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Objet d’étude : Le roman et ses personnages : visions de l’homme et du monde.

Publié le 18/01/2020

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Objet d’étude : Le roman et ses personnages :

visions de l’homme et du monde.

CORPUS 

TEXTE A. Denis Diderot, La Religieuse, 1760, date de rédaction ; publiée )

en 1796.

TEXTE B. Gustave Flaubert, Madame Bovary, Ire partie, chapitre IX, 1857.

TEXTE C. Pierre Louÿs, La Femme et le Pantin, chapitre VI, 1898.

TEXTE D. François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, 1927.

ÉCRITURE

I. Vous répondrez d’abord à la question suivante.

Question (4 points)

Analysez les relations que chaque femme entretient avec les hommes ainsi que le rôle joué par le milieu social ou familial dans son existence.

II. Vous traiterez ensuite, au choix, l’un des sujets suivants.

1. Commentaire (16 points)

Vous ferez le commentaire de l’extrait de Thérèse Desqueyroux (texte D).

2. Dissertation (16 points)

Les écrivains ont bien souvent célébré la femme, sa beauté, son pouvoir de séduction. Quelles images de la femme vos lectures de romans vous ont-elles laissées ?

3. Invention (16 points)

Une lectrice contemporaine de Diderot lui écrit pour lui donner son avis sur La Religieuse et pour lui faire part des contraintes qu’elle a subies de la part de son milieu.

promesses de la nature (« les poiriers fleurirent ») et la platitude de son existence. Et « la porte bien fermée » dont il est question à la fin du texte n’est pas très différente, tout compte fait, de la grille qui se referme sur Suzanne.

Dans le roman de Pierre Louÿs, Concha n’est pas une victime comme Suzanne [présentation de l'œuvre] ; elle manipule le jeune homme [première perspective] qui est amoureux d’elle et agit avec lui comme avec un « pantin ». Dans ce texte, la présence masculine est essentielle puisque la victime de l’entreprise de séduction est le narrateur lui-même. La jeune fille le tient entièrement en son pouvoir. Ce pouvoir s’exerce grâce à un jeu subtil entre distance et intimité : « toujours affectueuse, mais toujours réservée », « celle-ci ne cachait rien », « je sentais un mur entre elle et moi. »

La relation entre le jeune homme et Concha est au centre du passage comme au cœur du roman, mais Pierre Louÿs situe son intrigue dans un contexte social et familial [deuxième perspective]. On voit en effet que le narrateur vient au secours de la jeune fille et de sa mère : « ces pauvres femmes solitaires ». Et sans doute Concha a-t-elle compris quel parti elle pouvait tirer de ce riche admirateur réduit à l’état de « pantin » : « je subvenais aux dépenses et même aux dettes. »

François Mauriac imagine le monologue intérieur de Thérèse Desqueyroux. [Présentation de l'œuvre.] Il y est d’abord question de Bernard [première perspective] et l’héroïne évoque son mariage en soulignant bien que c’est elle qui voulait épouser Bernard. La situation est bien différente de celle de Suzanne ; Thérèse Desqueyroux a disposé d’une liberté de choix : « elle l’a voulu, elle l’a voulu », répète sa belle-mère.

Chez Mauriac, la relation que Thérèse entretient avec Bernard, seul personnage masculin du passage, n’est pas dissociable du contexte familial et social [seconde perspective]. Le mariage de Thérèse et de Bernard n’est pas sans arranger Mme Victor de La Trave, car le père de Thérèse « a le bras long » et quand on a besoin de relation, « il faut bien passer sur quelque chose » et oublier qu’il « pense mal ». On retrouve l’importance des relations dans le fait que Thérèse pourrait avoir épousé Bernard afin de se rapprocher de sa belle-sœur Anne. L’argent entre aussi en ligne de compte : « elle est plus riche que nous », dit Mme de La Trave. Et Thérèse peut également avoir été tentée par la fortune de Bernard : « Elle avait toujours eu la propriété dans le sang. » Ce lourd tissu social et familial des grandes familles provinciales étouffe les scandales (« ça a été bien étouffé ») et les libertés individuelles.

Dans ces quatre textes, l’héroïne est située dans un contexte social ou familial qui la détermine. Elle tente d’y échapper d’une manière ou d’une autre, par le refus, le rêve, la froide manipulation ou le crime. Elle ne s’en sépare pas cependant aisément car ses intérêts peuvent s’y trouver, comme Thérèse au moment de son mariage ou Concha. C’est dans ce contexte pesant que les personnages masculins trouvent leur place quand ils existent ; ils deviennent chez Pierre Louÿs comme chez Mauriac une incarnation de leur milieu social. [La conclusion dresse un bilan le plus concis possible de ce qui a été montré.]

Introduction

Pierre Louÿs, dès le titre de son roman La Femme et le Pantin, attribue à son personnage féminin un pouvoir de manipulation quasi absolu. Au contraire, des titres comme La Princesse de Clèves, La Religieuse ou Madame Bovary dessinent autour du personnage féminin un contexte social qui pèsera dans le déroulement de l’intrigue. S’il est facile de dire que les personnages féminins jouent un rôle important dans les romans, il est moins aisé de dégager une image de ces femmes qui traversent ou hantent nos univers romanesques. Les écrivains ont toujours célébré la beauté de la femme et son pouvoir de séduction ; aussi pourrons-nous tout d’abord analyser l’image de la femme

« 1 l Le roman CORPUS ET SUJETS 5 TEXTE A Denis Diderot, La Religieuse, 1760, date de rédaction; publiée en 1796.

[Le roman de Diderot se présente comme le récit à la première personne de Suzanne Simonin que sa famille place contre son gré dans les ordres.

Mais la jeune.fille s'oppose avec vigueur à la volonté.familiale.

Elle confie ses malheurs à M.

de Croismare, un ami de Diderot à qui ['écrivain a.fait croire à la réalité de Suzanne.

La.fiction romanesque est aussi une mystification: M.

de Croismare croit qu'il reçoit des lettres authentiques d'une jeune fille, victime de ses parents.

Le passage relate le jour où Suzanne doit prononcer ses vœux pour devenir religieuse.] On avait tout disposé dès la veille.

On sonna les cloches pour apprendre à tout le monde qu'on allait faire une malheureuse.

Le cœur me battit encore.

On vint me parer ; ce jour est un jour de toilette ; à présent que je me rappelle toutes ces céré­ monies, il me semble qu'elles avaient quelque chose de solennel et de bien touchant s pour une jeune innocente que son penchant n'entraînerait point ailleurs.

On me conduisit à l'église ; on célébra la sainte messe : le bon vicaire, qui me soupçon­ nait une résignation que je n'avais point, me fit un long sermon où il n'y avait pas un mot qui ne fût contresens; c'était quelque chose de bien ridicule que tout ce qu'il me disait de mon bonheur, de la grâce, de mon courage, de mon zèle, de ma 10 ferveur et de tous les beaux sentiments qu'il me supposait.

Ce contraste et de son éloge et de la démarche que j'allais faire me troubla; j'eus des moments d'incer­ titude, mais qui durèrent peu.

Je n'en sentis que mieux que je manquais de tout ce qu'il fallait avoir pour être une bonne religieuse.

Cependant le moment terrible arriva.

Lorsqu'il fallut entrer dans le lieu où je devais prononcer le vœu de mon 1s engagement, je ne me trouvai plus de jambes ; deux de mes compagnes me prirent sous le bras; j'avais la tête renversée sur une d'elles, et je me traînais.

Je ne sais ce qui se passait dans l'âme des assistants, mais ils voyaient une jeune victime mourante qu'on portait à l'autel, et il s'échappait de toutes parts des soupirs et des sanglots, au milieu desquels je suis sûre que ceux de mon père et de ma mère 20 ne se firent point entendre 1.

Tout le monde était debout; il y avait de jeunes personnes montées sur des chaises, et attachées aux barreaux de la grille ; et il se faisait un profond silence, lorsque celui qui présidait à ma profession me dit: «Marie-Suzanne Simonin, promettez-vous de dire la vérité? -Je le promets.

2s Est-ce de votre plein gré et de votre libre volonté que vous êtes ici?» Je répondis:« non»; mais celles qui m'accompagnaient répondirent pour moi: «oui ».

133. »

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