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Visions du peuple

Publié le 12/09/2018

Extrait du document

Texte 3 Émile Zola, La Fortune des Rougon, chapitre i, 1871

 

Le coup d'État du 2 décembre 1851, organisé par Louis Napoléon Bonaparte, a suscité en Provence des insurrections républicaines, notamment dans le département du Var. C'est cette révolte que décrit Zola au début de La Fortune des Rougon.

 

La bande descendait avec un élan superbe, irrésistible. Rien de plus terriblement grandiose que l’irruption de ces quelques milliers d'hommes dans la paix morte et glacée de l’horizon. La route, devenue torrent, roulait des flots vivants qui semblaient ne pas devoir s'épuiser ; toujours,  au coude du chemin, se montraient de nouvelles masses noires, dont les chants enflaient de plus en plus la grande voix de cette tempête humaine. Quand les derniers bataillons apparurent, il y eut un éclat assourdissant. La Marseillaise emplit le ciel, comme soufflée par des bouches géantes dans de monstrueuses trompettes qui la jetaient, vibrante, avec  des sécheresses de cuivre, à tous les coins de la vallée. Et la campagne endormie s’éveilla en sursaut ; elle frissonna tout entière, ainsi qu’un tambour que frappent les baguettes ; elle retentit jusqu’aux entrailles, répétant par tous ses échos les notes ardentes du chant national. Alors ce ne fut plus seulement la bande qui chanta ; des bouts de l’horizon,  des rochers lointains, des pièces de terre labourées, des prairies, des bouquets d’arbres, des moindres broussailles, semblèrent sortir des voix humaines ; le large amphithéâtre qui monte de la rivière à Plassans, la cascade gigantesque sur laquelle coulaient les bleuâtres clartés de la lune, étaient comme couverts par un peuple invisible et innombrable acclamant les insurgés ; et, au fond des creux de la Viorne, le long des eaux rayées de mystérieux reflets d’étain fondu, il n’y avait pas un trou de ténèbres où des hommes cachés ne parussent reprendre chaque refrain avec une colère plus haute. La campagne, dans l’ébranlement de l’air et du sol, criait vengeance et liberté. Tant que la petite armée descendit la  côte, le rugissement populaire roula ainsi par ondes sonores traversées de brusques éclats, secouant jusqu’aux pierres du chemin.

 

1. V. HUGO, Les Misérables, quatrième partie, livre XII, 1862.

 

2. G. FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, troisième partie, chapitre i, 1869.

 

3. E. ZOLA, La Fortune des Rougon, chapitre 1,1871.

 

Vous répondrez d'abord à la question suivante  «Question

Quelles visions du peuple les trois extraits du corpus donnent-ils ?

 • Commentaire

Vous commenterez le texte 3 : La Fortune des Rougon d'Émile Zola.

 • Dissertation

Un philosophe a déclaré qu'il avait beaucoup plus appris sur l'économie et la politique dans les romans de Balzac qu'en lisant les économistes et les historiens. Dans quelle mesure la lecture des romans permet-elle de connaître une période historique et une société ? Vous rédigerez un développement structuré, qui s'appuiera sur les textes du corpus, les romans que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.

• Écrit d'invention

Rentrée chez elle, la femme aux bandeaux (texte 2, dernier paragraphe) raconte à sa famille la prise desTuileries à laquelle elle a participé.

Vous exprimerez ses émotions et ses sentiments.

Vous veillerez à mêler description et narration.

B. Des informations variées

 

1. Sur des événements historiques. Certains romans relatent des événements historiques. Ex. : dans son roman autobiographique L'Insurgé, Jules Vallès raconte la Commune de Paris dans ses moindres détails.

 

2. Sur des personnages historiques. Certains personnages historiques trouvent leur place dans des romans. Ex. : Napoléon Ill apparaît deux fois dans La Curée, roman d'Émile Zola.

 

3. Sur le fonctionnement de la société. Comme les romans peuvent mettre en scène de nombreux personnages, ils peuvent éclairer les rapports entre les couches sociales et plus largement le fonctionnement de la société. Ex. : les différentes classes sociales qui cohabitent dans la pensionVauquer dans Le Père Goriot de Balzac.

« Une Porte vitrée! Qu'estee que tu veux qu'on fas� d'une purte vitrée, tubercule� ? 2.1 -Hercules vous-mêmes ! riposta Gavroche.

Une porte vitrée dan� une barricade, c'est excellent.

Ça n'empêche pas de l'attaque r.

mais ça gêne pour la prendre.

Vous n'avez donc jamais chipé des pommes par-dessus un mur où il y avait des culs de bouteilles ? Une porte vitrée, ça coupe les cors aux pieds de la garde nationale5 quand elle veut monter sur Jo une barricade.

Pardi ! le verre est traître.

Ah ça.

vous n'avez pas une imagination effrénée, mes camar ades ! 1.

Capacité d'être dans plus ie urs lieux à la fois.

2.

Co menu d'une hotte pleine.

3.

Boisson faite de beaucoup de mélanges.

4.

Racine qui est une réserve nutritive pour une plante ; ici, all us ion à la pet ite taille de Gavroche.

5.

Soldats envoyés pour mater la révolte.

T-xte :� • Gustave Flaubert, L'Éducation sentimentale, troisième partie, chapitre t,l869 Frédéric , le héros de l'Éducation sentimentale, assiste avec son ami Hussonnet au saccage du Palais des Tuileries , au cours de la Révolution de 1848.

Tout à coup La Marseillaise retentit.

Hussonnet et Frédéric se pen­ chèrent sur la rampe.

C'était le peuple.

Il se précipita dans l'escalier, en secouant à flots vertigineux des têtes nues, des casques, des bonnets rouges, des baïonnettes et des épaules, si impétueusement, que des 5 gens disparaissaient dans cette masse grouillante qui montait toujours, comme un fleuve refoulé par une marée d'équinoxe, avec un long mugissement, sous une impulsion irrésistible.

En haut, elle se répandit, et le chant tomba.

On n'entendait plus que les piétinements de tous les souliers, avec to le clapotement des voix.

La foule inoffens ive se contentait de regarder.

Mais, de temps à autre, un coude trop à l'étroit enfonçait une vitre ; ou bien un vase, une statuette déroulait d'une console, par terre.

Les boiseries pressées craquaient.

Tous les visages étaient rouges ; la sueur en coulait à larges gouttes ; Hussonnet fit cene remarque : t5 -« Les héros ne sentent pas bon ! ». »

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