Devoir de Philosophie

Qu'est-ce que le devoir ?

Publié le 27/02/2005

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Or, pour que cette élévation se fasse au plus haut point, il est nécessaire que son obligation soit universelle. *A cette élévation s'oppose le poids des intérêts sensibles et des lois positives d'une communauté. Pour ne pas se laisser contraindre par l'intérêt et la loi positive, il faut envisager le contenu d'un rapport à autrui impliquant une dimension d'universalité. *Cette dimension est présente dans l'idée chrétienne de l'amour du prochain. La parabole du bon Samaritain peut illustrer le développement. Un homme gisant dans un fossé après une agression voit un prêtre et un lévite croisés son chemin sans lui porter assistance. Le texte ne dit pas pour quelle raison ils ne s'arrêtent pas, mais une interprétation suppose que le prêtre et le lévite n'ont pas voulu toucher cet homme parce que, s'il était mort, la loi l'interdisait. Or le Samaritain n'hésite pas à se porter au secours de cet homme en dépit des interdits prescrits par la loi. La souffrance de mon prochain exige une assistance sans condition, qu'il soit de telle ou telle communauté, de telle ou telle couleur, qu'il soit bon ou méchant. *Cette dimension d'universalité est également centrale dans la conception kantienne du devoir.

Analyse :

Dans son origine étymologique, le devoir renvoie au latin « debere « qui signifie « avoir quelque chose en le tenant de quelqu'un «.

Servons-nous de cette définition, non pour commencer une énumération des différentes significations du devoir que le développement viendrait agrémenter d'exemples et d'arguments (ce n'est pas l'objet du discours philosophique), mais pour construire un rapport logique entre notions.

Ce préalable est nécessaire pour « risquer « une problématique sans laquelle vous ne pourrez penser par vous-même.

Si on développe la signification de l'étymologie, on doit associer le devoir à la dette. « avoir quelque chose en le tenant de quelqu'un «, c'est lui être redevable. Cela enrichit la notion du devoir par celle d'autorité qui s'impose au sujet moral.

En synthétisant ces remarques, on peut affirmer que le devoir s'impose à un sujet moral au nom d'une autorité tout en s'adressant à une personne.

Trois notions sont alors dégagées et doivent être développées en confrontant des distinctions conceptuelles :

• sujet moral : contrainte / obligation

• autorité : légalité / légitimité

• personne : communauté / idée d'humanité

Problématique :

Le devoir qui s'impose au sujet moral n'est-il pas qu'une contrainte s'opposant à la liberté ? Ne permet-il pas plutôt d'arracher chacun à sa dimension sensible, particulière et repliée sur elle-même ? Enfin, le sens le plus fondamental du devoir n'est-il pas d'élever l'être humain à l'idée d'humanité ?

« peux faire mon devoir seulement si je crains d'être sanctionné.

Du point de vue de la liberté naturelle, seule la peurdu gendarme peut contraindre son exercice.

C'est ce que Platon met en scène par le mythe de Gygès dans laRépublique .

Imaginez un homme qui possède un anneau le rendant invisible.

Il pourrait alors, sans dommage, s'approprier tout ce qu'il veut.

• Mais se placer au niveau de la liberté naturelle et faire son devoir par peur du châtiment, c'est contredire ladimension fondamentale du devoir définie par la notion d'obligation.

Contrairement à la force physique et à la craintede la sanction qui s'exercent de l'extérieur, l'obligation rend l'homme capable de se contraindre lui-même au nom d'unsentiment de justice. • Quelle est la force d'humanisation contenue dans l'obligation du devoir ? 2-Le devoir nous arrache à nous même pour prendre en compte le point de vue d'autrui. • D'abord, l'obligation intériorise la contrainte.

L'homme n'est plus contraint extérieurement, mais s'oblige lui-même.Il contraint sa partie sensible qui ne désire que pour elle-même.

Dès lors, il est capable de s'élever à un point de vueplus englobant que son propre égoïsme et d'intégrer autrui dans un rapport de justice. • En conséquence, il ne se soumet pas à la loi parce qu'elle sécurise ses désirs sensibles ou parce qu'il craint unchâtiment, mais parce que c'est la loi.

Ce respect de la loi pour elle-même n'est ni tautologique, ni aveugle.

Ilsignifie que l'homme n'est plus seulement un être soumis à ses désirs sensibles, mais aussi un être de raison capablede liberté morale. • Socrate peut être considéré comme un modèle de conversion à la liberté morale. Dans le Criton , Platon rapporte les raisons pour lesquelles Socrate a refusé de s'évader afin d'échapper à la mort.

D'après Socrate, il serait bien pluscondamnable de s'opposer au verdict de son jugement que de chercher àconserver sa vie.

Car au-delà du verdict, Socrate obéit aux lois de la cité quil'ont nourri, éduqué et sans lesquels il n'aurait pu être un citoyen. • Même si la décision de Socrate signifie que le devoir permet de vivre horsd'une volonté repliée sur elle-même, son modèle de conversion n'est pasuniversalisable.

En effet, il nous paraît inacceptable de condamner à mort unhomme pour raisons d'impiété et de corruption de la jeunesse.

Si la loi, dutemps de Socrate, prescrit ce qui est légal, elle ne vaut que pour cettecommunauté historique donnée.

De notre point de vue, elle n'est pas légitime,c'est-à-dire qu'elle n'oblige pas universellement. • Par delà la simple légalité, à quoi nous oblige le devoir ? 3- Le devoir nous élève au point de vue de l'humanité. • Le devoir, en tant que cause de notre action, élève donc sa valeur et cellede notre être.

Or, pour que cette élévation se fasse au plus haut point, il estnécessaire que son obligation soit universelle. • A cette élévation s'oppose le poids des intérêts sensibles et des lois positives d'une communauté.

Pour ne pas selaisser contraindre par l'intérêt et la loi positive, il faut envisager le contenu d'un rapport à autrui impliquant unedimension d'universalité. • Cette dimension est présente dans l'idée chrétienne de l'amour du prochain. La parabole du bon Samaritain peut illustrer le développement. Un homme gisant dans un fossé après une agression voit un prêtre et un lévite croisés son chemin sans lui porterassistance.

Le texte ne dit pas pour quelle raison ils ne s'arrêtent pas, mais une interprétation suppose que le prêtreet le lévite n'ont pas voulu toucher cet homme parce que, s'il était mort, la loi l'interdisait.

Or le Samaritain n'hésitepas à se porter au secours de cet homme en dépit des interdits prescrits par la loi.

La souffrance de mon prochainexige une assistance sans condition, qu'il soit de telle ou telle communauté, de telle ou telle couleur, qu'il soit bonou méchant.. »

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