Racine : une action simple, chargée de peu de matière, et qui, s'avançant par degrés vers sa fin, n'est soutenue que par les intérêts, les sentiments et les passion des personnages.

« XVII' SIJ1:CLB 37 apprenons Ci'le celui-ci, par suite de la mort de Vespasien, devient empereur.

Or, les lois romaines lui interdisent d'épouser \llle princesse étrangère.

A l'acte Ill, il s'apprête à faire recon­ duire Bérénice dans son rovanme.

L'acte IV nous montre le désespoir de celle-ci; les de.ux amants ont une.

entrevue et ne peuvent se décider à la séparation.

Enfin, à l'acte V, Bér,énice sacrifie son amour~ la gloire de Titus ; elle part mais en promet­ lant de garder à jamais le souvenir de son amant.

Ainsi, l'action tout entière repose sur la séparation de deux personnes qui s'aiment et dont les conventi;}ns sociales rendent l'union impossible.

Sur des données aussi simples, Racine a su bâtir une des 2) L'action rest· plus émouvantes tragédies qui soit.

L'action extérieure est nulle; tout intérieure ce sont les sentiments nés dans l'âme des personnages qui amè- nent à eux seuls les 'péripéties de l'intrigue et le dénouement.

Mais l'évolution de ces sentiments est savamment gradtlée.

Tour à tour, Bérénice se réjouit, se lamente.

se répand en repro- ches ; puis la douceur naturelle de son carac.tère fait taire en elle t.>ute révolte; sacrifiant son amour à la gloire de Titus, elle par- tira enfin, avec une résignation muette, se contentant de savoir qu'elle est toujours aimée de celui qu'elle adore.

II.

Caractère du système dramatique de Racine.

Ainsi, Bérénice nous parait être la pièce qui réalise le mieux fidéal e.xprimé dans lapréface de Britannicus.

Mais d'une façon générale on peut dire que, chez Racine, l'aciion, chargée de peu de matière, réside surtout dans les dispositions des personnages et évolue en raison de leurs fluctuations intérieures.

C'est ainsi que, dans Andromaque, par exemple, la résolution prise par la veuve d'Hector d'épouser Pyrrhus suffit à amener le rapproche­ ment d'Hermione et d'Oreste, qui entraîne à son tour le meurtre de Pyrrhus, puis le suicide d'Hermione.

En résumé, la tragédie de Racine est avant tout psychologique, l'auteur s'attachant à simplifier ses sujets et à bannir les élé­ ments imprévus ou étrangers à l'action, qui pourraient, dans le cours de la pièce, influer sur la marche de l'intrigue.. »