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MENTIR POUR SÉDUIRE

Publié le 20/01/2020

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> QUESTION [4points]

En analysant la transposition au théâtre, (textes 1 et 3) de « l’acte de charité » accompli par Valmont, vous montrerez en particulier comment la lettre a été adaptée aux nécessités théâtrales et en quoi le texte de Laclos a été respecté.

> TRAVAIL D'ÉCRITURE [16points]

I - Commentaire

Vous commenterez, dans le texte 1, le passage qui va de la ligne 41, « Cependant, j’arrive au village... » à la fin.

Il - Dissertation
Le récit est-il la fonction essentielle d’une lettre ?
Vous répondrez à cette question en un développement composé, en prenant appui sur les textes du corpus et les lettres ou romans que vous avez lus ou étudiés.
III - Écrit d'invention
En partant du texte 2, écrivez la scène de théâtre qui met en présence la présidente de Tourvel et madame de Volanges. Vous ferez part notamment des réactions de cette dernière, compte tenu de ses doutes à l’égard de Valmont.

> CORPUS

1. P. CHODERLOS DE Laclos, Les Liaisons dangereuses, Lettre XXI, 1782.

2. P. CHODERLOS de Laclos, Les Liaisons dangereuses, Lettre XXII, 1782.

3. Ch. HAMPTON, Les Liaisons dangereuses, 1988.

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« Nouvelle-Calédonie, novembre 2003 15 et, quand je fus bien informé, je déclarai à souper mon projet d'aller à la chasse le lendemain.

Ici je dois rendre justice à ma Présidente : sans doute elle eut quelques remords des ordres qu'elle avait donnés ; et, n'ayant pas la force de vaincre sa curiosité, elle eut au moins celle de contrarier mon désir.

Il devait faire une chaleur excessive; je risquais de me rendre malade ; 20 je ne tuerais rien et me fatiguerais en vain ; et, pendant ce dialogue, ses yeux, qui parlaient peut-être mieux qu'elle ne voulait, me faisaient assez connaître qu'elle désirait que je prisse pour bonnes ces mauvaises raisons.

Je n'avais garde de m'y rendre, comme vous pouvez croire, et je résistai de même à une petit diatribe 2 contre la chasse et les chasseurs, et à un petit 25 nuage d'humeur qui obscurcit, toute la soirée, cette figure céleste.

Je crai­ gnis un moment que ses ordres ne fussent révoqués, et que sa délicatesse ne me nuisît.

Je ne calculais pas la curiosité d'une femme; aussi me trompais­ je.

Mon chasseur me rassura dès le soir même, et je me couchai satisfait.

Au point du jour je me lève et je pars.

À peine à cinquante pas du château, 30 j'aperçois mon espion qui me suit.

J'entre en chasse, et marche à travers champs vers le village où je voulais me rendre; sans autre plaisir, dans ma route, que de faire courir le drôle qui me suivait, et qui n'osant pas quitter les chemins, parcourait souvent, à toute course, un espace triple du mien.

À force de l'exercer, j'ai eu moi-même une extrême chaleur, et je me suis 35 assis au pied d'un arbre.

N'a-t-il pas eu l'insolence de se couler derrière un buisson qui n'était pas à vingt pas de moi, et de s'y asseoir aussi ? J'ai été tenté un moment de lui envoyer mon coup de fusil, qui, quoique de petit plomb seulement, lui aurait donné une leçon suffisante sur les dangers de la curiosité : heureusement pour lui, je me suis ressouvenu qu'il était utile 4o et même nécessaire à mes projets; cette réflexion l'a sauvé.

Cependant j'arrive au village; je vois de la rumeur; je m'avance: j'interroge; on me raconte le fait.

Je fais venir le Collecteur; et, cédant à ma généreuse compassion, je paie noblement cinquante-six livres, pour lesquelles on réduisait cinq personnes à la paille et au désespoir.

Après cette 45 action si simple, vous n'imaginez pas quel chœur de bénédictions retentit autour de moi de la part des assistants ! Quelles larmes de reconnaissance coulaient des yeux du vieux chef de cette famille, et embellissaient cette figure de patriarche, qu'un moment auparavant l'empreinte farouche du désespoir rendait vraiement hideuse ! J'examinais ce spectacle lorsqu'un 50 autre paysan,- plus jeune, conduisant par la main une femme et deux enfants, et s'avançant vers moi à pas précipités, leur dit: «Tombons tous aux pieds de cette image de Dieu » ; et dans le même instant, j'ai été entouré de cette famille, prosternée à mes genoux.

J'avouerai ma faiblesse ; mes yeux se sont mouillés de larmes, et j'ai senti en moi un mouvement invo- 55 lontaire, mais délicieux.

J'ai été étonné du plaisir qu'on éprouve en faisant le bien ; et je serais tenté de croire que ce que nous appelons les gens vertueux, n'ont pas tant de mérite qu'on se plaît à nous le dire.

Quoi qu'il 213. »

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