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Pour et contre l'orthographe française. (Dialogue entre deux élèves de Première)

Publié le 15/02/2012

Extrait du document

Lui. - Ça y est, il m'a encore collé une sale note. Toujours cette maudite orthographe ! Est-ce ma faute, à moi, si elle est idiote, leur orthographe?

Moi. - Avoue que tu abuses de l'argument. L'épithète convient mieux à certaines de tes fautes. Regarde; tu écris solitude avec deux l, comme sollicitude ... toi, un latiniste !

« Lui.

- Oh! voila un bien gros mot! Moi.

- Non pas, c'est l'exacte verite.

Quand tu ecris ; des branches la protegeait; je te defies; je vous en tient rigueur, tu fais preuve de legerete et de negligence, tu &figures des verbes qui, en relation avec leurs sujets doivent prendre une certaine forme voulue par la logique.

Lui.

- Tu as cruellement raison. Moi.

-- De merne, pour la perpetuelle confusion du passé defini et de l'imparfait, du futur et du conditionnel.

Si une bonne fois tu Vetais donne la peine de raisonner l'emploi de ces temps et modes, tu n'ecrirais plus it me proposa une excursion, ce que j'acceptais avec enthousiasme; ou : je me felicitai d'être seul, quand surgit une bande joyeuse; quand j'aurai fini, je passerais te chercher...

Et que penser de : vous devez vous de- mandez; ii suffit de vous rappelez? il est bon que l'enfant est un sur- veillant?... Lui.

- Je pense simpleraent que in plupart de mes fautes sont dues a Petourderie.

Quand meme, les grammairiens exagerent.

La regle des par- ticipes, par exemple, est un vrai casse-tete.

Ne pourrait-on pas convenir, que le participe passé est toujours invariable, comme en la plupart des langues etrangeres? Moi.

- C'est sans dente en vertu de ce principe simplificateur que to as emit : les modifications qu'elle a subit? Je ne pense pas, moi, qu'il soit necessaire de supprimer cette regle des participes, precisement parce qu'elle est specifiquement frangaise.

Les strangers Papprennent bien, beau- coup l'observent de maniere impeccable, pourquoi sacrifierions-nous ces variations, logiques, en definitive, aux criailleries de gens peu qualifies pour decider en pareille matiere? Lui.

- Je ne vois pas bien en quoi ces accords sont logiques. Moi.

- Deux exemples suffiront, je crois, a t'en convaincre.

Tu as ecrit les amis que j'ai Caches d'amener dans le droit chemin.

Tu n'as pas tache les amis, tu as tache de les amener, tache doit done rester invariable.

Plus frappant encore est l'accord defectueux, que tu n'es pas seul ii commettre : ils se sont succedes.

On ne dit pas succeder quelqu'un, mais succeder quelqu'un.

Cette logique n'est pent-etre pas absolument philosophique et voulue par les lois universelles de la pensee, mais c'est la logique fran- caise, telle que nous I'ont leguee des hommes reflechis et penetres du genie de notre langue : cela doit nous.

suffire.

Lui.

- Ii est bien facheux que la logique grammaticale ne soit pas inter- nationale.

Enfin j'admets encore qu'il y ait une logique francaise et je tacherai de m'y conformer a l'avenir.

Mais ne crois-tu pas pie l'ortho- graphe phonetique, dans la plupart des cas, suffirait a in comprehension et restituerait aux malheureux eleves des centaines d'heures perdues pour leur vraie formation intellectuelle? En quoi, je te le demande, l'orthographe telle qu'on nous l'enseigne developpe-t-elle notre esprit,- et que perdrait la langue francaise a s'ecrire comme elle se prononce, a l'instar de l'espa- gnol et de l'italien? Moi.

- L'orthographe ne servirait-elle qu'a te rendre attentif, que tu devrais déjà la benir, car l'attention est dans les etudes et dans in vie d'un prix inestimable.

Quant a l'orthographe euphonique, tu souleves la une question epineuse.

Une reforme radicale serait une catastrophe; une re-- forme sage et lente serait an bienfait.

Lui.

- Puisque tu invoquais tout a l'heure la logique, ne pourrait-on an moins en mettre un peu dans l'orthographe des mots derives de langues etrangeres? Pourquoi ecrire fantaisie, fantome, frenetigue, et philosophie, physique et orthographe? Voltaire laissait les gens libres d'ecrire filosophie ou philosophie.

II avait bien raison.

Jadis on ecrivait rhythme, aujour- d'hui rythme, pourquoi pas ritme? Et pourquoi rhetorigue, alors que reto- rigue serait plus voisin du grec? Moi.

- Ici nous sommes pleinement d'accord, et je puis allonger la liste de ces modifications souhaitables.

La Bruyere ecrivait patetigue et tint (pour thym), Moliere misantrope, Voltaire, tese, teologie, apoticaire...

Et les e muets, quelle fantaisie a preside a leur distribution! Pourquoi refectoire et dortoir, Writ et senile? Wine illogisme dans la repartition des consonnes finales.

Si elles se prononcent, comme dans net, sec, as, nulle difficulte; lorsqu'elles ne se prononcent qu'en liaison : quand (quan-t-il arriva); sang (qu'un san-k impur), cela devient beaucoup moins facile.

Mme de Sevigne &all pour la simplification par l'uniforinite; elle ecrivait hasart, tart, chaut, Lui.- Oh! voilà un bien gros mot! , Moi.

-- Non pas, c'est l'exact.e.

vérité, Quand tu écris ~ des branches la, protégeait; je te défies; je vous en tient rigueur, tu· fais preuve de: légèreté· et de négligence, tu défigures des verbes qui, en relation -avec leurs sujetsr doivent prendre une.

certaine forme voulue par la logique.

Lui.

- Tu as cruellement raison.

· Moi.

'--- De même, pour la perpétuelle confusion du passé défini et de­ l'imparfait, du futur et du conditionnel.

Si une bonne fois tu t'étais donné la peine de raisonner l'emploi de ces temps et modes, tu n'écrirais plus : il me proposa une excursion, ce que j'acceptais avec enthousiasme; ou : je.

me félicitai d'être seul, -quand surgit une bande joyeuse; quand j'aurai fini, je passerais te chercher...

Et que penser de : vous devez vous de-· mandez; il suffit de vous rappelez? il est bon que l'enfant est un sur­ veillant? ...

Lui.

__:_ Je pense simplement que la plupart de mes fautes sont dues à l'étourderie.

Quand même, les grammairiens exagèrent.

La règle des par­ ticipes, par exemple, est un vrai casse-tête.

Ne pourrait-on pas convenir, que le partici1,>e passé est toujours invariable, comme en la plupart des: langues étrangeres '? · Moi.

- C'est sans doute en vertu de ce principe simplificateur 9ue tu as écrit : les modifications qu'elle a subit? Je ne pense pas, moi, qu'Il soit nécessaire de supprimer cette règle des pa,rticipes, précisément parce qu'elle est spécifiquement française.

Les étrangers l'apprennent bien, beau­ cou.P l'observent de manière impeccable, pour. »

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