Littérature et politique
Publié le 09/01/2013
Extrait du document
«
Nous nous demanderons si l’on peut envisager de dépasser ce paradoxe et s’il est
concevable de trouver une position tenable entre les deux extrêmes.
Il s’agit alors d’analyser en
quoi la politique et la littérature se servent ou se desservent mutuellement.
Dans un premier
temps nous montrerons les liens existants entre la politique et la littérature afin d’aborder dans la
deuxième partie les risques que peut occasionner une mauvaise relation entre ces deux termes.
Enfin, nous verrons qu’il s’agit bien sûr de montrer que la littérature et la politique sont
complémentaires, il suffit simplement de les considérer dans leurs spécificités afin de leur éviter
tout danger.
C’est pour dire quelque chose que l’auteur écrit, c’est parce qu’il a quelque chose à dire
ou à exprimer.
Quelque chose l’anime de l’intérieur et il doit le faire remonter, l’expulser afin de le
communiquer à un récepteur.
Les écrits d’Elie Wiesel naissent d’un besoin de l’auteur de partager
l’expérience concentrationnaire de son vécu, pour se décharger mais aussi par devoir de montrer
la réalité.
Les éléments du réel inspirent le créateur et sont à l’origine de l’écriture qui ne vient pas
ex nihilo , de rien.
Là se trouve le moteur de l’écriture et donc de l’engagement.
L’écrivain se fait le
porte-parole, le témoin d’un évènement, d’un contexte et d’une époque.
Mais il est plus que cela,
il est aussi un regard critique sur le monde et la société.
En choisissant d’écrire, il s’engage
personnellement.
Victor Hugo par exemple, sous le Second Empire, s’oppose fortement au
régime instauré par Napoléon III et prend des risques à travers ses écrits, mais il est du devoir de
l’écrivain de réfléchir sur la société et de s’y impliqué.
C’est pourquoi, nombreux sont les écrivains
ayant eu une importance politique.
Se pose alors la question du : comment dire l’indicible.
Il faut élaborer une stratégie
d’écriture qui permet la communication au lecteur.
Entre l’auteur et son récepteur, il existe des
codes et des dénominateurs communs comme la langue ou les références culturelles.
Kateb
Yacine, dans le contexte de l’Algérie coloniale s’empare de la langue du colon pour revendiquer la
fierté du colonisé et son droit d’expression.
Il met ainsi le lecteur occidental en désarroi.
L’écriture
traduit toujours les préoccupations profondes de son auteur.
C’est en effet à travers le choix des
mots que l’auteur s’engage.
Et c’est pourquoi il doit savoir à qui s’adresser afin de trouver la
meilleure stratégie d’écriture possible susceptible de toucher au plus près le destinataire (car en
effet, il y a toujours un destinataire qu’il soit direct ou indirect).
L’esprit politisé, qu’il soit écrivain
de profession ou simplement homme politique se doit de ne pas mettre de côté la littérature car la
force des mots parle au lecteur.
Et c’est par le langage que la transmission s’établie et qu’un
certain rapprochement entre l’auteur et le lecteur se crée.
Tout texte politique a pour projet d’atteindre le lecteur, de le bousculer, de le toucher.
La
parole de l’auteur est performative c’est une parole agissante, qui n’est pas anodine et qui doit
toujours aboutir.
C’est d’ailleurs parce qu’elle est une action agissante sur les lecteurs que les
régimes répressifs utilisent la censure.
La littérature crée un impact sur les populations et peu
déranger la sphère politique.
Il s’agit alors pour les « esprits politisés » comme les appelle Calvino
d’adopter une stratégie de la parole et c’est pour cela que la littérature est indispensable au
discours politique.
Elle permet ainsi d’éviter les contresens du récepteur mais aussi et surtout
d’établir une parole construite de façon argumentative qu’il semble alors impossible de contredire.
Le politique cherche à nous persuader et cela passe par l’écriture, à travers l’émotion ou les
sentiments mais aussi à nous convaincre grâce à une construction rhétorique solide.
La littérature
est donc présente dans le discours politique pour faire nombre, établir un rapport de force afin de
faire basculer une situation mais il existe un risque, celui de rendre l’écriture au service de la
politique.
Dans ce cas, il s’agit d’un véritable « danger » pour la littérature qui ne serait plus une
fin en soi mais un moyen de dire ce que l’on cherche à exprimer.
Il faut réfléchir d'abord sur la nature de la littérature du point de vue de sa diffusion.
Elle
consiste en des écrits aisément reproductibles ou communicables à l'oral, elle constitue sans
doute un des meilleurs moyens de diffuser les idées nouvelles.
Elle est, en outre, d'une nature
2.
»
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