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L'art éloigne-t-il du réel ?

Publié le 12/01/2004

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Mais l'art occidental après avoir connu, en sa jeunesse, le style sublime, puis le beau style de la maturité (Winkelmann) n'était-il pas condamné à entrer en une décadence, celle qui provoquera la réaction moderniste ?II - Le retour du tragiquea) « Sers Dieu, abandonne les idoles » (Le Coran, sourate 16), « ne fais pas d'images sculptées » (Exode XX, 5-6). Pendant deux siècles les byzantins connurent aussi le vertige iconoclaste. Notre époque fascinée par les images est en même temps celle où, pour les artistes, aucune forme n'arrive à correspondre à la vérité douloureuse à laquelle ils se sentent appelés. Déjà dans la CFJ c'est dans l'analytique du sublime que s'opère le passage de l'ordre de la nature à celui de la liberté. C'est au moment où mon imagination*, rabrouée par un excès de grandeur ou de puissance, échoue à « comprendre » qu'elle connaît une exaltation dévastatrice : la négation de l'esthétique (de la sensibilité) est le plus haut moment de l'esthétique.b) « Pas de surface vraiment belle sans une terrifiante profondeur » (Nietzsche). L'art, défi et déni de l'abîme est accès apotropaïque à la vérité.c) C'est ce choc de l'oeuvre d'art qui d'un coup nous arrache à notre monde familier que Heidegger interprète comme le choc insolite du « il y a » (l'ekphanestaton). L'art n'est pas d'abord forme et figure : ce qu'il fait briller ou resplendir, c'est qu'il y a de l'étant présent.

« que pourrait se référer la distinction du beau et du sublime.

Si l'oeuvre belle est un jeu, elle n'est pas qu'un jeu, entant justement qu'elle touche à la limite (sub-limis), qu'elle ravit et ravage, « comme la foudre » (Longin).b) Inversement le sublime dans son sérieux demeure un jeu : le spectateur ne doit pas être menacé par le spectaclesublime.

Le sublime doit s'allier au beau sinon l'étonnement se transforme en épouvante.

La delightfull horror (Burke)que connaît celui qui échappe de justesse à la mort est un « flirt » avec le terrible.

Contre toutes les tentations dedionysisme sauvage — avis aux rockers ! — il faut rappeler que l'art n'est pas la vie et qu'il n'a jamais sauvépersonne.c) On voit donc que l'art a le redoutable pouvoir de nous faire entendre la voix du tout Autre sans, pour autant,cesser d'être un divertissement.

L'art nous permet d'écouter comme Ulysse arrimé au mât de son navire le chant dessirènes ; tel est le paradoxe de l'art qui nous ouvre à l'étrange et qui nous en défend.

Sans la sous-jacence dudionysiaque, point de fascination, mais sans la distance maintenue ce serait la destruction. APOLLON ET DIONYSOS A.

Le rêve et l'ivressePour bien caractériser l'opposition entre les deux états d'esprit, Nietzsche leurdonne des noms de dieux : Apollon représente les arts plastiques (peinture,sculpture et architecture) et Dionysos représente les autres arts (poésie et,surtout, musique).

On peut les décrire par deux états de perte de laconscience, à savoir le rêve pour Apollon et l'ivresse pour Dionysos.

Dansl'illusion du rêve, la réalité du rêve est convaincante mais laisse cependantl'impression de n'être qu'une apparence.

Comme le philosophe se plaît à voirdans la réalité sensible une apparence qui cache une autre réalité, l'artisteapollinien voit dans la réalité du rêve également une apparence.À l'opposé du rêve, l'ivresse brise le principe d'individuation — à savoir ce quifait que le sujet se perçoit comme un être unique, identique à soi — et faitperdre au sujet la maîtrise de soi ; celui-ci renoue alors avec la nature et sesimpulsions originaires.

« L' homme n' est plus artiste, il est devenu oeuvred'art » (chap.

1, p.

30).L'artiste apollinien imite le rêve, l'artiste dionysiaque imite l'ivresse, la tragédieimite les deux à la fois.

L'ivresse des Grecs n'avait rien à voir avec les orgiesbarbares : ils se protégeaient du débordement (hubris) par la mesureapollinienne.

Les fêtes de Dionysos étaient des phénomènes d'art.

Mais ce futun choc pour les Grecs de découvrir la division de l'être entre la nature etl'esprit, dans l'expérience de la musique dionysiaque (chap.

2). B.

L'apollinismeL'antique légende du roi Midas rapporte que le bien suprême pour l'homme serait de ne pas être né et que le seconddes biens, c'est de mourir bientôt.

« Le Grec connaissait et ressentait les terreurs et les atrocités de l'existence : etpour qu'en somme la vie lui fût possible, il fallait qu'il interposât, entre elles et lui, ces enfants éblouissants du rêveque sont les Olympiens » (p.

36).

L'horreur de l'existence est voilée par la médiation artistique.

Homère, « l'artistenaïf », en créant des héros et des dieux pleins de vie, a permis aux Grecs de se voir non pas souffrants, mais beauxet volontaires (chap.

3).L'illusion apollinienne est un mirage sublime.

Apollon donne la beauté aux formes, donne le sens aux rêves, confère àl'individu le sentiment de son unité.

La musique dionysiaque vient renverser ces valeurs en révélant la démesure dela nature (chap.

4). Conclusion C'est parce que la beauté est le commencement du terrible qu'elle est ce qu'il y a de plus désirable (erasmiôtaton)mais, du désir, il n'y a de satisfaction qu'analogique comme il n'y a de jouissance que par la vertu et par la grâced'une fiction aussi illusoire que vaine.. »

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