Pierre Michon : « L'avant-garde nous disait que la littérature est perpétuelle rupture ; [...] que le bond hors du consensus en est une condition essentielle. Elle entretenait la colère, la nécessité offensive, sans laquelle toute littérature me paraît nulle et non avenue. »

Un autre changement apparaît lors de la création de Beauce. D’une forêt, donc d’un aspect vertical, Gargantua a créé un champ, qui a donc une structure horizontale. Dans ce passage, le cheval de Gargantua abat les arbres à coup de queue et Rabelais le compare à « un faucheur (qui) abat les herbes « et fait une métaphore filée qui fait du cheval un chevalier. On confondant l’homme et l’animal, il confronte le haut et le bas (donc la culture officielle et populaire) afin de détruire la hiérarchisation qu’utilisait le Moyen-Age. Le fait de passer d’un espace vertical à un espace horizontal trouble, à la fois la conception de l’espace mais place, d’autre part, le matériel et la notion d’abondance en dessus de tout en créant un champ, synonyme de nourriture.  En conclusion, l’écriture de Gargantua de Rabelais correspond à la vision de la littérature avant-gardiste de Pierre Michon. La littérature de Rabelais amène effectivement une destruction dont la cause est un désaccord avec la société. Dans Gargantua, Rabelais s’oppose à la rigidité de l’enseignement sorbonnard et au rapport à la religion de l’époque par un une écriture vive, crue et souvent scatologique. En apportant le rire grâce à l’humour scatologique, la notion d’égalité par le masque du carnaval, l’abondance par la profusion de nourriture et de