Manon Lescaut est –elle une « histoire tragique » ?
Publié le 06/02/2012
Extrait du document


«
la décrivait Aristote dans son Art poétique. Mais si les trois premiers temps et celui
de la fin constituent les péripéties et le dénouement du récit il faut noter aussi que
les rencontres avec Renoncour ne peuvent pas être considérées comme étant la
scène d’exposition car nous savons que le premier acte d’une tragédie correspond à
l’exposition de la situation des personnages.
Or, nous avons ici une scène
d’énonciation qui apparaît comme son exact opposé.
Prévost choisit de nous
présenter son récit en commençant par la fin tout en dévoilant le dénouement dans
l’optique de créer ainsi chez le lecteur un sentiment d’irrémédiable puisque cette
structure linéaire dessine un trajet tragique qui mène selon le schéma inéluctable à
la catastrophe finale quoiqu’annoncée dès le début.
Ensuite l’unité de l’action est aussi respectée par rapport à un autre aspect- le
récit entier est orienté vers l’amour ou autrement dit il se traduit par une quête
constante de l’amour absolu.
C’est notamment ce sentiment qui commande la vraie
noblesse des actions quoiqu’elles peuvent apparaître parfois aux yeux du lecteur
comme étant basses.
Comme le prouvent les mots de Montesquieu à propos des
actions de Des Grieux : «toutes les mauvaises actions du héros [...] ont pour motif
l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse».Pour
mettre en lien avec ce que j’ai dit précédemment il faut noter que le roman propose
une vision tragique de l’amour puisqu’il est voué à l’échec des son début.
Comme
dans les tragédies raciniennes l’amour est la passion tragique par excellence, ainsi
nous retrouvons dans Manon Lescaut du début jusqu’à la fin un héros qui ne se
lasse pas d’aimer sa maîtresse,qui garde la constance de son attachement même en
négligeant ses nombreuses infidélités.
Des Grieux est frappé par ce ‘coup de
foudre’ dès sa première rencontre avec Manon, tombé tout de suite après dans les
pièges de cette passion qui à la fin se révèle destructrice, un amour passionnel qui
passe par le regard comme dans les vraies tragédies saisissant dès l’instant le héros.
Comme preuve de cela peut nous servir la pièce de théâtre de Racine Britannicus
où nous retrouvons le même thème du coup de foudre se produisant par une brève
entrevue entre Néron et l’amante de Britannicus Junie, à une différence de près
avec notre récit: ce moment est évoqué par l’empereur de la pièce racinienne alors
que dans Manon le chevalier relate très en détails ce passage annonciateur de la
déchéance.
Cette même rencontre des héros se produit par hasard, mais ce même
hasard Des Grieux nous expliquera par la suite qu’il est dû au destin.
Le chevalier
se présente vers la fin comme la victime d’une force supérieure.
Il interprète toute.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Manon Lescaut est-elle une « histoire tragique » ?
- HISTOIRE DU CHEVALIER DES GRIEUX ET DE MANON LESCAUT de L’abbé Prévost (résumé & analyse)
- Manon Lescaut [Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut] (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut (résumé & analyse)
- Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut