VINET Alexandre Rodolphe : sa vie et son oeuvre

VINET Alexandre Rodolphe (1797-1847). Écrivain suisse d’expression française. Critique pénétrant, le seul du premier XIXe siècle qu’on puisse mettre à côté de Sainte-Beuve, Alexandre Vinet fut et demeure méconnu : aux marges de la France, il écrivait surtout pour ses compatriotes romands et alémaniques; de là, sur notre littérature, un point de vue lointain, hautain parfois, dépourvu de frivolité ou de piquant parisien; un regard marginal de grammairien, de moraliste, de théologien, animé par une vibrante sympathie, et un amour grave de la beauté.

Né à Ouchy, près de Lausanne, pasteur en 1819, il enseigne la littérature française au gymnase de Bâle de 1817 à 1837, puis la théologie (1837-1845) et, de nouveau, la littérature française (1845-1847) à l’académie de Lausanne. Parallèlement à son ministère pastoral et à son activité professorale, il donne au journal lausannois le Semeur, à partir de sa fondation en 1830, de très nombreux articles d’histoire et d’actualité littéraires. Les livres de Vinet reflètent cette triple orientation de sa vie et en enregistrent les réflexions ou les méditations au jour le jour plus qu’ils ne les commandent ou ne les organisent : ses sermons (Discours sur quelques sujets religieux, 1831; Nouveaux Discours..., 1841; Méditations évangéliques, 1849...) signalent un orateur soucieux de simplicité, de rigueur démonstrative, mais riche en traits moraux vifs et suggestifs; calviniste strict, Vinet est une des figures marquantes du réveil religieux en pays de Vaud; mais sa fermeté doctrinale va de pair avec une extrême tolérance, pour laquelle il mène une ardente campagne de presse qu’inaugure son opuscule Du respect des opinions (1824).

L’historien littéraire unit les mêmes qualités de précision méthodique et d’élégance sobre : sa Chrestomathie française (1829), fruit de ses années d’enseignement à Bâle, présente un choix annoté et commenté des meilleurs auteurs, à l’usage des élèves et des étudiants; elle s’ouvre sur un plaidoyer en faveur de ces belles-lettres