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Paroles de Prévert: Histoire du recueil

Publié le 23/01/2020

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histoire

trimestriels de Commerce, publié par les soins de Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valéry Larbaud; sommaire inattendu où Prévert suit Claudel (Les cinq premières plaies d’Égypte) et précède Ribemont-Dessaignes et Desnos. Le comité de lecture a hésité à imprimer ce texte explosif mais le soutien de Fargue et celui surtout de Saint-John Perse, « étonné » par ce poème, auraient été décisifs h

Troisième pavé dans la mare littéraire qui semble décidément bien stagnante, le feuilleton de La crosse en l’air paraît dans une revue trop peu répandue pour qu’il fasse le bruit qu’on attendrait : Soutes est une « revue de culture révolutionnaire internationale » fondée par Luc Decaunes, dont le numéro d’octobre 1936 où on peut lire la première partie de La crosse en l’air est « dédié symboliquement au Peuple espagnol héroïque et toujours vivant qui lutte pour notre liberté »; dans le même numéro, on trouve un texte de Tzara, les encouragements de Malraux et de Giono et une sorte de manifeste vibrant et violent pour une poésie révolutionnaire.

Mais entre 1931 et 1936 il s’est passé beaucoup de choses pour Jacques Prévert. N’évoquons que ce qui concerne le futur livre de Paroles : ce fut d’abord la participation extrêmement active au « Groupe de choc Prémices. » qui est devenu le « Groupe Octobre », membre de la Fédération du Théâtre Ouvrier et présent dans la plupart des manifestations et grèves de l’époque. De cette collaboration sont nés de multiples textes de circonstance : pièces satiriques comme Vive la presse (contre les mensonges de la presse pourrie), chœurs parlés sur la guerre, le travail, la misère, et Actualités dites souvent par Prévert lui-même, dont La crosse en l’air a hérité non seulement les thèmes mais aussi le caractère oral et direct et la puissante et truculente éloquence. Parmi les autres textes destinés au « Groupe Octobre », on remarque en 1933 La pêche à la baleine et La complainte du pauvre cheval qui figureront dans Paroles. A la même époque, Prévert fait la connaissance de Joseph Kosma qui mettra en musique tant de ses chansons. Au début de 1936, les poètes de Soutes publient Cinq poèmes contre la guerre; celui de Prévert s’intitule Le temps des noyaux.

1. A. BERGENS, Prévert, p. 15-16.

Le feuilleton de La crosse en l’air est complété en décembre et la revue Soutes publiera encore en 1937 Faits divers qui deviendra, dans Paroles, Le retour au pays. La même année, Marianne Oswald chante à Gaveau Grasse matinée et Chasse à l’enfant1. En novembre, les Cahiers G.L.M. présentent Événements dans un numéro où Prévert voisine avec Éluard et René Char. Signe peut-être d’une indépendance politique croissante à l’égard des communistes orthodoxes, c’est à Essais et combats, organe mensuel de la Fédération nationale des étudiants socialistes, que Prévert donne Le paysage changeur en février 1938; là encore dans un numéro où est affirmé le soutien à l’Espagne républicaine et révolutionnaire, par la plume de Pierre Halbwachs entre autres.

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