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Que distingue le travail de l'artiste et de l'artisan?

Publié le 05/01/2005

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- De surcroît, l'oeuvre semble, sinon unique, au moins singulière et non répétitive - alors que le produit du travail industriel obéit aux règles d'une production sérielle et répétitive. Aussi trouve-t-on normal d'entendre un écrivain ou un peintre évoquer son oeuvre alors que cela paraîtrait incongru dans la bouche d'un ouvrier montrant les 475 poêles à frire qu'il a embouties dans sa journée en appuyant sur le bouton de sa machine. - Autre opposition possible: l'oeuvre paraît soumise à la volonté de son auteur - qui l'élabore, semble-t-il, comme il l'entend et quand il l'entend, alors que le travailleur au sens habituel obéit à une organisation (de son temps) qui ne dépend pas de lui (on parle ainsi de «poste de travail», mais non de «poste d'oeuvre»). II. Leurs effets - Parce qu'on survalorise aisément la liberté apparente dans laquelle l'oeuvre est accomplie, on oublie qu'elle est néanmoins prise dans un réseau de contraintes dont le producteur doit nécessairement tenir compte. L'écrivain, le peintre, le musicien, doit d'abord survivre - d'où la complexité historique des relations qui le lient aux différents pouvoirs (politique, économique) dont il dépend quand même (mécénat, marché de l'art ou de l'édition, etc.). L'art lui-même est un travail, sur des «matières» spécifiques (le marbre, l'espace, le langage) et les artistes sont au XXe siècle les premiers à revendiquer la qualité de « travailleurs ». Hegel disait déjà que "l'art est la mise en forme sensible d'un contenu spirituel" ou encore "le milieu entre le sensible et l'intelligible".    « L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure » Dans des notes de cours qui ont reçu le titre d' « Esthétique » (posthume), Hegel (1770-1831) écrit: «L'art occupe le milieu entre le sensible pur et la pensée pure.
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« une activité pensée, d'une spontanéité animale à une discipline rationnelle. Mais ce premier point est corrélatif du second.

Le travail humain requiert la discipline et la mise en oeuvre de toutesnos capacités intellectuelles & physiques.

On ne sépare pas ici la conception du travail de son exécution ; l'esprit seforme en même temps que le corps.

Il faudrait ajouter que cette forme d'activité n'est pas séparable de formes desocialisation, du développement du rapport à autrui.

Enfin, et il faut insister sur ce point, l'homme peut être fier deson travail dans la mesure où il est bien le sien, cad un objet produit par ses qualités et qui en quelque sorte lesobjective. A ce que le premier Marx décrit comme une sorte « d'essence » du travail (terme qu'il reniera ensuite, en affinant sa conception de l'histoire, de la technique et des rapports de production), il faut alors opposer les formes modernesde production. Pour comprendre ce que dit Marx , il faut se souvenir que les débuts du capitalisme ont été sauvages ; qu'un théoricien comme Smith écrivait calmement : « Dans les progrès que fait la division du travail, l'occupation de la majeure partie de ceux qui vivent de ce travail,cad de la masse du peuple, se borne à un très petit nombre d'opérations simples [...] Or l'intelligence des hommesse borne nécessairement par leurs occupation ordinaires.

Un homme qui passe toute sa vie à faire un petit nombred'opérations simples [...] n'a pas lieu de développer son intelligence, ni d'exercer son imagination [...] et devientgénéralement aussi stupide et ignorant qu'il soit possible à une création humaine de la devenir. » (« La richesse des nations », 1776) Les formes modernes de travail consistent (si l'on s'en réfère à Taylor et à Ford ) à décomposer les opérations nécessaires à la fabrication d'un objet & à attribuer chacune d'elles à un ouvrier.

Cette forme de division du travail,si elle favorise la production dans des proportions exponentielles, fait que d'une part la conception de l'objet et sonexécution sont deux tâches séparées, attribuées à des hommes bien distincts (ce qui suppose que certains ne sontplus que des exécutants purs & simples, travaillant avec des machines & à leur rythme), et que, d'autre part, l'objetn'est plus produit littéralement par personne.

Non seulement un homme ne produit plus un objet du début jusqu'à lafin, mais on ne peut plus parler de travail d'équipe dans la mesure où l'organisation du travail est imposée del'extérieur et que chacun exécute sa tâche isolément. Cet anonymat, cette séparation de la conception et de l'exécution, cette imposition d'une tâche abrutissante &répétitive, Marx la décrit en 1844 comme une véritable perversion du travail. L'ouvrier est dépossédé de son travail, et cela à plusieurs titres.

D'une part en ce que son salaire ne correspond pasau travail fourni, mais permet seulement de restaurer la force du travail.

D'autre part en ce que l'ouvrier ne peut enaucun cas reconnaître pour sien, comme son oeuvre, un objet fabriqué dot il n'a fourni qu'une partie infime.

Nonseulement nulle fierté n'est possible, mais nulle reconnaissance.

« Le travail est extérieur à l'ouvrier [...] il n'est plus son bien propre mais celui d'un autre. » L'ouvrier « mortifie son corps & ruine son esprit », cela se conçoit aisément.

Le corps n'est plus éduqué, formé, discipliné quand il est astreint à la répétition mécanique, à une cadence imposée par les machines.

Au contraire, ilest déformé, réduit à être un substitut de machine.

Proche, pour faire court de la définition que donnait Aristote , des esclaves. « L'esclave lui-même est une sorte de propriété animée [...] Si, en effet, chaque instrument était capable, sur unesimple injonction, d'accomplir le travail qui lui est propre [...] si les navettes tissaient d'elles-mêmes [...] alors ni leschefs d'artisans n'auraient besoin d'ouvriers, ni les maîtres d'esclaves.

» (« Politique », I, 4). Mais cette ruine, cette dégradation du corps, qui ne développe plus ue habileté ou un talent mais itère & réitère unmême geste qui n'a plus de sens pour celui qui l'exécute, est corrélative d'un abrutissement spirituel.

Le « pire » réside dans la séparation de la conception et de l'exécution qui fait que le travail n'est plus conçu mais subi, nedéveloppe plus intelligence ou créativité, mais cantonne l'homme à la contemplation d'une action imposée étrangère,absurde.

« Travail forcé, il n'est plus la satisfaction d'un besoin, mais un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail.

» Ainsi on conçoit que « ce qui est humain devienne animal.

» Mais, ajoute Marx : « on fuit le travail comme la peste.

» « C'est pourquoi l'ouvrier n'a le sentiment d'être soi qu'en dehors du travail ».

Le travail étant devenu animal, machinal, torturant, l'homme s'y voyant dépossédé de sa propre activité, ne peut plus se sentir lui-même qu'en dehors du travail. Or, ce qui existe en dehors du travail, c'est essentiellement (compte tenu, qui plus est, des conditions économiquesdans lesquelles on maintient l'ouvrier), la satisfaction des besoins. « On en vient à ce résultat que l'homme n'a de spontanéité que dans ses fonctions animales : le manger, le boire, laprocréation, peut-être encore dans l'habitat, la parure, etc. » Ainsi le comble de la perversion est-il atteint en ce que non seulement « ce qui est humain devient animal », mais. »

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