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On a souvent critiqué l'identification du lecteur aux personnages de romans, Dans quelles mesures cette critique vous semble-t-elle justifiée ?

Publié le 05/09/2018

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On peut donc se demander si l'apparition du héros « moderne » ne s'est pas faite justement afin de nous permettre de nous y identifier complètement et non en partie comme avec le héros « classique ». Il est vrai qu'à partir du XVIIème siècle le héros se diversifie, il n'est donc plus forcément un héros héroïque ce qui facilite l'identification du lecteur. Même si bon nombre de personnages de romans gardent encore ces valeurs ils ne sont plus aussi extraordinaires que leurs prédécesseurs. Comme nous l'avons vu précédemment, le parcours du héros « moderne » est souvent chaotique ce qui lui permet d'évoluer. Nous pouvons donc mieux nous retrouverdans ce héros qui démarre souvent avec « trois fois rien » pour finir par atteindre la gloire absolue, ce que le personnage de George Duroy de Bel-Ami de Maupassant réussit à merveille. Le fait que les personnages de romans soient issus du peuple à partir du XVIIIème siècle facilite aussi l'identification. De plus avec l'apparition du antihéros, qui est déjà présent à cette époque, l'identification du lecteur se fait encore plus facilement. En effet ce personnage ne possède aucun talent particulier, il ne se distingue en rien du reste de la société. C'est quelqu'un de tout à fait banal et qui nous est donc plus proche qu'un preux chevalier sauvant de belles dames en détresse et tuant de terrifiants dragons. Les personnages de Bernard Werber illustrent tout à fait ceci même s’ils finissent par accomplir des exploits malgré eux. Ce sont de simples « citoyens lambda ». On comprend donc que le lecteur puisse mieux s'identifier à un antihéros puisqu'il a plus de chances de se retrouver dans ce personnage que dans un riche bourgeois, par exemple. Il ne faut pas oublier que le antihéros dispose souvent d'un physique atypique ou banal ce qui nous permet de mieux nous projeter dans ce personnage.

Nous pouvons donc dire que l'évolution du personnage romanesque a permis de faciliter l'identification du lecteur à celui-ci.



Pour conclure nous pouvons dire quel'évolution du héros permet une meilleure identification du lecteur. En effet le héros « classique » ne nous permet pas vraiment de nous y identifier car nous avons, d'un côté un héros antique d'origine divine ou semi-divine qui réalise des exploits extraordinaires, et d'un autre côté un héros médiéval qui lui est certes humain mais qui est aussi capable de prouesses exceptionnelles. On peut donc dire qu'il est assez difficile de s'identifier à ce type de personnage du fait de leur côté « divin » et du contexte fantastique dans lequel ils évoluent. Avec l'arrivée de nouveaux personnages de romans au XVIIème siècle, le lecteur a enfin pu trouver matière à s'identifier. Le « héros du classicisme », en dépit de sa perfection tant du côté de ses origines que du côté de ces actions, nous permet de mieux nous y retrouver du fait de son parcours difficile et du contexte réaliste dans lequel il vit. Le antihéros est vraiment le personnage de roman auquel le lecteur peut vraiment s'identifier car il n'est pas parfait, ne fait pas preuve de qualités exceptionnelles, etc. Il nous ressemble tellement que l'on peut en venir à se demander si nous ne sommes pas le nouveau héros du roman. En effet le fait que celui-ci ait évolué d'un demi-dieu à un être ordinaire montre que nous nous désintéressons de plus en plus de ce qui nous est trop éloigné pour privilégier ce qui nous ressemble.

« Si on regarde dans la littérature médiévale on y retrouve un personnage de roman tout aussi extraordinaire que le héros antique même s’il a perdu ses attributs divins au profit de ses vertus chevaleresques.

Avec l'apparition de la chanson de gestes au Vème siècle, dont le grand modèle français est la Chanson de Roland, un nouveau héros apparaît.

Ce héros médiéval est humain mais possède tout comme le héros antique des qualités exceptionnelles : il fait preuve de courage dans des situations de combat ainsi que dans sa manière d'affronter les épreuves de la vie.

Son intrépidité au combat est assez remarquable car il arrive à faire abstraction de sa fatigue, de sa peur et du danger face à l'ennemi.

Lancelot, par exemple, qui a chevauché nuit et jour et traversé une épée tranchante comme une lame de rasoir doit livrer bataille contre Méléagant pour sauver la reine Guenièvre qui a été enlevée par ce dernier.

On peut donc dire que ce héros est un preux et vaillant chevalier.

De plus, il possède des valeurs morales telles la bonté et l'honnêteté, et des valeurs intellectuelles.

Ces nombreuses qualités lui permettent d'endurer et de surmonter toutes sortes de souffrances physiques ou morales.

On peut dire qu'à l'instar de son prédécesseur, c'est un héros épique : il incarne l'idéal chevaleresque du XIème et XIIème siècle.

C'est un chevalier noble car il fait partie de la caste féodale et appartient donc à un lignage de chevaliers dont il est fier.

Il est au service d'un suzerain et lui doit fidélité et obéissance ; et c'est d'ailleurs ce qui le rend exemplaire.

Par exemple, dans la Chanson de Roland, tous les chevaliers respectent Charlemagne et lui sont fidèles, même le traître Ganelon qui va assouvir sa vengeance sans tromper son suzerain ; on peut aussi prendre l'exemple des chevaliers de la table ronde qui sont tous complètement dévoués au roi Arthur, hormis Méléagant (qui a enlevé Guenièvre).

L'héroïsme du héros médiéval est souligné par la présence des autres protagonistes présents dans les romans médiévaux (ami confident, traître, ennemi, lâche,etc).

On peut aussi dire que c'est un héros croyant et que sa foi le plie à la volonté divine.

Ainsi il fait un bon représentant de la religion chrétienne en livrant bataille contre les peuples qui pourraient nuire à celle-ci. Il apparaît donc que le héros antique et le héros médiéval sont des personnages épiques, ce qui peut donner envie au lecteur de s'y identifier. Cependant on retrouve dans le roman du XVIIème siècle de nouveaux héros, bien différents de ceux que l'on connaissait jusqu’ici et qui sont peut être plus réalistes. A partir du XVIIème siècle, le héros mis en scène dans les romans est un personnage qui se caractérise par ses vertus héroïques qu'il doit en partie au modèle du héros mythologique.

Mais contrairement au héros « classique », ce héros obéit à la loi du changement ; il suit un chemin jalonné d'obstacles qui le modifient ou le transforment, ce qui l'aide à se construire.

Ainsi Rastignac (dans La maison Nucingen de Balzac) ou Emma de Bovary (dans Madame Bovary de Flaubert) vont rencontrer de nombreux obstacles qui vont les transformer si bien qu'ils ne seront plus les mêmes au terme de leur aventure.

Les aventures de ces personnages prennent place dans un contexte réel, ce qui correspond aux codes du roman du XVIIème siècle.

Jusqu'au XVIIIème siècle, le héros de roman est un personnage noble sous toutes les coutures.

Il associe noblesse de rang et noblesse morale.

On peut prendre l'exemple de la Princesse de Clèves qui, comme son nom l'indique, est quelqu'un de noble socialement et qui allie aussi la noblesse morale car elle renonce à l'amour qu'elle a pour un autre homme. »

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