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L'OEUVRE DE DIDEROT

Publié le 31/05/2012

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diderot

C'est le naturalisme de Rabelais, celui de Panurge et de frère Jean, qui reparaît dans Diderot, dans ces êtres qu'il a choisis et faits conformes à son idéal, dans le Neveu de Rnmeau et dans Jacques le Fataliste. Il supprime toutes les vertus, chrétiennes, stoïciennes, mondaines même, qui n'ont rapport qu'à l'individu, et sont fondées sur le respect de soi-même. Chasteté, pudeur, sobriété, réserve, dignité, sincérité: sottises que tout cela, préjugés ....

Cette intense restitution de pensée était le résultat d'une active absorption; sa puissante machine toujours sous pression et qui produisait un travail incessant devait être largement alimentée. Diderot n'est point un génie créateur, apte à tirer un monde de soi; il est loin de Descartes, loin même de Rousseau. Cela l'oblige d'être un savant et un curieux. Faguet l'a très bien dit, il est au courant d'une foule de choses dont la connaissance n'était pas commune en son temps. Quand on s'en tient aux faciles raisonnements de Locke, ....

diderot

« cution à la rapidité d~ sa pensée.

Il est bavard, conteur, conseil­ leur, raisonneur.

Ce fils d'un petit coutelier de Langres n'a jamais été du monde' : il a étalé dans les salons que sa renommée lui ouvrait, des façons débraillées, vulgaires; mais de toutes les con­ venances mondaines,s'il y en a une qu'il a bien foulée aux pieds, c'est celle qui bride la langue.

Gros mangeur, gourmand, il ne nous fait pas grâce de ses indigestions : il est plein de son sujet, il faut qu'il parle.

Il a la gaieté du peuple, énorme, ordurière; où qu'il soit, devant n'importe qui, il faut qu'il lâche les sottises qui bouillonnent dans sa tète : il faut qu'il parle.

Il a la franchise -du peuple, celle de l'Auvergnat de Labiche plutôt que de l'Alceste de Molière : il jette au nez des gens leurs vérités; il les pense, elles jaillissent: il faut qu'il parle.

Il a des amis, qu'il voit agir, faire des projets, arranger leur vic : il se jette à travers leur existence, à travers leurs plus intimes sentiments, conseillant, disposant, indiscret, impérieux; c'est la corneille qui abat des noix; et voilà comment il se brouille avec Rousseau : il veut le retenir à Paris, l'envoyer à Genève; il décide, il dirige; il faut qu'il parle.

Bonhomme au reste, obligeant, généreux, tout plein de bons sentiments, bon fils, bon frère, bon père, bon mari même, à la fidélité près, bon ami, chaud de cœur, enthousiaste, toujours prêt à sc donner et se dévouer : à condition seulement qu'il puisse s'épancher librement, toujours heureux de se mettre en avant, d'être d'une négociation, d'une affaire où il y ait à brûler de l'ac­ tivité, à évaporer de la pensée en paroles.

C'est le moins égoïste, le plus désintéressé des hommes, pourvu qu'il se dépense.

Il a traversé son siècle, constamment dans la fîèvre, emballé, débor­ dant, jamais las, grisé de l'incessante fermentation de son cer­ veau; et plus il disait, plus il avait à dire.

Sa robuste organisation fournissait à toutes les dépenses.

C'était un étourdissant causeur; sa conversation était un feu d'artifice, où l'on voyait passer avec une vertigineuse rapidité images, idées, polissonneries, sciences, contes, métaphysique, rêves fous, hypo­ thèses fécondes, divinations étonnantes.

Au coin du feu dans son logis de la rue Taranne, au café de la Régence, à la Chevrette chez Mme d'Épinay, au Grandval chez le baron d'Holbach, Diderot était toujours prèt, toujours chauffant, partant sur un mot, sur un signe.

Et quanù il avait hien conté, disputé, cri1 il lui restait du surplus qui ne s'était pas donné passage : il prenait la plume, ct continuait la conversation tantôt avec le même interlocuteur, tantôt avec un autre; il écrivait à Falconet ou à Mlle Volland.

Et ces causeries et ces lettres, ce n'était que son trop-plein qui s'écoulait.

J'aurais dit que cela le délassait de ses livres, si ses livres l'avaient lassé.. »

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