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Quel est le rôle joué par l'orgueil dans la conduite amoureuse du vicomte de Valmont ? (Liaisons Dangereuses)

Publié le 17/01/2022

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liaisons dangereuses
Pour Malraux, Valmont ne veut pas « déroger » à l'image qu'il se forge de lui-même et qu'il considère comme indispensable à sa réputation, à ses titres de noblesse libertine. En fait, le vicomte n'aime que lui, ou, du moins, il privilégie sur toute autre chose le modèle de comportement qu'il se donne. Ainsi, la nature de ses sentiments pour Mme de Tourvel n'est pas claire : il n'est pas certain qu'elle représente pour lui une simple conquête parmi d'autres, quoique cette interprétation puisse se tirer de son comportement.
liaisons dangereuses

« • La thèse de Malraux sur les personnages de Laclos consiste à affirmer qu'ils existent au premier degré, en tantqu'êtres de fiction, et au deuxième degré, en tant que metteurs en scène du désir.

«Les personnages significatifs deLaclos ont, pour agir sur le lecteur, une raison profonde : ils portent d'autant plus à l'imitation qu'eux-mêmes imitentleur propre personnage » (l.

13 à 16).Qu'est-ce que signifie cette affirmation ? Pour Malraux, les libertins se connaissent parfaitement : ils ne cessent des'analyser dans leur lettre et cette représentation de soi exerce une grande séduction sur le lecteur mais aussi surle personnage lui-même.En effet, selon l'auteur de la préface, le vicomte se forge une image claire de lui-même mais, tel Narcisse, il devientamoureux de son image et finit par lui préférer la bien-aimée : « Cette fascination par son personnage est la seulepassion véritable du vicomte : elle n'est pas étrangère à sa rupture avec la marquise, et c'est elle qui lui feraaccomplir l'acte le plus important à ses yeux de tout le livre : l'envoi de la lettre insultante à Mme de Tourvel » (l.24 à 29).Pour Malraux, les héros de Laclos sont des personnages hors du commun parce que ces libertins sont des êtres trèslucides : ils observent leur entourage et ils comprennent la nature des fantasmes et le fonctionnement del'imaginaire humains.

A partir de là, pour séduire autrui, ils jouent le rôle qui, ils le savent, saura plaire.

Ils jouent lerôle de démiurges, autrement dit de créateurs, de metteurs en scène du désir d'autrui : ils deviennent de véritablesdieux de l'intelligence et utilisent leur raison pour manipuler l'imaginaire d'autrui. Question 2: Comment comprenez-vous l'expression « image mythique » employée par Malraux? L'expression « image mythique» employée par Malraux renvoie aux trois significations du mot MYTHE.

Elle désigne, aupremier degré, l'image que les libertins se forgent d'eux-mêmes ; cette image traduit leur idéal de vie, fondé sur leurvision du monde.

Les libertins veulent affirmer leur liberté de pensée et de moeurs.

(première phrase du troisièmeparagraphe).

En outre, elle témoigne de la conception que l'auteur, Laclos, a de la société de son temps.

En effet,pour lui, les aristocrates se forgent un univers à part où ils se conforment à leurs propres valeurs, celles dulibertinage d'esprit et de moeurs.

Enfin, elle renvoie aussi à la mise en forme de cette image dans les lettres duvicomte — Les Liaisons dangereuses sont un roman uniquement composé de correspondances entrecroisées.

En cesens, l'image mythique fonctionne comme une représentation de soi pour le libertin et comme une représentation dulibertin pour le lecteur.L'image mythique tient au prestige de ces personnages : selon Malraux, Laclos « n'attaque jamais ceux-ci dans leurélément mythique : leur prestige ».

Autrement dit, ils ne peuvent pas être vaincus ou, du moins, ils ne sont pasreprésentés comme des vaincus même si le roman aboutit à leur faillite.

La nature de leur image mythique renvoiedonc à leur invincibilité qui produit la fascination du lecteur. Question 3: Expliquez la progression de la démonstration logique en insistant sur ce qui relève de lastratégie de Laclos et sur ce qui se réfère à la tactique de ses personnages. • Suivons la progression de la démonstration logique : elle obéit au schéma de la déduction, qui part du général pouraller au particulier, lui-même cerné dans sa différence spécifique grâce à son rapport à d'autres oeuvres.

Dans sapréface, en effet, Malraux définit le personnage de Laclos comme une illustration de sa propre définition du hérossignificatif, autrement dit un héros lucide et déterminé à affirmer son pouvoir.Dans le premier paragraphe, Malraux cerne la différence spécifique qui distingue le personnage de Laclos des autrestypes de héros.

Il souligne le fait que ni le vicomte ni la marquise ne cherche à affirmer un pouvoir politique.

Ils neveulent pas agir sur une société que Malraux donne comme « trop forte », trop contraignante.

Ils s'opposent auxhéros balzaciens : « mais non comme les héros de Balzac, nés plus tard ».

Ensuite, des restrictions ouvrent la voievers d'autres interprétations possibles : « Pourtant...

», « A moins...

» Malraux suggère qu'on peut interpréterl'absence de visée politique du personnage comme inutile à l'auteur dans la fiction.

En effet, il s'adonne à cettepratique dans la réalité.

Quel est le discours implicite de Malraux ? Le roman traduirait ce que l'auteur ne peut pasfaire.Suit, dans le deuxième paragraphe, l'énoncé de la thèse proprement dite : elle concerne les personnages — dontl'originalité tient au fait qu'ils se conforment à l'image idéale qu'ils ont d'eux-mêmes — et l'auteur : au travers decette représentation, c'est Laclos qui incite son lecteur à prendre exemple sur son héros.

S'impose alors unepremière déduction qui implique une interprétation globale du dénouement : le vicomte préfère son image à sonamour.Dans le paragraphe suivant, Malraux procède à l'analyse de la différence spécifique : il développe l'énoncé de sathèse (« donc ») et introduit un nouvel élément particularisant : l'image mythique, expression particulièrementfrappante dans l'imaginaire du lecteur de la préface de Malraux lui-même.

Les Liaisons dangereuses met en formeune méthode et une pratique au centre desquelles se trouvent l'image mythique des libertins.

S'impose la deuxièmedéduction qui apparaît comme l'implication logique de ce qui précède concernant les personnages.

Nous avonspratiquement un syllogisme : les dieux de l'Olympe, qui manipulent les représentations mythiques, sont desdémiurges (prémisse 1).

Or, les deux héros de Laclos gouvernent le destin de tous les autres personnages (prémisse2).

Donc, les héros de Laclos jouent le rôle de démiurges (conclusion).Apparaît ensuite la troisième déduction ou interprétation provisoire du roman : elle s'impose car elle découle de ladémonstration qui précède — ce qui justifie l'asyndète, ou absence de liaison logique : «Les Liaisons, si on lesrésumait, seraient une mythologie » (l.

41).. »

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