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« On a besoin de la ville pour son métier, pour ses activités et on a besoin d'équilibrer sa vie, de faire le point en retrouvant le plus souvent possible son coin de campagne. » Cette phrase, entendue dernièrement à la radio, traduit un état d'esprit actuel. Montrez comment « la ville » et « la campagne » que l'on a si souvent opposées, sont devenues — et deviennent chaque jour davantage — impérativement complémentaires.

Publié le 12/05/2011

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DÉVELOPPEMENT

Jusqu'à une époque relativement récente, la ville et la campagne ont été deux mondes qui s'ignoraient ou, du moins, se connaissaient très mal. Chacun avait sur l'autre des idées préconçues et, bien entendu, tout à fait fausses. Souvent, pour l'homme de la ville, le paysan était tantôt un être méfiant et âpre au gain, tantôt un rustre, un ignorant ou un niais sur lequel on se livrait à des plaisanteries faciles. Pour nombre de campagnards, le citadin, et tout particulièrement le Parisien, était un personnage frivole, qui gagnait beaucoup d'argent en travaillant peu, et qui passait la majeure partie de son temps à s'amuser follement. Bien que fort atténués, ces préjugés subsistaient encore au début du xxe siècle, malgré les contacts rendus plus aisés par les chemins de fer, l'exode vers les villes des ruraux attirés par la grande industrie, le brassage des cerveaux par le service militaire, les lumières apportées par l'instruction primaire obligatoire.

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« centaines de milliers d'enfants ou d'adolescents, groupés en colonies, viennent chaque année faire provision desanté dans les prés et dans les bois.

Ajoutons enfin que le chemin de fer, l'autocar, et surtout l'automobileparticulière, permettent à de nombreuses personnes de fixer leur domicile en un lieu paisible situé parfois à uneassez grande distance du centre urbain où les appellent leurs occupations professionnelles ; elles deviennent ainsides travailleurs de la ville et des habitants de la campagne.Les récents progrès de la science et de la technique ont peut-être encore plus bouleversé le mode de vie desruraux que celui des citadins.

D'abord, par l'emploi de méthodes modernes de culture, le rendement des exploitationsdes agriculteurs s'est accru et, de même que celui des travailleurs urbains, leur niveau de vie s'est élevé ;parallèlement, grâce à l'acquisition qu'ils ont pu faire d'instruments aratoires perfectionnés, leur labeur, devenu à lafois plus rapide et moins pénible, leur laisse souvent des loisirs que leurs aïeux ne pouvaient se donner.

Alors qu'audébut du siècle l'électricité n'avait pas pénétré dans les campagnes, très rares sont de nos jours les villages qui nesont pas encore desservis par notre réseau d'énergie électrique.

C'est là une révolution d'une importance capitalepour les conditions d'existence des .paysans ; ils peuvent ainsi faire fonctionner mécaniquement des appareils qui,jadis, devaient être mus par la force de leurs bras ou par la traction animale ; ils peuvent équiper leurs demeuresd'appareils ménagers, et, sans compter la radio que l'on capte de plus en plus en utilisant des transistors, ilspeuvent recevoir les émissions de la télévision qui, non seulement les renseignent, les distraient ou les instruisent,mais leur permettent d'échapper à l'impression d'isolement que ressentaient encore leurs grands-parents.L'amélioration de leur niveau de vie a, en outre, permis à beaucoup d'entre eux d'acquérir une automobile, grâce àlaquelle ils peuvent faire des déplacements que leurs ancêtres n'auraient osé envisager ; par exemple, de nos jours ilest très facile, en moins d'une journée, de se rendre en auto au grand centre régional éloigné d'une cinquantaine dekilomètres, d'y faire des achats, d'y traiter une affaire ou d'y assister à un spectacle, puis d'en revenir ; un telvoyage, déjà long lorsque le village n'était pas desservi par le chemin de fer — ce qui était de loin le cas le plusfréquent — et compliqué si, en outre, il fallait changer de train, serait devenu à l'avance "décourageant s'il avaitfallu l'effectuer en voiture hippomobile.De plus en plus, les ruraux se mettent à l'heure de la civilisation industrielle.

Ils n'accepteraient plus, surtout lesjeunes, de mener le mode d'existence précaire, harassant et monotone de leurs aïeux.

Or cette amélioration de leursconditions de vie les rend, infiniment plus qu'autrefois, dépendants de l'activité urbaine.

Ce sont les grandes usinesqui, grâce à leurs fabrications massives, produisent à des prix modérés les tracteurs, les machines, les engrais et lesinsecticides qu'emploie l'agriculteur.

Ce sont elles qui construisent à la chaîne son automobile, tandis que l'essenceavec laquelle il l'alimenté est distillée dans d'immenses raffineries puis répartie par des réseaux très denses dont lescerveaux sont placés dans les villes.

Ses appareils ménagers, de chauffage, d'éclairage, son poste de radio ou detélévision, son appareil photographique, ses livres, ses vêtements et jusqu'à certaines denrées alimentaires sontfabriqués par l'industrie urbaine.

Mais les villes ne bornent pas leur activité à la production, elles l'étendent aussi aucommerce.

C'est seulement la ville, avec ses nombreux magasins, qui lui présentera une variété suffisante desobjets dont nous venons de parler et parmi lesquels il pourra choisir.

C'est également là que se trouvent les banquesde crédit, la chambre d'agriculture, les organes régionaux directeurs des administrations, que se tiennent lesexpositions agricoles et les assemblées générales de ses associations professionnelles.

Enfin c'est la ville qui lui offreses musées, ses bibliothèques, ses spectacles divers.Ainsi la société urbaine et le monde rural qui, naguère encore, n'avaient que de lointaines relations, ont désormaisdes contacts très étroits.

De plus en plus, le citadin va chercher la détente à la campagne ; de plus en plus, lepaysan va à la ville pour s'informer, faire un emprunt ou des emplettes, ou simplement se distraire.

De nos jours, unebonne partie de l'industrie et du commerce des villes péricliterait si la campagne cessait de lui offrir ses débouchés ;et le travail à la campagne serait vite paralysé si les produits dé la ville venaient à lui manquer.

Les deux mondessont devenus, non seulement complémentaires, mais indispensables l'un à l'autre ; ils se pénètrent de plus en plus,et tout porte à croire que ce phénomène social se poursuivra.. »

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