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Tout but dénature l'art

Publié le 07/04/2005

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On peut déceler aussi ce problème dans l'art contemporain, qui faute d'inspiration, ne trouverait de salut que dans la provocation. Génie ou épuisement de l'inspiration ? Il y a encore un débat à ce sujet, les héritiers de Duchamp et de son Urinoir sont nombreux. Mais ne faudrait-il pas y voir plutôt une volonté de s'écarter de toute attente, de la société de consommation, de la culture d'entreprise, des présupposés d'une société bien pensante ? L'art au service de l'entreprise se transforme en publicité, en marketing, l'art au service de la politique se transforme en propagande, l'art à seul fin commercial perd souvent son âme et sa nature. L'art reproduit, copié de façon industriel, devient kitsch. C'est bien des éléments étrangers à l'art qui le dénature et non un quelconque but donné par l'artiste lui-même pour produire un effet sur le public. L'artiste peut parfois lui-même pour être dans la facilité, répondre volontairement à un certain genre artistique pour s'éviter de trop grands problèmes de conscience.   Conclusion.     Il faut donc bien comprendre ce qu'il faut entendre par but.

  L’art est souvent comme un libre jeu, un plaisir qui se passe de toute notion d’utilité, de but. Aussi, si l’art se charge de faire de la propagande politique, de promouvoir un régime, une idéologie, d’éduquer le peuple, de susciter à tout prix l’horreur, ou le désir sexuel, il devient difficile de parler d’art. On en revient à la définition kantienne de la Critique de la faculté de juger, où l’art est perçu comme une finalité sans fin. L’art n’accepterait pas une finalité prédéterminée, l’art ne serait pas régi par des recettes a priori qui ne laisserait place à aucun création et inventivité. Mais on pourrait par ce biais attendre une définition peut être trop restrictive de l’art, et on éliminerait par là quasiment tout l’art religieux, toute les œuvres visant à glorifier des régimes politiques. Il y a pourtant des chefs d’œuvres dans ce domaine qu’on ne peut écarter de l’art. La question est donc de savoir dans quelle mesure un but devient nuisible à l’art ? Le talent de l’artiste peut-il aider à prendre des libertés par rapport aux buts fixés par un commanditaire ?

« Réduire celui-ci aux seules productions que sont les tableaux et autres sculptures des grands maîtres, c'est-à-direlimiter l'art aux beaux-arts, est là une vue bien pauvre que dénonce la première phrase du texte : le sens de l'artn'est pas de produire des oeuvres qui iront ensuite s'entasser dans les musées, car « l'art doit avant tout embellir lavie ».Cette affirmation en étend ainsi considérablement la notion car Nietzsche ne sous-entend pas ici que, par quelquevertu « décoratrice », les oeuvres viendraient embellir notre environnement et nos espaces d'existence.

Le sens esttout autre : il s'agit d'affirmer que l'art est un embellissement de toute la vie, car l'art est dans la vie, il est la viemême.Ce terme en vient donc à désigner ici l'effort d'« esthétisation » de toute notre existence, dans tous ses aspects ettoutes ses conduites.

Cette conception assurément très originale suscite toutefois des questions.

Qu'appelle-t-onexactement embellir la vie ? Ce que défend ce texte: La réponse que donne Nietzsche évoque, contre toute attente, des comportements moraux, comme « nous rendrenous-mêmes tolérables aux autres et agréables si possibles ».

Une certaine forme d'ordre et de retenue dans notreconduite aussi, par lequel l'art nous « modère et nous tient en brides, crée des formes de civilité, lie ceux dontl'éducation n'est pas faite à des lois de convenance, de propreté, de politesse, leur apprend à parler et à se taire aubon moment ».

L'art embellit donc la vie en la civilisant, en atténuant ou effaçant les rigueurs d'une nature grossièreque l'éducation et les règles du savoir-vivre n'ont pas policées.Certes, Kant avait bien affirmé, au XVIII' siècle, que l'art était à l'image de la morale, puisque le beau était lesymbole du bien.

Chez Kant, en effet, l'analogie postulée entre l'art et la morale avait pour principe ledésintéressement.

L'acte moral doit être désintéressé de la même manière que l'est le regard de l'artiste, qui ne viseplus la consommation mais la pure contemplation du monde.

Mais Nietzsche va ici beaucoup plus loin, puisqu'il nes'agit plus ici d'une simple analogie.

Une vie ordonnée et éduquée, tel est ici le sens de cette esthétisation de la vieen quoi consiste l'art.Derrière cette conception se cache cependant une autre idée.

La conduite civilisée doit nous faire oublier lagrossièreté de notre nature, l'emprise brutale des passions et des pulsions, c'est-à-dire ce qui est laid en nous.

L'artdoit, dans notre existence même, nous faire oublier ce que notre nature comporte de laid et d'insupportable : « l'artdoit dissimuler ou réinterpréter tout ce qui est laid, ces choses pénibles, épouvantables et dégoûtantes qui, malgrétous les efforts, à cause des origines de la nature humaine, viendront toujours de nouveau à la surface.

»Il faut donc comprendre ici que Nietzsche donne à la laideur un sens résolument moral et non pas esthétique, oùdans son sens traditionnel elle désigne la difformité des formes et la seule qualité plastique.

La laideur dont il est iciquestion est celle des passions, puisque les « origines de la nature humaine » sont celles de ce bouillonne-mentpulsionnel que l'auteur a nommé « volonté de puissance ».

Cette expression désigne la source de nos appétits et laforce aveugle du désir.L'art est donc la culture humaine dans son acception la plus générale, qui oppose, au déchaînement des appétits etde la volonté de puissance, les règles de la vie en société et l'oubli de notre nature.

Plus précisément, l'art faittransparaître « dans la laideur inévitable et insurmontable » de nos passions, leur côté « significatif», c'est-à-direleur côté fécond et productif, porteur de sens.

Ainsi, l'esthétisation de la vie parvient-elle à « convertir » nospulsions les plus destructrices en oeuvres de civilisation.

Parmi ces oeuvres, il y a les beaux-arts, mais c'est là uncas particulier parmi d'autres que l'on a, à tort, beaucoup trop privilégié.

3) Ce n'est pas le but qui dénature l'art mais de suivre un but qui n'est pas le sien.

L'expression «l'art pour l'art » renvoie à une situation où l'art ne suit plus que ses propres codes, pour le plaisir desformes.

Cet art risque à tout moment de tourner à vide, de n'être qu'une répétition de lui-même.

On peut déceleraussi ce problème dans l'art contemporain, qui faute d'inspiration, ne trouverait de salut que dans la provocation.Génie ou épuisement de l'inspiration ? Il y a encore un débat à ce sujet, les héritiers de Duchamp et de son Urinoir sont nombreux.

Mais ne faudrait-il pas y voir plutôt une volonté de s'écarter de toute attente, de la société deconsommation, de la culture d'entreprise, des présupposés d'une société bien pensante ? L'art au service del'entreprise se transforme en publicité, en marketing, l'art au service de la politique se transforme en propagande,l'art à seul fin commercial perd souvent son âme et sa nature.

L'art reproduit, copié de façon industriel, devientkitsch.

C'est bien des éléments étrangers à l'art qui le dénature et non un quelconque but donné par l'artiste lui-même pour produire un effet sur le public.

L'artiste peut parfois lui-même pour être dans la facilité, répondrevolontairement à un certain genre artistique pour s'éviter de trop grands problèmes de conscience.

Conclusion.

Il faut donc bien comprendre ce qu'il faut entendre par but.

L'artiste, dès qu'il crée une oeuvre d'art, elle a unbut : provoquer un sentiment ou une réflexion chez le spectateur.

Aussi le but n'est pas forcément un objectifprécis et orienté vers quelque chose de défini.

Avoir une pensée, une sensation à faire passer à tout prix, c'est bienplutôt le but de la publicité, de la propagande et non de l'art.

C'est donc un but extérieur à l'art qui le dénature, etnon un but que l'art se donnerait lui-même.

Le but de l'art serait d'ouvrir un espace hors des contingencesquotidiennes où chacun pourrait trouver un moyen de s'évader.. »

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