Aussi la «naissance de l'ceuvre,.

ne nous intéresse-t-elle pas ici.

Comme on ne peut rendre compte d'une architecture par un dessin, on ne peut sans doute pas rendre compte d'un livre par des commentaires.

J'entends par là que, dans un roman par 40 exemple, le lecteur s'identifie au personnage principal ou au romancier par lequel est ressenti le monde extérieur, découvre la réalité à travers ses actions et ses sentiments, c'est-à-dire en mouvement, par des images apparentes et, comme l'on dirait si bien, en perspective, comme dans une cathédrale ou dans un 45 jardin qu'il faut découvrir en marchant au milieu des piliers ou des haies, de même un roman ne peut se découvrir qu'en mouvement, c'est-à-dire en suivant celui du personnage principal.

Aussi pourrait-on considérer un roman comme une architecture où chaque détail a son importance (ce que montre so bien chez Balzac ou chez Stendhal la description); on peut donc dire d'une œuvre littéraire ce que nous avons dit d'un monument ou d'un tableau, à savoir qu'elle est« avant tout,., et surtout qu'elle s'affirme par là, et que rien ne saurait la remplacer.

Et si l'on considère comme Brecht qu'un roman est ss «un tempérament vu à travers un coin de monde,., ce que démontre bien ce que nous disions plus haut, on peut se demander si la biographie de l'auteur ne viendrait pas ici fausser la démarche du roman, qui est de nous faire découvrir la réalité extérieure par un personnage, donc de nous faire découvrir une OA. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles