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Lorenzaccio - Acte IV, Scène 3 - Etude Linéaire

Publié le 27/11/2011

Extrait du document

De la ligne 1 à la ligne 5, Lorenzo s'attarde sur lui-même, le masque tombe et il se découvre enfin. Au début du passage, il semble croire que quelque chose a déclenché ces pulsions meurtrières qui le hantent, mais qui sont aussi en totale contradiction avec ce qu'il était, car le Lorenzo amoureux de la nature n'est plus qu'un spectre, qu'un pâle souvenir. Cependant, sa vision des choses évolue beaucoup dans ce passage, et par des questions rhétoriques, il finit par se percer à jour. Ces instincts, qui lui causent autant de joie que de souffrances, sont enfouis en lui depuis toujours, et sont en train de prendre le contrôle de son corps.   

« De la ligne 1 à la ligne 5, Lorenzo s'attarde sur lui-même, le masque tombe et il se découvre enfin.

Au début dupassage, il semble croire que quelque chose a déclenché ces pulsions meurtrières qui le hantent, mais qui sont aussien totale contradiction avec ce qu'il était, car le Lorenzo amoureux de la nature n'est plus qu'un spectre, qu'un pâlesouvenir.

Cependant, sa vision des choses évolue beaucoup dans ce passage, et par des questions rhétoriques, ilfinit par se percer à jour.

Ces instincts, qui lui causent autant de joie que de souffrances, sont enfouis en lui depuistoujours, et sont en train de prendre le contrôle de son corps. Le deuxième mouvement du texte, qui va de la ligne 6 à 16, laisse place aux questionnements de Lorenzo sur sarelation avec le Duc et sur la légitimité de son acte.

En effet, après avoir pris conscience de sa double nature,celui-ci remet en question ses motivations.

Pourquoi veut-il éliminer le Duc ? Est-ce pour une cause légitime et justecomme il semblait le croire au début ? Ou n'est-ce plus que pour assouvir les pulsions qui le démangent ? Son désirde tuer Alexandre avait du sens pour lui et pourtant, son projet de toujours pourrait bien se transformer en actegratuit et tout simplement cruel.Cet extrait commence par une tournure interrogative, et c'est d'ailleurs la nature de phrase prédominante de cepassage.

En effet de la ligne 6 à 16 on retrouve en tout sept questions rhétoriques, ce qui montre bien la confusiondans laquelle le héros se trouve.

A la ligne 6, il se demande "Que m'avait fait cet homme ?" et par cette simplephrase, il remet en question tout son projet.

Il ne semble plus croire à cet idéal de liberté qui l'a pourtant guidéjusque la.Toujours ligne 6, il s'exclame "quand je pose ma main là, et que je réfléchis", mais aucune didascalie n'indique dequel endroit il parle.

On suppose que c'est son cœur qu'il désigne par ce simple mot.

Dans ce cas, on trouve danscette même ligne une opposition cœur / esprit, avec le mot "là" désignant le cœur, et "je réfléchis" désignantl'esprit.

Son cœur représenterait alors ses pulsions primaires, et son esprit sa lucidité sur celles-ci.Le duel qui se joue à l'intérieur de lui-même le fait hésiter à commettre l'acte, parce qu'il n'est plus sûr de ses réellesmotivations.

Voilà pourquoi il a peur d'avoir à répondre à la question "Pourquoi l'as-tu tué ?", ligne 7.

Cela l'oblige àse demander si c'est toujours le désir de rétablir la république à Florence qui le guide ou si c'est seulement le vice enlui qui a pris le contrôle.A la ligne 8, il soulève un paradoxe "Il a fait du mal aux autres, mais il m'a fait du bien".

Pour la première fois dans cetexte il aborde le sujet de sa relation avec le Duc.

Il semble s'être vraiment attaché à lui et lui être reconnaissant,ce qui ne fait que perturber son projet déjà bien mis à mal.

Dans la phrase "Si j'étais resté tranquille au fond de messolitudes de Cafaggiuolo, il ne serait pas venu m'y chercher, et moi, je suis venu le chercher à Florence." ligne 9 à10, on retrouve un chiasme, qui souligne le destins croisé des deux hommes, et le fait que c'est bien Lorenzo quis'est lancé dans cette entreprise, sans que personne ne lui ait rien demandé.

Ces deux figures de styles, paradoxeet chiasme, servent à montrer la relation étroite qu'entretiennent Lorenzo et le duc, leur relation d'amitié mais aussileur destin commun.

Ils sont liés jusque dans la syntaxe des phrases.La phrase "Pourquoi cela ?" ligne 10 montre qu'il ne sait même plus quel était son but initial, ce qui le poussait àvouloir éliminer le duc.

Toujours ligne 10, il réutilise la figure du spectre mais cette foi ci pour désigner son père,faisant référence à Hamlet de Shakespeare.

On peut se demander ici si Lorenzo n'est pas en train de partir dans undélire mystique et de sombrer quelque peu dans la folie.Son discours incohérent continue ligne 11, dans laquelle il parle du mythe d'Oreste : "Le spectre de mon père meconduisait-il, comme Oreste, vers un nouvel Egisthe ?".

Le déterminisme de la pièce transparait de nouveau danscette phrase avec le verbe "conduisait".

Le verbe utilisé, qui place Lorenzo en spectateur passif, sert à accentuerencore le côté fataliste.Il compare également son crime programmé à celui du fils d'Agamemnon, qui tue sa mère et son amant Egisthe pourvenger la mort de son père.

Il utilise ce mythe car, très imprégné de la culture antique, il cherche dans les modèlesdu passé, des exemples de vengeances qui pourraient lui servir à expliquer et justifier son meurtre.

On retrouve eneffet dans cette histoire un fatalisme certain, mais la comparaison s'arrête là, Lorenzo ne peut en aucun cas justifierson acte en s'aidant de cette histoire.

Il retrouve ensuite la raison, toujours à la ligne 11, lorsqu'il se demande"M'avait-il offensé alors ?".

En effet Alexandre ne lui a rien fait personnellement, il lui a même fait "du bien" comme ille dit ligne 8.Le mot "étrange", déjà employé ligne 7, revient ligne 11.Le mot "meurtre" apparait ligne 12, et, est repris ensuite ligne 13, comme une litanie.

Lorenzo est de nouveau enproie avec ses paradoxes : pourquoi tuer le duc puisqu'il ne lui a rien fait ? Il le dit lui même ligne 12 "pour cetteaction [il a] tout quitté" mais désormais il ne voit plus de raison à cela.

Ses motivations sont très floues, et il remetune nouvelle foi en cause la légitimité de son projet.

Il se maudit lui même d'avoir eu l'idée de ce meurtre car, cela aréveillé en lui des vices qu'il ne se connaissait pas.

Ligne 12 il dit même, avec emphase "la seule pensée de cemeurtre a fait tomber en poussière les rêves de ma vie".

Il se compare ensuite à une "ruine" (l.13) et désigne cemeurtre comme un "corbeau sinistre".

Il utilise la métaphore du corbeau pour désigner son crime, car le corbeau estun charognard qui tourne autour de ses proies, et qui symbolise ici la mort.

Il considère que sa vie est maintenantdétruite, rien que par ce désir qui le ronge.Lorenzo, ligne 14, va même jusqu'à affirmer que ce corbeau, symbolisant le meurtre, l'a "appelé à lui".

Par cettetournure, il rejette en quelque sorte sa responsabilité.

Il n'aurait fait que répondre à un appel.La phrase, ligne 15, "Tout à l'heure, en passant sur la place, j'ai entendue deux hommes parler d'une comète." peutsembler incohérente et preuve de la folie qui s'empare de Lorenzo, mais en réalité c'est une référence à l'Antiquité.En effet, dans la littérature antique la mort des héros était accompagnée du passage d'une comète.

Cette comèteannonce donc la mort de Lorenzo à la fin de la pièce.Finalement, il conclut ce paragraphe en remettant en question son humanité lorsque, ligne 15 à 16, il se demande"Sont-ce bien les battements d'un cœur humain que je sens là, sous les os de ma poitrine ?".

En effet, il ne sedemande pas si il a un cœur, mais si il a "un cœur humain".

Cette précision est importante car, après avoirdécouvert son côté animal, le héros a peur de perdre toute trace de son humanité.. »

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