"Pensées" de Blaise Pascal: Quel est le genre de l'œuvre ?

■ La préoccupation majeure de la plupart des moralistes du xvue siècle est la reconnaissance de l’amour-propre dissimulé derrière des faux-semblants, en vue d’une dénonciation sans appel. Ce problème, lié à la connaissance de l’homme, a été inventé par les directeurs de conscience pour lutter contre l’esprit du monde ; il constitue le point commun entre la littérature religieuse chrétienne et la littérature morale profane, représentée dans la seconde partie du xviie siècle par les Maximes de La Rochefoucauld (1665), les Satires de Boileau (1666-1668) ou les Caractères de La Bruyère (1688). L'objectif de ces moralistes est de révéler et de critiquer les principaux vices de leurs contemporains - nobles, courtisans, mondains -, admis comme des usages du monde : la vanité, l’égoïsme, la cupidité, etc., pour les en corriger.

■ De formation janséniste, ces moralistes partagent avec Pascal une vision pessimiste des hommes, aveuglés par leurs passions. Il faudrait ajouter à ces trois principaux moralistes - qui font profession de l'être - des auteurs dont la visée, sans être principalement morale, laissait à celle-ci une place importante dans la signification de leurs œuvres : Molière dans ses comédies, Corneille et Racine dans leurs tragédies, La Fontaine dans ses fables, Mme de La Fayette dans ses romans. C’est en fait toute la littérature du xviie siècle qui fait œuvre de morale, toujours associée à la recherche du «beau langage».