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Voltaire L'Ingénu COURS

Publié le 05/10/2012

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Voltaire L'Ingénu COURS 1 CHAPITRE 1 Comment le prieur de Notre-Dame de la Montagne et mademoiselle sa soeur rencontrèrent un huron «  Un jour saint Dunstan, Irlandais de nation et saint de profession.... n'étant pas dans l'usage de faire la révérence « Problématique : En quoi cet incipit relève-t-il du conte philosophique, et comment sont mises en place la fiction et la dimension satirique ? INTRODUCTION L'auteur le plus célèbre de contes philosophiques, Voltaire, invite le lecteur à prendre conscience de l'imperfection humaine et de l'omniprésence du mal sur la terre en utilisant plusieurs procédés dont notamment l'humour, l'ironie et le registre satirique. Il fait de même dans ses deux plus célèbres contes Candide et L'Ingénu. Dans cet extrait de L'Ingénu écrit en 1767, qui n'est autre que l'incipit, Voltaire met en place les deux critères importants de son ouvrage : la fiction et la dimension satirique. Mais en quoi cet incipit relève-t-il d'un conte philosophique et comment sont mises en place ces deux facettes du livre ? Dans un premier temps, nous montrerons les deux « côtés « de cette situation initiale, puis nous verrons toute l'étendue de la dimension satirique. A) Un incipit double Cet incipit est un incipit double. En effet, l'auteur y mêle le registre merveilleux et le registre réaliste. Dans un premier temps, Voltaire utilise des formulations merveilleuses pour montrer le côté typique du conte : « un jour « qui marque l'intemporalité liée au genre du conte ou encore la personnification de la montagne : « elle lui fit de profondes révérences «. On voit clairement que ce dernier exemple appartient au registre merveilleux puisque le lecteur accepte des faits surnaturels. Voltaire utilise cette personnification afin d'utiliser son arme favorite, l'ironie, qui repose ici sur une image de la naïveté religieuse, en l'occurrence chrétienne. On sent déjà dans cette partie que l'auteur nous prépare à la moquerie et c'est aussi dans ce but qu'il utilise le registre réaliste. Il est vrai que celui-ci crée un décalage avec le merveilleux. Les lieux et les dates sont précis : « le 15 juillet 1689 « ce qui permet un ancrage historique très précis ainsi que l'analepse avec l'histoire du frère du prieur de Kerkabon. Le fait que les dates soient précises permet au lecteur de se situer par rapport à l'histoire et contribue au réalisme. Ainsi, un lecteur cultivé saura que l'histoire se déroule juste après la révocation de l'Edit de Nantes et comprendra les situations qui vont en résulter. Pour le début de son texte, on voit très clairement que Voltaire a construit son incipit en deux temps. En effet, il place son registre merveilleux en toute première position, « Un jour saint Dunstan...par le même chemin qu'elle était venue. «, et enchaine de suite avec l'utilisation du registre réaliste « En l'année 1689... n'étant pas dans l'usage de faire la révérence «. B) Rôle de l'incipit Voltaire joue aussi sur le rôle de l'incipit. Il définit l'espace, le lieu, l'action : « 1689, le 15 juillet au soir «, « la baie de Rance «. Il fait aussi part d'un fait historique important qui est celui de la révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV en 1685 pour nous expliquer le contexte et nous permettre de comprendre la suite de l'histoire. Enfin, il nous décrit les personnages, certes très brièvement, mais d'une façon précise de telle sorte que les lecteurs en savent assez pour pouvoir lire la suite, ce qui est tout à fait typique du conte philosophique. « Le prieur, déjà un peu sur l'âge, était un très bon ecclésiastique, aimé de ses voisins, après l'avoir été autrefois de ses voisines « ; « Mademoiselle de Kerkabon, qui n'avait jamais été mariée, quoiqu'elle eût grande envie de l'être, conservait de la fraîcheur à l'âge de quarante-cinq ans ; son caractère était bon et sensible ; elle aimait le plaisir et était dévote. « C) Mise en place de la tonalité du texte Pour finir, Voltaire utilise le registre humoristique et le décalage afin de mettre dès le début en avant ses intentions : dénoncer, critiquer et instruire. Il met très vite en place celles-ci puisque dès les premières lignes, on décèle le recours à l'humour et un décalage avec la suite : « saint de profession «, « comme un chacun sait «. Dans ces deux citations, l'auteur montre déjà son côté anticléricale qui apparaitra tout au long du livre vu qu'il compare par moquerie et avec l'utilisation d'un oxymore le fait d'être saint avec une profession. Cette comparaison est drôle et annonce la satire, puisque que par définition, un saint est une personne qui a eu une vie exemplaire en respectant les principes chrétiens, et qui ne gagnait en aucun cas de l'argent pour ses actions étant donné que cela est contraire aux vertus chrétiennes, alors qu'une personne qui exerce une profession est justement rémunérée pour le travail qu'elle fournit. Voltaire exprime donc d'entrée son anticléricalisme en opposant ces 2 termes et annonce la couleur de la suite. Il raconte également une anecdote que personne ne connait et que par antiphrase il dénonce : « Dunstan fonda un petit prieuré dans ces quartiers-là, et lui donna le nom de prieuré de la Montagne, qu'il porte encore, comme un chacun sait. « Il respecte donc ainsi l'Esprit des Lumières et par la même occasion évite la censure grâce à l'ironie, aux sous entendus et au respect des conventions romanesques du 18eme siècle qui consistaient à présenter un texte comme venant de quelqu'un d'autre : « histoire véritable du père Quesnel « Un incipit satirique et ironique : la mise en place du caractère polémique et philosophique A) la misogynie En premier lieu, Voltaire joue sur le fait que Mlle de Kerkabon soit une dévote, pour mettre en place quelques idées misogynes. Pour ce fait il utilise plusieurs figures de style : dont l'euphémisme quand il dit « conservait la fraîcheur de l'âge de 45 ans « ; il marie ici deux choses complètement opposées : la fraîcheur et l'âge de 45 ans. Sommes-nous toujours frais à 45 ans ? Il emploie aussi l'antithèse comme dans « elle aimait les plaisirs et était dévote «, mais aimer les plaisirs tout en étant dévote n'est il pas quelque peu contre « nature « ! Voltaire se moque donc de la femme de l'époque au travers de son personnage. Pour finir il manie quelques oppositions avec les vertus chrétiennes : « choquée du peu d'attention qu'on avait pour elle « marque la présence de vanité chez Mlle de Kerkabon. En plus, il tourne en dérision le célibat de Mlle de Kerkabon. Il mobilise ainsi le cliché de la vieille fille « quoiqu'elle eût grande envie de l'être « (d'être mariée) et il se moque perfidement Mlle de Kerkabon. B) Caricature et satire des personnages Caricature : Description comique ou satirique d'une personne, d'une société, qui en donne une image déformée, significative. Comme nous avons vu ci-dessus Voltaire caricature quelque peu ses personnages dont-il fait une description comique ou satirique, pour en faire des figures de l'époque. Il peut grâce à cela faire d'une dévote, une femme aimant les « bonnes choses « : « elle aimait les plaisirs et était dévote «. L'auteur remet donc en cause certains agissements des personnes croyantes tout comme le fait de faire croire que l'on est dévot. Le narrateur fait apparemment l'éloge du prieur : « un très bon ecclésiastique «, « aimé de ses voisins «. Mais cet éloge est ironique et satirique. En effet, il associe à l'abbé, homme d'église, le péché de chair et celui de gourmandise : « aimé [...] de ses voisines «, « le seul que l'on ne fût pas obligé de porter dans son lit quand il avait soupé avec ses confrères «. Dans la deuxième citation, Voltaire explique que le prieur « tient « très bien à l'alcool ! Il montre donc ses réticences face à la religion de l'époque ainsi qu'au clergé. Voltaire a recours aux lieux communs de la critique anticléricale par la caricature de ses personnages chrétiens et de leur comportement qui lui servent à critiquer à travers eux toute la communauté chrétienne. C) Lutte contre le fanatisme et les superstitions De plus, étant philosophe des Lumières, Voltaire s'oppose aux légendes irrationnelles de l'Église. Il s'en moque donc grâce à l'oxymore : « saint de profession « où l'on décèle sans mal l'ironie de l'auteur. Cette ironie repose sur un pastiche de la naïveté religieuse : le succès de la science physico-mathématique (Galilée, Descartes, Newton...) rend problématique les miracles (impossible avec les lois naturelles et physiques). D'où l'impossibilité d'avoir comme métier celui de saint ! Voltaire critique le fait que les gens aient besoin d'expliquer des évènements par des récits religieux, des superstitions. C'est d'ailleurs dans ce but qu'il invente la légende de Saint Dunstan qui est une parodie de la Légende dorée de Jacques de Voragine. D'ordinaire les montagnes sont immobiles et c'est dans l'Evangile de Saint Mathieu qu'il est question de la foi qui déplace des montagnes. Ici, Voltaire prend au pied de la lettre l'expression : « parti d'Irlande sur une petite montagne «. On voit bien qu'il utilise le ridicule, le loufoque, pour servir sa cause. Il vise par là à faire réfléchir les gens à propos de ces superstitions populaires, et il veut les éclairer de sa raison. CONCLUSION Voltaire met en place la fiction par le biais du registre merveilleux et développe l'ironie tout au long de l'incipit pour déployer la dimension satirique. Celle-ci vise à faire rire le lecteur par le ridicule et la critique. Le but premier de Voltaire est de leur ouvrir les yeux, notamment sur la religion, et de les instruire. Par cela, il joue pleinement son rôle de philosophe, personnage brillant et cultivé de son siècle. Il a fait de même avec un précédent ouvrage, Candide, qui critique la théorie de l'optimisme en plus d'exprimer comme dans L'Ingénu un anticléricalisme prononcé. CHAPITRE 1 Extrait 2 « Mademoiselle de Saint-Yves était fort curieuse de savoir .... ses camarades de manger un Algonquin. « Présentation Ce passage est un extrait du chapitre I de L'Ingénu, il se situe au début du roman, peu de temps après l'arrivée du personnage éponyme, et sa rencontre avec les Kerkabon. Il porte sur un dîner chez les Kerkabon, avec le bailli, l'abbé de Saint-Yves et sa soeur. Son thème est une discussion entre Mademoiselle de Saint-Yves et le Huron sur l'amour : elle pose des questions et lance un débat. Questions sur le texte Comment ce passage montre-t-il la candeur de l'Ingénu et l'intérêt narratif d'avoir un personnage naïf ? Comment ce passage est-il l'indice d'une future histoire d'amour ? Éléments de réponse et appui sur le texte 1°) Le Huron, personnage candide Le passage peut être découpé en trois parties : un discours bref (une question de Mademoiselle de Saint-Yves et la réponse de l'Ingénu : « Mlle de Saint-Yves [...] vous ressemblent «), un discours long (composé également d'une question et de sa réponse : « Elle lui demanda [...] ne m'a pas consolé «), une analyse, par le narrateur, des effets produits par les réponses de l'Ingénu (« Mlle de Saint-Yves [...]manger un Algonquin «). Chaque réponse révèle la pureté du personnage. La première révèle que le Huron reconnaît la beauté où elle est, qu'il est flatteur et a de l'esprit ("plaire aux personnes qui vous ressemblent") : ce n'est pas un imbécile. Cependant elle révèle aussi qu'il est idéaliste ; il est trop "fleur bleue" ce qui risque d'amener des conséquences néfastes : il sera en butte à des difficultés. Son idéalisme sera mal vu par les français, même si ce n'est pas décrit dans ce passage-ci. La deuxième réponse de l'Ingénu montre sa simplicité de vie. Il répond qu'il n'a aimé qu'une seule femme dans sa vie : « Je n'en ai jamais eu qu'une « ce qui prouve que ce n'est pas un homme à femmes d'une part, et qu'il a des principes d'autre part. Il est dévoué, et défend celle qu'il aime (l'Algonquin, le lièvre, etc.) Son ancienne femme, Abacaba, est morte, et cependant il dit toujours l'aimer : il est fidèle à un souvenir. Cette réponse constitue alors le résumé d'une vie marquée par le souvenir, et rejoint l'idéalisme du personnage. Le Huron est naïf, comme sa description poétique d'Abacaba, à la différence des autres personnages. 2°) La future histoire d'amour La troisième et dernière partie du passage, constituée de l'analyse des effets de ces réponses, présente les ingrédients narratifs d'une future aventure amoureuse. En faisant apparaître les qualités de l'Ingénu, les personnages l'admirent, voient en lui la clémence, l'héroïsme, la force. Mademoiselle de Saint-Yves, elle, en est même déjà amoureuse, mais cela se voit indirectement : elle "rougit et fut fort aise", elle ne peut plus réfléchir, "elle ne démêlait pas la cause de son plaisir", et sent un plaisir extrême à entendre qu'il n'a aimé qu'une seule femme, désormais décédée : non seulement il est fidèle, mais aussi libre. Elle peut donc s'intéresser à lui, et est libre d'en tomber amoureuse : il est extraordinaire par ses différences culturelles, héroïque, etc. Mademoiselle de Kerkabon est vexée que les compliments ne s'adressent pas à elle, car elle aussi s'intéresse au Huron. Cependant le fait que seule Mademoiselle de Saint-Yves est visée par les compliments montre bien que c'est avec elle que Voltaire prépare une histoire d'amour. Cela renforce ce que la première question de Mademoiselle de Saint-Yves laissait penser : c'est elle qui lance le débat sur l'amour, annonçant qu'il se passera quelque chose. Le comique par légers sous-entendus grivois, qui donne une certaine atmosphère comique, est aussi destiné à annoncer cette aventure. Conclusion Ce passage, par divers procédés, montre que l'Ingénu, personnage principal, fait preuve de candeur. Elle est montrée par la simplicité de ses réponses et par son idéalisme, et également par le comique par contraste entre l'Ingénuité et le réalisme : les autres personnages et le lecteur peuvent sourire d'un tel idéalisme. CHAPITRE 2 Notes sur le texte « La trompette du jour « : c'est une métaphore désignant le chant du coq. « Qui languit dans un lit oiseux « : sans importance, inactif. ici on a un hypallage, qui attribue au lit les caractéristiques de la personne qui y repose. « Dans cet état mitoyen entre la vie et la mort « : à mi-chemin. Périphrase banale pour désigner le sommeil. « Il avait déjà fait deux ou trois lieues, il avait tué trente pièces de gibier à balle seule « C'est une hyperbole qui met le Huron en avant comme un surhomme utilisant une seule balle par pièce de gibier, et qui parcourt une distance considérable, environ huit à douze kilomètres, comme s'il était dans son pays d'origine. « Et sa discrète soeur « : ici, sage, raisonnable « Brimborion « : C'est un objet jugé sans valeur, le talisman est un porte-bonheur. L'Ingénu attribue une valeur symbolique à ce cadeau, qui va devenir un signe de reconnaissance très invraisemblable, à la mode dans les romans où un enfant perdu est retrouvé par des parents. « le nez de Feu M. le Capitaine « : Feu désigne une personne décédée. Le comique est celui des scènes de reconnaissance, où chacun s'efforce de trouver une ressemblance entre les parents et l'enfant. Voltaire s'amuse ici, avec les yeux, le front, le nez, les joues de l'un, de l'autre, et des deux. Le ridicule continue lorsque Mademoiselle de §Saint-Yves donne aussi son avis sur ces ressemblances. « Hardes « : vêtements « Te Deum « : chant catholique « Mais il n'en était pas d'un grand Huron de vingt-deux ans comme d'un enfant qu'on régénère sans qu'il en sache rien. « le baptême est en quelque sorte une « nouvelle naissance «. Cette comparaison explique que le Huron est une personne mature, capable de prendre des décisions, qui a son libre-arbitre, et Voltaire critique les personnes qui veulent convertir d'autres personnes à une religion. « Ils feront plus cas d'une pièce de Shakespeare [...] que du Pentateuque « : nom donné aux cinq premiers livres de l'Ancien Testament. Ici Mademoiselle de Kerkabon représente la xénophobie bête et ordinaire, ou le chauvinisme anti-anglais. Voltaire appréciait beaucoup l'Angleterre, sa culture, Shakespeare. CHAPITRE 3 Le Huron, nommé l'Ingénu, converti Une lecture analytique organisée Voltaire en sa pièce de théâtre OEdipe, présentée pour la première fois en 1718 dit : « Nos prêtres ne sont pas ce qu'un vain peuple pense / Notre crédulité fait toute leur science «. C'est aussi le discours que tient ce célèbre philosophe au 18e siècle dans son conte L'Ingénu, conte satirique publié en 1767. Il met en scène un huron arrivant en France et recueilli par le prieur M. de Kerkabon et sa soeur. Il s'avère ensuite que le Huron n'est autre que le neveu de ces derniers. L'extrait étudier est consacré à la conversion de l'Ingénu au christianisme. Nous nous demanderons comment Voltaire détourne une leçon de catéchisme en une satire religieuse. Tout d'abord, nous examinerons l'apprentissage de l'ingénu catéchumène, puis nous analyserons le côté comique et humoristique de celui-ci et enfin nous aborderons la satire de la religion et de ses représentants. I / L'apprentissage de l'ingénu catéchumène : un conte merveilleux. A / Un épisode de conte, l'art du récit de Voltaire. Dans ce passage nous pouvons noter que l'apprentissage de l'ingénu en tant que catéchumène relève du registre merveilleux. En effet, l'utilisation du passé simple « mit «, « pria «, « opéra « montre au lecteur que les faits se sont produits et sont désormais terminés. C'est un épisode bref de la vie de l'ingénu et surtout, il est ici présenté comme étant une personne talentueuse qui analyse ce qui l'entoure de manière objective. Voltaire, afin d'obtenir et de garder l'attention du lecteur, présente des petites anecdotes rapides, dynamiques et brèves qui se succèdent rapidement et qui ont pour but d'instruire. La brièveté des épisodes donne une dynamique au passage propre au rythme des contes et qui poursuit l'objectif de plaire, en évitant la monotonie et d'instruire. B / Portrait d'un élève sauvage et naïf. L'auteur insiste également sur la naïveté du personnage et joue sur ce point afin d'établir un portrait caractérisé par la sauvagerie et la simplicité du raisonnement de ce dernier qui met mal à l'aise son entourage. Effectivement, le Huron est décrit comme possédant une « tête si vigoureuse que, quand on frappait dessus, à peine le sentait-il ; et quand on gravait dedans, rien ne s'effaçait ; il n'avait jamais rien oublié. «. On voit dans ce passage que le huron possède un esprit vif, qu'il est désireux de bien faire et souhaite apprendre, il mémorise ce qu'on lui dit et n'ayant eu aucune éducation, peut être impartial. Voltaire met l'accent sur sa mémoire hors norme qui lui servira de point d'appui pour construire son anecdote, car on ne peut tromper l'Ingénu, car il sait parfaitement la Bible. De plus, l'expression « les choses entraient dans sa cervelle sans nuage « évoque le mythe du bon sauvage. En effet, il est vierge de tout préjugé, de toutes idées préconçues. Cela permet de mettre en avant sa différence et donc de critiquer les coutumes d'Europe. Il est décrit comme un élève attentif, rigoureux, mais qui applique ce qu'il apprend sans tenir compte des moeurs de la société qui ont évolué. C / Une conversion miraculeuse. L'ingénu se comporte de la manière qu'il pense juste, il s'identifie au Nouveau Testament et imite les faits et gestes des personnages qu'on y trouve. Son éducation se fait à partir des textes bibliques qui sont les seuls écrits mis à sa disposition. L'ingénu est donc influencé, mais il réfléchit toujours avec la sagesse de son esprit neuf c'est pourquoi il ne doute pas que la circoncision est une étape religieuse incontournable bien que le prieur lui assure que désormais ce « n'était plus de mode « et qu'il pouvait être remplacé par le baptême. À travers l'expression « enfin la grâce opéra «, l'auteur présente la conversion du Huron comme étant un miracle ce qui relève de la foi et non du raisonnement comme veut le faire croire le prieur. Voltaire, ici établit une critique claire à l'encontre de l'éducation religieuse, car la conversion inopinée du Huron arrive au moment le plus opportun, ce qui profite au prieur. II / Un apprentissage comique et humoristique, un récit plaisant. A / Un épisode basé sur le comique de situation. La scène où le Huron souhaite que le curé se confesse est basée sur un comique de situation : on lui a appris que l'on devait se confesser les uns aux autres c'est ainsi que le religieux se retrouve couché, maintenu par le genou de l'ingénu. Il se voit humilier par son ignorance. De plus, le moine se retrouve dans une posture de soumission, alors que son statut de religieux lui assure la supériorité et le respect de chacun. La scène où le Huron renverse le curé pour le mettre à terre et l'obliger à se confesser est un comique de situation : L'Ingénu, sensé être soumis au moine se retrouve en position de domination tant dans sa posture en l'écrasant qu'au niveau symbolique, car les religieux représentent Dieu est normalement au-dessus de tous. B / Une conversion burlesque. Même si l'ingénuité du personnage et les interventions de Voltaire participent activement au comique du chapitre, la plus grande partie de celui-ci repose sur la grivoiserie et le burlesque. Effectivement, le fait que les dames s'inquiètent pour l'intégrité physique du Huron, le montre : « et qu'il en résultât de tristes effets auxquels les dames s'intéressent par bonté d'âme «. Voltaire fait ici une plaisanterie qui fait allusion à la sexualité et où il utilise l'humour. Ce n'est pas par bonté que ces femmes s'intéressent au sort du prépuce de l'ingénu, mais par intérêt purement grivois. Les rites du baptême et plus précisément celui-ci sont traités de manière burlesque puisque ce sont des évènements sacrés pour les catholiques et Voltaire les aborde sur un mode bas, trivial. Il tourne ainsi en dérision cette scène religieuse, car il mêle des éléments érotiques liés à la chair à des rites religieux, chastes et sacrés. On retrouve ce même procédé dans le chapitre suivant. C / De l'humour à l'ironie, les interventions du narrateur et décalages énonciatifs. En plus d'être humoristique, cette scène présente un caractère ironique : en premier lieu la circoncision ainsi que le fait de se confesser étaient de rigueur, puis par la suite le prieur et des théologiens affirment que cela n'est plus nécessaire, le baptême les remplace ; on voit donc très bien qu'il manipule la religion afin d'obtenir ce qu'ils veulent. De plus, les interventions du narrateur sont source d'ironie : « qu'il n'en résultât de tristes effets auxquels les dames s'intéressent toujours par bonté d'âme. « Ces interventions du narrateur montrent son opinion et sa volonté de se moquer. Ce décalage énonciatif est donc source d'ironie. III / Satire de la religion et ses représentants : récit instructif. A / Critique du prosélytisme religieux et de l' arbitraire des dogmes. La critique du prosélytisme religieux est également très présente. Il est dit : « Le prieur résolut enfin de lui faire lire le Nouveau Testament « lorsqu'il le pense capable de comprendre les textes religieux, Mr De Kerkabon dirige son neveu dans la voie de la foi. Il lui promet son héritage en échange de sa conversion, ce qui n'est pas normal, la foi devrait être pleinement choisie par l'individu et non imposée. L'appel à la conversion ne se fait donc pas pour les bonnes raisons. L'aspect financier semble être l'enjeu de cette conversion. De plus, le caractère arbitraire des dogmes est critique. En effet, la circoncision, inscrite dans la Bible, ne se pratique plus, car « ce n'est plus à la mode «. Les pratiques peuvent changer de manière unilatérale à partir du moment où le clergé l'a décidé. B / Critique anticléricale. On remarque que les représentants religieux façonnent les dogmes qui constituent la religion quitte à se contredire entre eux voire à se contredire eux-mêmes, l'Ingénu dont la mémoire est excellente, restitue les informations qu'il a absorbées avec une fidélité surprenante. Il est capable de déterminer avec sagesse ce qui est juste ou non et peut donc opposer son raisonnement à son oncle et à tous les autres qui ont pour but de le manipuler. Enfin, ces derniers, grâce à une persuasion subtile, parviennent à le faire changer d'opinion même si leurs dires vont à l'encontre de leur idée première. À travers la phrase : « Il proposait quelques fois des difficultés qui mettaient le prieur fort en peine. Il était obligé souvent de consulter l'abbé de St Yves, qui, ne sachant que répondre, fit venir un jésuite bas-breton pour achever la conversion du Huron. « On voit clairement l'ignorance des religieux qui ne savent pas quoi répondre lorsque l'Ingénu les questionne. Ils prêchent des idées, mais ils ne les appliquent pas pour eux-mêmes, par exemple pour la confession. Conclusion Voltaire, à travers l'Ingénu, conte philosophique, fait une critique prononcée des représentants de la religion ainsi que des dogmes, car ceux-ci sont utilisés pour manipuler les croyants. L'apprentissage religieux du Huron sert à dénoncer le prosélytisme religieux par son raisonnement logique dont la nature l'a doté. Par ce conte Voltaire fait le tableau d'un ordre religieux peuplé de faux dévots qui se servent de la crédulité des gens dont ils tirent profit. Pour parvenir a ses fins, Voltaire utilise le comique, par ce biais il peux formuler des critiques à l'encontre des religieux sans que ceux-ci ne puissent le lui reprocher. Cette oeuvre est le reflet du combat que mènera Voltaire tout au long de sa vie. Notes sur le texte « Marauds « Le terme signifie coquins, brigands. L'Ingénu, qui ne comprend pas bien le décalage chronologique, se sent indigné par le comportement des personnages décrits, et envisage de les punir comme de petits voyous. « Dispositions « Ce sont les capacités intellectuelles. « Grâce « C'est l'aide surnaturelle qui rend l'homme capable d'accomplir la volonté de Dieu, et de parvenir au salut de son âme. La question de la grâce est au centre de la querelle entre jansénistes et jésuites. « Circoncis « signifie ayant subi une opération chirurgicale consistant à retirer le prépuce, la circoncision. « Frater « C'est le compagnon d'un barbier ou d'un chirurgien. « ...et qu'il n'en résultât de tristes effets auxquels les dames s'intéressent toujours par bonté d'âme « On retrouve dans cette expression l'humour grivois caractéristique de Voltaire, le comique de sous-entendu. « Il lui remontra « : lui fit observer, en critiquant. « Loi de grâce [...] loi de rigueur « Voltaire fait la distinction en théologie entre la loi fondée sur la charité contenue dans le nouveau Testament et la loi rigoureuse de l'ancien Testament. Opposition entre chrétiens et juifs. « Disputa « Discuta, réfuta une thèse (terme de la rhétorique enseigné dans les collèges). « résigner « Céder ; le prieur pense céder ses bénéfices à son neveu. « la fermeté des organes « facilité de compréhension ; Voltaire fait une allusion plaisante à la théorie des climats de Montesquieu une des idées les plus célèbres de ce philosophe qui pense que le climat pourrait influencer la nature de l'homme et de sa société. Les bretons ont la tête dure ... « Caïphe « grand prêtre des juifs de 18 à 36 après J.C. « Ponce Pilate « gouverneur romain de Judée, laissa condamner Jésus et fit le geste de se laver les mains, signe d'un refus de toute responsabilité. Champ lexical de la perfection du Huron : « L'Ingénu avait une mémoire excellente «. « La fermeté des organes «, « fortifiée par le climat du Canada, avait rendu sa tête si vigoureuse que, quand on frappait dessus, à peine le sentait-il «, « rien ne s'effaçait «, « il n'avait jamais rien oublié «. « Sa conception était d'autant plus vive et plus nette «, « son enfance n'ayant point été chargée des inutilités et des sottises qui accablent la nôtre «, « les choses entraient dans sa cervelle sans nuages «. Cela provoque chez le lecteur (?) l'admiration du Huron. « Rétif « Ce mot signifie résistant, réfractaire. On voit que l'Ingénu est un esprit fort. « L'épitre de saint Jacques le Mineur « : C'est une épitre (lettre) écrite par saint Jacques le Mineur, apôtre de Jésus, fils d'Alphée, on le distingue de saint Jacques le Majeur, lui aussi apôtre fils de Zébédée. « Hérétiques « L'expression désigne tous ceux qui sont en désaccord avec un dogme religieux, qui pratiquent un autre culte. « Un récollet « Il s'agit d'un ordre monastique, un religieux réformé de l'ordre de saint François. « Catéchumène « C'est celui à qui on enseigne le catéchisme (instruction dans la foi chrétienne). « Gourmait « Gourmer signifie battre à coups de poings. « BAPTÊME «, s. m. (Théol.) sacrement par lequel on est fait enfant de Dieu & de l'Eglise, & qui a la vertu d'effacer le péché originel dans les enfans, & les péchés actuels dans les adultes. Le mot baptême en général signifie lotion, immersion, du mot Grec ?????, ou ???????, je lave, je plonge ; & c'est en ce sens que les Juifs appelloient baptême certaines purifications légales qu'ils pratiquoient sur leurs prosélytes après la circoncision. On donne le même nom à celle que pratiquoit S. Jean dans le desert à l'égard des Juifs, comme une disposition de pénitence pour les préparer, soit à la venue de J. C. soit à la réception du baptême que le Messie devoit instituer, & dont le baptême de S. Jean étoit absolument différent, par sa nature, sa forme, son efficace, & sa nécessité, comme le prouvent les Théologiens, contre la prétention des Luthériens & des Calvinistes. Encyclopédie de d'Alembert et Diderot (Lettre B) « Pompeux « Le mot signifie solennel, majestueux (ici il est marqué d'une nuance péjorative) « Confondu « Le mot signifie décontenancé, troublé. COMMENTAIRE(S) CHAPITRE 3 Extrait 1 «  Monsieur le prieur, voyant qu'il était un peu sur l'âge.... enfin il promit de se faire baptiser quand on voudrait. « Il fallait auparavant se confesser ; et c'était là le plus difficile. L'Ingénu avait toujours en poche le livre que son oncle lui avait donné. Il n'y trouvait pas qu'un seul apôtre se fût confessé, et cela le rendait très rétif. Le prieur lui ferma la bouche en lui montrant, dans l'épître de saint Jacques le Mineur, ces mots qui font tant de peine aux hérétiques : Confessez vos péchés les uns aux autres. Le Huron se tut, et se confessa à un récollet. Quand il eut fini, il tira le récollet du confessionnal, et, saisissant son homme d'un bras vigoureux, il se mit à sa place, et le fit mettre à genoux devant lui : "Allons, mon ami, il est dit : Confessez-vous les uns aux autres ; je t'ai conté mes péchés, tu ne sortiras pas d'ici que tu ne m'aies conté les tiens." En parlant ainsi, il appuyait son large genou contre la poitrine de son adverse partie. Le récollet pousse des hurlements qui font retentir l'église. On accourt au bruit, on voit le catéchumène qui gourmait le moine au nom de saint Jacques le Mineur. La joie de baptiser un Bas-Breton huron et anglais était si grande qu'on passa par-dessus ces singularités. Il y eut même beaucoup de théologiens qui pensèrent que la confession n'était pas nécessaire, puisque le baptême tenait lieu de tout. Présentation Le passage se situe après le dîner chez Melle de Kerkabon. Les Kerkabon veulent baptiser l'Ingénu, qui demande d'abord à être circoncis, puis c'est la question du baptême qui se pose. Ce passage c...

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« 2 était venue.

», et enchaine de suite avec l’utilisation du registre réaliste « En l’année 1689… n’étant pas dans l’usage de faire la révérence ». B) Rôle de l’incipit Voltaire joue aussi sur le rôle de l’incipit.

Il définit l’espace, le lieu, l’action : « 1689, le 15 juillet au soir », « la baie de Rance ».

Il fait aussi part d’un fait historique important qui est celui de la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV en 1685 pour nous expliquer le contexte et nous permettre de comprendre la suite de l’histoire.

Enfin, il nous décrit les personnages, certes très brièvement, mais d’une façon précise de telle sorte que les lecteurs en savent assez pour pouvoir lire la suite, ce qui est tout à fait typique du conte philosophique.

« Le prieur, déjà un peu sur l’âge, était un très bon ecclésiastique, aimé de ses voisins, après l’avoir été autrefois de ses voisines » ; « Mademoiselle de Kerkabon, qui n’avait jamais été mariée, quoiqu’elle eût grande envie de l’être, conservait de la fraîcheur à l’âge de quarante-cinq ans ; son caractère était bon et sensible ; elle aimait le plaisir et était dévote.

» C) Mise en place de la tonalité du texte Pour finir, Voltaire utilise le registre humoristique et le décalage afin de mettre dès le début en avant ses intentions : dénoncer, critiquer et instruire.

Il met très vite en place celles-ci puisque dès les premières lignes, on décèle le recours à l’humour et un décalage avec la suite : « saint de profession », « comme un chacun sait ».

Dans ces deux citations, l’auteur montre déjà son côté anticléricale qui apparaitra tout au long du livre vu qu’il compare par moquerie et avec l’utilisation d’un oxymore le fait d’être saint avec une profession.

Cette comparaison est drôle et annonce la satire, puisque que par définition, un saint est une personne qui a eu une vie exemplaire en respectant les principes chrétiens, et qui ne gagnait en aucun cas de l’argent pour ses actions étant donné que cela est contraire aux vertus chrétiennes, alors qu’une personne qui exerce une profession est justement rémunérée pour le travail qu’elle fournit.

Voltaire exprime donc d’entrée son anticléricalisme en opposant ces 2 termes et annonce la couleur de la suite.

Il raconte également une anecdote que personne ne connait et que par antiphrase il dénonce : « Dunstan fonda un petit prieuré dans ces quartiers-là, et lui donna le nom de prieuré de la Montagne, qu’il porte encore, comme un chacun sait.

» Il respecte donc ainsi l’Esprit des Lumières et par la même occasion évite la censure grâce à l’ironie, aux sous entendus et au respect des conventions romanesques du 18eme siècle qui consistaient à présenter un texte comme venant de quelqu’un d’autre : « histoire véritable du père Quesnel » Un incipit satirique et ironique : la mise en place du caractère polémique et philosophique A) la misogynie En premier lieu, Voltaire joue sur le fait que Mlle de Kerkabon soit une dévote, pour mettre en place quelques idées misogynes.

Pour ce fait il utilise plusieurs figures de style : dont l’euphémisme quand il dit « conservait la fraîcheur de l’âge de 45 ans » ; il marie ici deux choses complètement opposées : la fraîcheur et l’âge de 45 ans.

Sommes-nous toujours frais à 45 ans ? Il emploie aussi l’antithèse comme dans « elle aimait les plaisirs et était dévote », mais aimer les plaisirs tout en étant dévote n’est il pas quelque peu contre « nature » ! Voltaire se moque donc de la femme de l’époque au travers de son personnage.

Pour finir il manie quelques oppositions avec les vertus chrétiennes : « choquée du peu d’attention qu’on avait pour elle » marque la présence de vanité chez Mlle de Kerkabon.

En plus, il tourne en dérision le célibat de Mlle de Kerkabon.

Il mobilise ainsi le cliché de la vieille fille « quoiqu’elle eût grande envie de l’être » (d’être mariée) et il se moque perfidement Mlle de Kerkabon. B) Caricature et satire des personnages Caricature : Description comique ou satirique d’une personne, d’une société, qui en donne une image déformée, significative.. »

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