Ma bohème : analyse linéaire
Publié le 05/11/2023
Extrait du document
«
« Ma Bohême (Fantaisie) », Cahiers de Douai, 1870.
Sonnet Italien
Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
(A)
Mon paletot aussi devenait idéal ;
(B)
J'allais sous le ciel, Muse, et j'étais ton féal ;
(B)
Oh ! là là ! que d'amours splendides j'ai rêvées !
(A)
Mon unique culotte avait un large trou.
(A)
Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
(B)
Des rimes.
Mon auberge était à la Grande-Ourse.
(B)
Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
(A)
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
(C)
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
(C)
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
(D)
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
(E)
Comme des lyres, je tirais les élastiques
(E)
De mes souliers blessés, un pied près de mon cœur !
(D)
Quatrai
ns
Strophe
1
Quatrai
ns
Strophe
2
Terce
t
Strophe
3
Terce
t
Strophe 4
INTRODUCTION
Le XIXe siècle est l’époque de l’émancipation créatrice, les artistes refusaient le
conformisme et l'esprit bourgeois, les poètes se libèrent des standards de la poésie.
C’est le cas de Rimbaud.
Bon élève, il brille dans les disciplines littéraires.
C’est sa rencontre avec son professeur de
rhétorique, Georges Izambard, qui va le pousser à s’intéresser à la poésie et rêve d'être
publié.
Commence alors une quête de liberté pour le jeune Rimbaud.
Quête qui s’exprime
par des fugues répétées.
Mais l'émancipation pour Rimbaud va plus loin, il s'agit en s'émancipant de créer une langue
poétique nouvelle.
Il écrira 22 poèmes qui composeront « Les cahiers de Douai » qui ne
seront publiés qu’après sa mort.
« Ma bohème », sonnet en alexandrin, le dernier poème du recueil, est une allusion à une
de ses nombreuses fugues d’adolescent.
Malgré la faim et le froid, il avait la sensation de
toucher à « la vraie vie », il voyait sa création poétique favorisée par sa vie vagabonde
sans règles ni soucis du lendemain.
En quoi, dans ce sonnet, Rimbaud met-il en scène sa propre émancipation personnelle et
artistique ? Pour cela, nous suivrons le mouvement naturel du texte en adoptant un
découpage par strophe.
La première strophe introduit l’errance physique du poète.
Les strophes 2 et 3 insistent
sur le lien du poète avec la nature.
Enfin, la dernière strophe montre le poète dans un
processus de création.
Premier mouvement (Strophe 1) : l’errance physique du poète
L'utilisation du pronom personnel : je
L'utilisation du déterminant possessif :
Ma bohème / mes poches / mon paletot / Mon unique culotte / ma course / Mon auberge / Mes
étoiles
C’est un récit autobiographique de l’auteur.
Il se décrit, évoque ses sensations.
L'imparfait est présent tout au long du poème :
allais / devenais / étais / avait / égrenais / écoutais / sentait / tirais.
Cela suggère la répétition de ces actions.
Ce n'est certainement pas la première fois
qu'il part sur les routes.
Répétition du verbe de mouvement : aller sans complément de lieu
Les lieux évoqués sont vagues : sous le ciel / Auberge / bord des routes.
Emploi du passé composé : « j'ai rêvées », montre que cette époque est révolue.
Il évoque le souvenir d’une marche infinie, une errance sans itinéraire précis,.
Le champ lexical de la pauvreté :
poches crevées / Mon paletot aussi devenait idéal / unique culotte
l’allitération en –m : « m’en » ; « mes » ; « mon » ; « Muse » ; « amours »
Véhicule un sentiment de douceur et de confort en contradiction avec les difficultés
matérielles.
Ses vêtements sont misérables, son manteau devient transparent tellement il
est usé, mais il ne souffre pas de cet état.
au v1« les poings dans mes poches crevées »
Il montre son rejet de la possession, son opposition à la société et sa détermination.
Il préfère vivre libre dans le dénuement, qu’opprimé dans l’opulence.
l’interjection et la phrase exclamative: «Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! »
On voit très bien que le poète se laisse emporter par sa fougue et le bonheur qu’il ressent
à errer librement dans la nature.
Ainsi dans cette strophe, le poète nous livre l’image d’un adolescent fugueur, pauvre, mais
heureux dans la simplicité et la liberté de son errance.
Deuxième mouvement (Strophe 2 et 3) : le lien du poète avec la nature
la métaphore du v2 : "Petit-Poucet rêveur" :
Dans le conte original, le Petit-Poucet (issu d’une famille pauvre) sème des miettes de
pain pour retrouver son chemin.
Ici, le poète laisse derrière lui « des rimes ».
Il laisse
ainsi quelque chose de plus durable que des miettes de pain : de la....
»
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