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ARISTOTE: Nautre et Physique

Publié le 27/02/2008

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aristote
Parmi les êtres, en effet, les uns sont par nature, les autres par d'autres causes ; par nature, les animaux et leurs parties, les plantes et les corps simples, comme terre, feu, eau, air ; de ces choses, en effet, et des autres de même sorte, on dit qu'elles sont par nature. Or, toutes les choses dont nous venons de parler diffèrent manifestement de celles qui n'existent pas par nature ; chaque être naturel, en effet, a en soi-même un principe de mouvement et de fixité, les uns quant au lieu, les autres quant à l'accroissement et au décroissement, d'autres quant à l'altération. Au contraire un lit, un manteau et tout autre objet de ce genre, en tant que chacun a droit à ce nom, c'est-à-dire dans la mesure où il est un produit de l'art, ne possèdent aucune tendance naturelle au changement, mais seulement en tant qu'ils ont cet accident d'être en pierre ou en bois ou en quelque mixte, et sous ce rapport ; car la nature est un principe et une cause de mouvement et de repos pour la chose en laquelle elle réside immédiatement, par essence et non par accident. Je dis et non par accident parce qu'il pourrait arriver qu'un homme, étant médecin, fût lui-même la cause de sa propre santé ; et cependant, ce n'est pas en tant qu'il reçoit la guérison qu'il possède l'art médical ; mais, par accident, le même homme est médecin et recevant la guérison ; aussi ces deux qualités peuvent-elles se séparer l'une de l'autre. De même pour toutes les autres choses fabriquées ; aucune n'a en elle le principe de sa fabrication ; les unes l'ont en d'autres choses et hors d'elles, par exemple une maison et tout objet fait de main d'homme ; les autres l'ont bien en elles-mêmes, mais non par essence, à savoir toutes celles qui peuvent être par accident causes pour elle-même. La nature est donc ce que nous avons dit. Maintenant, avoir une nature est le propre de tout ce qui a un tel principe. Or toutes ces choses sont substances, car ce sont des sujets et la nature est toujours dans un sujet. Maintenant, sont choses conformes à la nature et ces substances et tous leurs attributs essentiels ; par exemple, pour le feu le transport vers le haut ; car cela n'est pas nature, pas davantage n'a une nature, mais cela est par nature et conformément à la nature. On vient de dire ce qu'est la nature, ce que c'est que d'être par nature et conformément à la nature. Quant à essayer de démontrer que la nature existe, ce serait ridicule ; il est manifeste, en effet, qu'il y a beaucoup d'êtres naturels. Or démontrer ce qui est manifeste par ce qui est obscur, c'est le fait d'un homme incapable de distinguer ce qui est connaissable par soi et ce qui ne l'est pas. C'est une maladie possible, évidemment : un aveugle de naissance peut bien raisonner des couleurs ; et ainsi de telles gens ne discourent que sur des mots sans aucune idée.ARISTOTE

On peut distinguer parmi l'ensemble des choses qui existent celles qui existent par nature de celles qui existent par d'autres causes. Celles qui existent par nature sont celles qui existent par elles-mêmes, qui existent sans aucune intervention extérieure, ni humaine, ni divine. Avant elles, il n'y a rien ni personne. Elles ne sont rendues présentes et existantes par rien d'autre qu'elles-mêmes. On peut d'abord dire que cela signifie qu'ils existent naturellement, c'est-à-dire sans aucune intervention extérieure, humaine notamment. 

aristote

« principe de leur mouvement et de leur repos, c'est déclarer que la nature comme puissance n'est pas séparée de lanature comme ensemble des choses naturelles, mais que la première est immanente à la seconde.

La nature commepuissance est immédiatement présente au sein de toutes les choses naturelles qui composent la nature au sensplat, superficiel du terme.

Ce qui en retour permet de préciser ce qu'il faut entendre par puissance d'engendrement :elle est puissance d'engendrement du mouvement et du repos.

Rq : On retrouve ici non seulement la conception typiquement antique de la nature, mais aussi la distinction que faitSpinoza entre nature naturante et nature naturée, respectivement puissance et choses naturelles.

De quels mouvements parle-t-on ? De trois sortes de mouvements : 1 ) le mouvement dit local, c'est-à-dire ledéplacement dans l'espace.

Celui-ci est observable chez les animaux qui peuvent se déplacer dans l'espace parlocomotion mais il est aussi observable dans les éléments : le feu tend à se déplacer vers le haut, les pierres àtomber ainsi que l'eau et l'air à se déplacer de telle sorte que l'ai chaud monte tandis que l'air froid descend, ce quicrée des courants d'air, c'est-à-dire du vent.

2 ) Le mouvement de croissance et de décroissance, à savoir pour lesplantes et les animaux, le mouvement par lequel ils se transforment de telle sorte que d'abord ils croissent puisdécroissent, vieillissent.

Mouvement comme auto-transformation.

3 ) le mouvement d'altération qui est lemouvement qui achève le processus de décroissance.

Mais il est aussi question de repos.

Le repos est l'envers du mouvement et ce en quoi il s'achève, ce qui est visé parle mouvement.

Une fois en haut, l'air chaud s'immobilise, se fixe, atteint son lieu naturel.

Une fois à terre, la pierrequi est tombée atteint son lieu naturel elle aussi.

Tout cela signifie que ce qui caractérise un être naturel, c'est sa capacité toujours active et spontanée à se mettreen mouvement ou à se transformer indépendamment de toute cause extérieure, de toute influence externe.

Si l'airse meut ou si les flammes montent, ce n'est pas parce qu'ils sont poussés par quelque chose, mais parce quespontanément, ils peuvent se donner ce genre de mouvement.

C'est peut-être encore plus net avec les êtresvivants, plantes ou animaux qui sont eux capables de mouvement, de toutes les formes de mouvement pour lesanimaux et ce de manière totalement spontanée.

Attention, cela ne signifie absolument pas que tous les êtresnaturels sont doués de volonté et qu'ils entrent en mouvement à la suite d'une décision consciente.

Le fait que leprincipe de leurs mouvements soit en eux ne signifie pas qu'ils sont comme des hommes qui peuvent se mettre enmouvement par une décision et un acte de volonté.

Tout ce qu'affirme Aristote, c'est que ces êtres sont capablesde se mouvoir en dehors de toute sollicitation extérieure, sans être poussé par autre chose, il ne dit pas que cemouvement est déterminé par une volonté.

En quoi les choses fabriquées par l'homme s'en distinguent ? Précisément, les choses fabriquées par l'homme, c'est-à-dire qui sont le produit d'un artisanat sont elles dépourvuesde cette aptitude à se mouvoir par elles-mêmes, ce qui apparaît de manière extrêmement claire en ce qui concernele mouvement de croissance et de décroissance ainsi que celui d'altération.

Une machine est en effet incapable decroissance et de décroissance par elle-même, spontanément et indépendamment de toute intervention extérieure.Mais pas seulement une machine : une table ne s'est pas elle-même faite table, transformée en table.

Objection possible : toutefois, ce qu'on produit peut parfois avoir des mouvements qui ne sont pas provoquées parquelque chose d'extérieur, mais qui semblent spontanés.

C'est à cette objection que répond la fin du texte : il esten effet possible que des choses fabriquées par l'homme connaissent des mouvements qui semblent spontanés,comme par exemple la chute pour le manteau, le fait de travailler pour un meuble en bois, la décomposition pour cemême meuble en bois ou la ruine pour une maison.

A quoi est du ce mouvement ? Est-il du à la chose elle-même ?Est-ce par exemple la maison qui spontanément tombe en ruine et ce en raison de la capacité qu'elle aurait de sedétruire elle-même ? Non, ce qui explique ce mouvement d'altération de la maison, ce sont les éléments dont elle estcomposée, qui eux sont naturels et à ce titre capables de mouvement spontanée, comme par exemple celuid'altération du ciment et celui de chute pour les pierres.

C'est pourquoi on peut observer du mouvement dans leschoses fabriquées, mais ce mouvement ne vient pas des choses elles-mêmes, mais de ce qui les compose, deséléments naturels qui les composent.

C'est pour cette raison qu'Aristote distingue les mouvements que les êtres ontpar essence des mouvements que les choses peuvent avoir par accident, c'est-à-dire sans que ce mouvements'explique par leur essence, mais par la composition de cette chose.

Les êtres naturels sont capables de mouvementpar essence, les choses artificielles se meuvent, mais seulement pour le mouvement local, soit parce qu'elles sontmises en mouvement par quelque chose qui leur est externe, une force extérieure soit parce qu'elles sontcomposées d'éléments qui sont capables de mouvement spontanément ou bien connaissent l'altération, mais làencore parce qu'elles sont faites d'éléments naturels.

Conclusion : les êtres naturels se distinguent des choses artificielles, des produits de l'art en cela qu'ellescontiennent en elles le principe de leurs mouvements et de leur repos de manière essentielle et non accidentelle.Donc en tant qu'elles ont toutes en elles une puissance de mouvement et de repos, puissance qui définit l'essencede la nature.. »

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