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L'enfance est-elle, pour l'homme, ce qui doit être surmonté ?

Publié le 11/01/2004

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parce que personne n'est sûr d'atteindre la Vérité.Si donc l'enfance est une étape à surmonter par l'homme, du fait de la mauvaise éducation qu'il a reçue et qui a engendré de faux savoirs, c'est aussi parce que l'on a fait croire à l'enfant qu'il pouvait subordonner l'ordre du monde à ses désirs, donc qu'il n'acceptera pas les difficultés et, d'ailleurs, ne pourra rien contre elles.Cette attitude, propre à l'enfance, est l'attitude de l'insensé dans la philosophie stoïcienne. Selon les stoïciens, l'ordre du monde est immuable et il est vain de vouloir le changer. Les « représentations », c'est-à-dire les événements, le sort, sont absolument indépendantes de notre volonté, et sont appelées causes antécédentes. Pour expliquer cela, cette philosophie utilise la métaphore du cône et du cylindre. L'impulsion donnée au cône et au cylindre est une cause antécédente; cependant le cône tourne sur lui-même, tandis que le cylindre roule. Les différentes attitudes dépendent au contraire exclusivement du cône et du cylindre et sont appelées causes parfaites. Par là, les stoïciens veulent montrer qu'il est inutile de vouloir changer la cause antécédente qui ne dépend pas de nous, mais qu'il faut agir ensuite en conséquence, car l'usage de représentations est notre lot.Donc, pas de subordination du monde aux désirs de l'homme.

• S'interroger pour savoir au nom de quelles valeurs et (ou) systèmes de valeur, on peut appréhender que l'enfance est ce qui doit être surmonté.  • Qu'est-ce qui, dans l'enfance, devrait être surmonté (la réponse à la question ne dépendrait-elle pas aussi de l'appréhension qu'on se fait de l'enfance ?).  • S'interroger sur le terme « surmonter « : faut-il le confondre avec « nier «, « exclure «, etc. ? S'agit-il de dépasser en conservant ? (Cf. l'Aufheben hégélien).

« Le sage, et par là celui qui est libre et heureux, ne remet absolument pas en cause l'ordre du monde, immuable etparfait.

La seule tâche, user des représentations, ne pas se préoccuper du passé, ni de l'avenir, temps où l'hommen'a aucune maîtrise, vivre simplement aujourd'hui.

« A toute heure du jour, fais ce qui t'incombe avec le sérieux d'unhomme exact et simple...

Tu y arriveras si tu fais chacun de tes actes comme si c'était le dernier de ta vie...

» ditMarc Aurèle philosophe stoïcien (Pensées, II, 5).L'enfant, l'insensé ne peut être sage, donc libre et heureux.

Parce qu'il veut changer les causes antécédentes;parce qu'il fait un usage insensé des représentations, ou bien, devant la moindre difficulté, appelle à l'aide.

D'autrepart, il n'a pas de conscience du temps, pas de maîtrise sur lui.

Il n'a pas la conscience du choix à faire.

Pour lesstoïciens, l'enfance est une étape à surmonter parce qu'elle n'est pas le lieu de la liberté, mais simplement un refuged'où l'enfant ou l'insensé contemple l'infini des possibles sans faire de choix, en voulant lutter contre des chosesimmuables, alors qu'il oublie sa véritable tâche.Pour éclairer cette notion de l'importance du choix, condition nécessaire à la liberté, et hors de portée de l'enfance,nous pouvons prendre l'exemple de la pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre, Les Mouches.

Oreste, jeune hommemais enfant, revient à Argos, sa ville natale, pour y venger son père, assassiné par Égisthe, amant de sa mère, etdésormais sur le trône à la place d'Agamemnon.

Jupiter veut l'empêcher d'assassiner Égisthe et Clytemnestre samère.

Mais Oreste prend la décision de le faire, sachant ce que ce choix implique, mais sachant aussi que ce choix,comme il le dit, c'est sa liberté; et que ce choix est aussi sanctionné par cette petite phrase : « ce matin, j'ai vuma jeunesse pour la dernière fois ».L'enfance, ici, est une étape surmontée.

En échange, le désarroi sans doute, mais aussi la liberté.Il y a un autre cas où l'enfance doit être surmontée;c'est un cas que Freud expose dans un texte abordant le thème : la religion est une illusion.

La religion, destinpsychique de l'homme, son apparition, trouve sa source dans la détresse infantile qui demande au père une aide etun secours.

Selon Freud, l'homme devenu adulte, n'ayant apparemment pas dépassé le stade de l'enfance, assaillicomme le commun des mortels, c'est-à-dire chacun de nous, par des craintes, des angoisses, des questions sansréponse, aurait cherché une sécurité et une réponse dans un père, mais cette fois beaucoup plus puissant : Dieu.En ce sens là, la religion est bel et bien une illusion puisque créée de toutes pièces pour les besoins de l'homme, etune connaissance fausse, et elle trouve sa source dans une enfance mal dirigée.

Si l'homme veut s'en sortir, il devraréagir avec raison contre ces angoisses, pas avec crainte, donc détruire un besoin de protection vital, surmonterune dépendance bien ancrée en lui.Si nous poursuivons notre raisonnement en démontrant que l'enfance est bien l'étape à surmonter, en tant qu'elleest lieu d'erreurs, de passions, d'ambitions vaines, et cause du malheur, nous pouvons aussi dire que d'un point devue politique, il est indispensable que l'homme sorte d'un état d'enfance, qu'on peut qualifier de primaire, pour arriverà l'âge de la réflexion.Dans le « Deuxième discours sur l'origine de l'inégalité » de Rousseau, l'auteur montre que l'homme à l'état naturel, qui se contente d'une vie biologique, n'est animé que par les sentimentsd'amour de soi et de pitié, est un homme bon, c'est-à-dire, et c'est cela qu'ilfaut comprendre, un homme nul, bête et borné.

Lorsqu'il va accepter lecontrat, ruse des riches, contrat qui va l'aliéner et le duper, il l'acceptera parintérêt vital, par peur d'une guerre, pour protéger sa quiétude.

Seuls lessages l'accepteront en toute connaissance de cause : ils préféreront perdreun bras plutôt que la tête.De même l'enfant : il y a toujours au-dessus de lui une autorité qui le mettradans le « droit chemin », lui permettant de commettre des erreurs, jamaisirréparables.

Apparemment, il n'y a pas de risque d'aliénation visible, mais enfait, bien que l'autorité, qu'elle soit paternelle ou politique, paraisse naturelle,ces hommes sont aliénés parce qu'ils n'ont pas conscience de leur nature, deleur condition, de leur liberté, condition nécessaire selon Rousseau quil'établira dans le Contrat Social pour que l'homme soit un individu à partentière et puisse vivre au sein de la société, au sens le plus noble possible del'expression.L'enfance, en respectant les limites de la définition, ne représente doncabsolument pas la jeunesse de l'esprit, jeune en tant que fertile, fécond,ardent.

L'enfance n'est pas un état où l'esprit est ouvert à la nouveauté, asoif de connaissance, où il se sculpte naturellement de la plus belle manière.C'est plutôt un état de peur, d'incertitude, de caprices.Néanmoins, puisque d'autres auteurs, employant le mot « enfance », l'ont loué, et en ont même fait une étape suprême, il nous appartient de l'examiner sous un autre aspect, de voir s'ils'agit ou non de la même enfance, et peut-être apporter une restriction à l'affirmation : oui, l'enfance telle que nousl'avons conçue précédemment est une étape à dépasser par l'homme.. »

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