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La raison peut-elle procurer le bonheur ?

Publié le 01/04/2005

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La faculté de juger, de distinguer le bien du mal et le vrai du faux, un moyen d'atteindre le bonheur conçu comme état de satisfaction complète, comme existence en harmonie avec la Nature ?

« « Le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination,fondé uniquement sur des principes empiriques.

» KANT. Le philosophe allemand KANT a déjà rédigé son premier grand livre demétaphysique (ou plus exactement de critique de la métaphysique), « Critiquede la raison pure » (1781), lorsqu'il entreprend une première approche de lamorale avec les « Fondements de la métaphysique des moeurs » (1785) quiprécéderont de trois ans son grand ouvrage sur la morale : « Critique de laraison pratique » (1788).On connaît le résultat de cette critique de la métaphysique : sur les questionsde l'âme (le sujet profond de notre expérience interne), du monde (le toutcomplet de la réalité, objet de notre expérience externe), et de Dieu(considéré comme fondement suprême de la totalité des êtres), nous nepouvons que nous livrer à des spéculations métaphysiques qui dépassent leslimites de l'expérience effective possible.

Un savoir métaphysiquetranscendant, portant sur la réalité non sensible (les noumènes), estimpossible.

Voilà ce que révèle la démarche critique, qui s'interroge sur lesconditions a priori de possibilité de la connaissance.

Une fois ce travailaccompli, KANT cherche à appliquer cette même méthode critique à la morale,en s'interrogeant cette fois sur les conditions de possibilité de l'action morale.C'est cette investigation qui fait le contenu des « Fondements de lamétaphysique ».

Et passant en revue les thèmes traditionnels de la philosophie morale, KANT ne manque pas de rencontrer la question du bonheur et, dans la deuxième section del'ouvrage (« Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des moeurs »), de mettre fortement enquestion cette notion en la rattachant non à la raison , mais seulement à l'imagination : « Il n'y a pas à cet égardd'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce qui rend heureux, parce que le bonheur est unidéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes empiriques, dont on attendraitvainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteinte la totalité d'une série de conséquencesen réalité infinie.

» « Un impératif qui puisse commander...

» Ceci ne prend pleinement sens qu'à l'intérieur du système de KANT.

On saitque pour lui, dans la nature, toute chose agit d'après des lois.

Mais notre monde humain n'est pas seulement celuide la nature, il est bien plus spécifiquement celui de la culture.

Les hommes ne sont pas des choses, mais des êtresraisonnables, qui n'agissent pas tellement sous la pression des contraintes de la nature mais bien plutôt selon leurvolonté.

Autrement dit, dans leurs actions, les hommes ont la capacité d'agir selon des principes, selon lareprésentation qu'ils se font de ce qui est raisonnable.

Eux aussi (comme les choses de la nature) obéissent à deslois, mais en tant qu'êtres de culture ils obéissent consciemment à des lois qu'ils se sont données eux-mêmes et quisont conformes à la raison.

Le malheur de l'homme tient à ce qu'il n'est pas entièrement un être raisonnable, qu'iln'est pas totalement déterminé dans ses actions par la représentation objective du bien.

Entre la loi et lui (cad sonvouloir) doit s'interposer le devoir qui s'exprime par des impératifs.Mais KANT opère la distinction entre des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques.

A chaque fois, ils'agit de l'homme conçu comme un sujet capable d'être déterminé pratiquement par la raison, et se posant laquestion de savoir si l'action qu'il va entreprendre est bonne ou non.

Ou bien cette action est bonne comme unmoyen obligé pour obtenir quelque chose d'autre, et l'impératif (qui est la formule par laquelle est déterminé l'action)est un impératif hypothétique.

Ou bien l'action qui doit être accomplie est bonne « en soi », elle est nécessaire parelle-même, elle est sans rapport avec un autre but, et l'impératif qui la commande est catégorique.Le détour par cette grille conceptuelle est nécessaire pour comprendre ce qu'il en est du bonheur dans le systèmede KANT.

Il faut savoir aussi que KANT distingue, parmi les impératifs hypothétiques, ceux qu'il appelle «problématiques » (se rapportant à une fin seulement possible) et ceux qu'il appelle « assertorique » (se rapportant àune fin réelle).

En effet ,il dit : « Il y a une fin que l'on peut supposer réelle chez tous les êtres raisonnables, [...] unbut qui n'est pas pour eux une simple possibilité, mais dont on peut certainement admettre que tous se le proposenteffectivement en vertu d'une nécessité naturelle, et ce but est le bonheur.

L'impératif hypothétique qui représentela nécessité pratique de l'action comme moyen d'arriver au bonheur est ASSERTORIQUE.

»L'impératif qui commande les actions à accomplir pour atteindre le bonheur n'est pas un impératif catégorique, maisseulement un impératif hypothétique : « L'impératif qui se rapporte au choix des moyens en vue de notre bonheurpropre, cad la prescription de la prudence, n'est toujours qu'hypothétique ; l'action est commandée, non pasabsolument, mais seulement comme moyen pour un autre but.

»Mais il y a un impératif qui ne se propose pas comme condition un autre but à atteindre.

Un impératif qui concerne «non la matière de l'action, ni ce qui doit en résulter, mais la forme et le principe ».

Cet impératif est catégorique.

«Cet impératif peut être nommé « l'impératif de la MORALITÉ.

»Ainsi, selon KANT, y a-t-il à distinguer entre bonheur et moralité.

Alors que la moralité est tout entière tournée versle rationnel et l'universel, le bonheur est de l'ordre de l'empirique et du particulier : « malgré le désir qu'a tout hommed'arriver à être heureux, personne ne peut dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et ilveut.

»Et de se moquer longuement des alternatives où il est impossible de trancher.

L'homme veut la richesse ? Mais quede soucis, d'envies, de pièges cela ne va-t-il pas provoquer ! L'homme veut la connaissance ? Cela risque de luidonner une vue plus claire des maux qui le menacent ! L'homme veut une longue vie ? Ne sera-ce pas un cortège delongues souffrances ? L'homme veut la santé ? Ne va-t-il pas en user pour se livrer à des excès ? « Bref il estincapable de déterminer, avec une entière certitude, d'après quelque principe, ce qui le rendrait heureux.

» Certes. »

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