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« Un homme cultivé voit le monde avec plus de couleur, de profondeur, de mystère. » En vous fondant sur vos lectures, sur votre expérience, sur vos connaissances, vous direz si vous partagez cette opinion.

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

La culture évite d'être berné par les faux-semblants, les faux raisonnements que vendent les charlatans de la pensée. Sinon pourquoi tout régime totalitaire ne commencerait-il pas par censurer ? Dès qu'on brûle un livre, on immole la liberté de pensée et d'agir. Autodafés, historiques de triste mémoire ou de science fiction dans Fahrenheit 451, vous êtes la preuve que le livre donne à penser, oblige à s'interroger et à refuser l'endoctrinement.

 

« humanistes du xvr siècle et tel que l'illustre un Léonard de Vinci, ingénieur, dessinateur et peintre de génie ?L'avance du savoir dans tous les domaines conduit inexorablement à la spécialisation et à la nécessité de lavulgarisation pour se tenir au courant des progrès ou des tendances dans les autres branches. Cette leçon de modestie va de pair avec le troisième et dernier terme de notre analyse, le mystère qui se trouvefinalement au terme de l'enquête culturelle.

Ce terme peut surprendre à première vue : comment un individu armé desa culture et aidé de ces multiples intermédiaires que sont ses lectures, ses expériences et ses réflexions pourrait-ils'avouer désarmé, presque ignorant ? Là encore, on trouve la preuve que la culture est une quête asymptotique et non le vain étalage que ses stupidesdétracteurs s'efforcent de dénoncer.

Combien de grands esprits nous frappent en effet par leur simplicité et leurhumilité à confesser que leurs recherches n'aboutissent pas ou que la vérité n'existe pas et qu'ils ne peuventqu'entrevoir des hypothèses ? Hormis dans quelques sciences exactes où la découverte s'appuie sur des faits tangibles, des expériences répétées,des lois établies, le domaine culturel est plutôt de l'ordre de l'hypothèse.

Considérons par exemple la philosophie.

Achaque auteur son système d'explications.

Qui songerait à opposer ou à classer Platon, Kant, Hegel ? Pourquoi celui-ci et non pas celui-là ? N'importe quel esprit un peu ouvert accepte que l'on explique le monde dans une visionmarxiste ou au contraire libérale, que la critique littéraire recourt successivement à la psychologie, à lapsychanalyse, au marxisme ou au structuralisme pour tenter de donner la clé d'une oeuvre. Le mystère vient d'abord de la nature des phénomènes étudiés.

La plupart ne livrent pas leurs secrets de manièreunivoque.

Ensuite, il est entretenu par la personnalité des chercheurs et par leurs méthodes d'approche. Proust voit le monde à travers le temps, la mondanité, l'amour impossible et l'art comme ultime justification.

Zolaprésente ses personnages comme inexorablement liés à leur milieu et à leur hérédité.

Verlaine s'explique par sonascendance saturnienne.

Autant d'itinéraires possibles qui multiplient les signes vers un sens absolu qui toujours sedérobe. Le choc des écrivains entre eux est encore source de mystère.

Les parentés existent certes, mais attention auxnuances.

On ne confondra pas la volonté de puissance (et déjà le terme est empreint de connotations culturellesprécises) des héros de Balzac, de ceux de Mauriac et de ceux de Camus ou de Sartre après leur prise de consciencede l'absurde...

D'autres s'opposent résolument : pensons au défi lancé par Rastignac du haut du cimetière du Père-Lachaise après l'enterrement du père Goriot et au contraire à la lassitude proche du malaise physique éprouvée dansce même lieu par Frédéric Moreau, le héros velléitaire de L'Éducation sentimentale de Flaubert... L'espoir d'une réponse univoque est encore différé par le choc avec notre propre sensibilité ou nos idées.

Nous noussentirons à l'unisson avec tel auteur, en désaccord avec tel autre.

A qui donner raison ? Avons-nous tort ? Nousrangerons-nous à l'argument d'autorité, au prestige du nom célèbre ou maintiendrons-nous nos positions ? Le grand mérite de la culture pratiquée avec hygiène et avec probité intellectuelles est de conduire finalement à lamodestie.

Non pas au refus de connaître, mais à l'idée que rien n'est sûr, que la plupart des phénomènes qui nousintriguent ou nous intéressent reçoivent des solutions incertaines.

La culture nous donne une grande leçon detolérance, l'avis d'untel est aussi justifié que celui de tel autre.

Cet apprentissage de la tolérance n'est pasdéstabilisant pour l'esprit humain en quête de vérité, il est au contraire gage de modestie, de persévérance etd'écoute des autres avec respect.

Toutes qualités humaines et intellectuelles que les adversaires de la culturedevraient faire leurs... Couleur, profondeur et mystère : ces trois termes peu explicites à première vue sont en réalité parfaitement adaptéspour qualifier la vision du monde de l'homme cultivé.

La culture, puisée dans l'expérience humaine, dans les livres etdans les arts, donne un éclairage plus aigu, dénué de superficialité et qui préserve les grandes interrogations dumonde.

A l'opposé de l'étalage et de l'ostentation, la culture nous aide quotidiennement à percevoir le monde avecplus d'acuité, à affiner notre regard, à approfondir notre vision tout en demeurant modeste à l'égard de l'énigmefinale.

Remarquons d'ailleurs que, loin de s'opposer à la vie, la culture se qualifie ici par trois termes convenantparfaitement à la vie elle-même.. »

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