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VIE ET OEUVRE DE GÉRARD DE NERVAL

Publié le 05/05/2011

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Vie : La vie de Gérard de Nerval, aujourd'hui encore, est remplie de mystère. Né à Paris, Gérard Labrunie passa son enfance à la campagne dans un village de l'île de France, Loisy, près de Mortefontaine; c'est à la propriété de sa famille qu'il emprunta le nom de Nerval. Là, parmi les paysans, qui avaient conservé le souvenir de Rousseau, il apprit à aimer les paysages harmonieux, les gens simples et sains, les vieilles chansons provinciales. C'est à Loisy qu'il connut l'héroïne de Sylvie et qu'il entrevit Adrienne, dont le fantôme l'accompagna toute la vie. Il quitte ce cadre digne de la Nouvelle Héloïse pour venir faire ses études à Paris, et presqu'au sortir du lycée, il est rendu célèbre par la traduction du premier Faust de Goethe. Les brumes germaniques, les sabbats diaboliques l'emportent sur la claire lumière du Valois et sur les rondes enfantines. Il fréquente les cénacles littéraires et fait partie de la Bohème de l'impasse du Doyenné, où il rencontre poètes et artistes : Théophile Gautier, Pétrus Borel, Arsène Houssaye, Corot, Chassériau, Jehan du Seigneur, etc. Il évoquera ces années d'insouciante fantaisie (1835-36) dans le premier des Petits châteaux de Bohême. De mystérieux voyages l'éloignent de Paris et lui font parcourir presque tous les pays de l'Europe, l'Egypte et l'Asie-Mineure, sans qu'il oublie ses souvenirs d'enfance et ses amitiés littéraires. Trois crises de folie douce, en 1841, 1853 et 1854, le font errer dans un monde imaginaire, en dehors du Temps, et développent son penchant pour le rêve. Sa mort est aussi énigmatique que sa vie : le 26 janvier 1855, le malheureux poète est trouvé pendu dans la rue de la Vieille-Lanterne.

Œuvres : • Poésie et prose s'entremêlent dans ses oeuvres comme le rêve et la réalité dans sa vie. Ses nouvelles, souvent poétiques, contiennent des vers; des poèmes illustrent ses contes. On trouve des Odelettes dans Petits Châteaux de Bohême et dans la Bohême galante, les sonnets des Chimères dans les Filles du Feu. Après sa mort, ses Poésies complètes furent publiées en 1857. • Ce sont surtout les nouvelles, qui ont conquis le grand public; leur inspiration est très diverse. Certaines s'apparentent au fantastique morbide des Contes d'Hoffmann et au satanisme, si répandu à cette époque chez les Romantiques, comme la Main enchantée; d'autres fora preuve d'un réalisme aigu et d'un style dépouillé, où l'on croit voir par avance la manière de Mérimée, telle l'histoire d'Emilie, Souvenirs de la Révolution française. La plus grande partie est composée par des souvenirs poétiquement transposés, avec un étonnant mélange de rêve, de sensibilité et d'ironie : souvenirs de vie littéraire et parisienne dans Petits châteaux de Bohême, souvenirs d'enfance et d'amour dans Sylvie, souvenirs du Valois, anecdotes pittoresques dans les Nuits d'Octobre.

 

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« GÉRARD DE NERVAL 1808-1855 LE souvenir de mes belles cousines, ces intrépides chasseresses que je promenais dans les bois, belles toutes deux comme les filles de Léda, m'éblouit encore et m'enivre.

Pourtant je n'aimais qu'elle alors.

LEs paumes de Gérard de Nerval, qu'il appuie tantôt sur son front ou ses yeux et tantôt contre sa poitrine, sont imprégnées de ce parfum qui nous vient des distances et que nous respirons parfois au lendemain d'un beau jour quand l'imagination, enhardie par un soupçon d'amour, fonde un temps sans limites sur les délices d'un moment.

Le regret est une forme du rêve.

Cette forme du rêve est la compagne de Gérard de Nerval, une compagne à la fois fidèle et promise qui ne le quitte que pour le devancer et qu'il retrouve en tous lieux, en tout être et en tout instant.

Le regret domine son destin comme un point d'interro­ gation domine le nôtre, il tire les ficelles de ses élans, de ses souvenirs et de ses évasions et guide sa main sur le miroir des pages où l'écrivain grave ses propres traits.

Toute l'œuvre de Gérard de Nerval est, dans ce rêve, hanté par les nostalgies, le spleen, qu'on appelait aussi vapeurs anglaises, et qne j'appellerai, en pensant à lui, vapeurs du Valois, vapeurs rhénanes et, mieux encore, « Sehnsucht ».

Au long des demi-jours, des contre-jours, des demi-nuits et des contre-nuits de sa vie, cherchant les émotions de l'oubli que la mémoire lui refuse, il voyage en restant immobile car l'être fidèle se déplace sans bouger.

Dans un jardin depuis longtemps abandonné, où des lianes de houblon, de clématite et de jasmin s'étendent d'un arbre à l'autre, il suit une femme qui s'arrête pour enlacer de son bras nu une haute tige de rose trémière, puis se dissipe dans l'infini tandis que les parterres deviennent peu à peu les rosaces et les festons de ses vêtements.- Oh! ne me quitte pas, s'écrie-t-il, car la nature meurt avec toi.

Au pied des murs de son rêve·il ne trouvera et ne relèvera jamais que le buste gisant de celle dont le cœur se resserre à l'approche du sien comme une fleur craintive.

Je traversais un soir les bosquets de Clarens, perdus au nord de Paris dans les brumes, lorsque j'aperçus un homme debout, immobile et penché au beau milieu d'une eau mouvante et légèrement suré­ levée.

Croyant qu'il s'agissait d'un saint Christophe de rivière, je courus afin de m'en assurer.

Je vis alors un homme qui semblait d'autant plus triste qu'on voyait bien qu'il avait de l'esprit, et d'autant plus étranger à lui-même qu'on voyait bien qu'il s'était inventé.

C'était donc un véritable étranger, un véritable étrange.

Du reste il tenait par la main un jeune garçon en qui je reconnus le petit Gérard Labrunie, son assassin peut-être.

Un firmament d'idéal et de mélancolie abritait et suivait la lenteur du flot, et dans ce firmament tournoyait le vol d'une centaine d'heures trans­ portées là par l'effet d'exigences dont je connais le pouvoir.

L'enfant qui dormait à moitié me parut avoir besoin de chaleur et d'avenir.

Quant à l'homme, il ne cherchait pas à l'émouvoir et son grand deuil, je crois, l'encourageait à rêver.

Mais il est possible que je me trompe comme je m'étais trompée en me figurant qu'ils étaient debout sur l'eau d'une rivière alors qu'en réalité ils mar­ chaient très lentement dans une longue nappe de brume qui s'élevait à fleur de terre et ne montait guère plus haut que leurs chevilles.

Je ne sais quel sentiment m'empêcha de les observer; je ne GÉRARD DE NERVAL .-. »

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