Devoir de Philosophie

Être libre, est-ce s'engager ou faire preuve de prudence ?

Publié le 27/01/2004

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De plus la prudence concerne le particulier et non l'universel. Ainsi en tant que vertu de l'intellect pratique, la prudence couronne l'édifice de la philosophie pratique et est donc nécessairement liée à la liberté. L'homme prudent est un homme libre dans la mesure où il n'est pas soumis au vice. La règle qui doit définir la vertu éthique est donc déterminée par rapport à cette prudence. c) On peut définir effectivement définir la prudence comme la disposition pratique accompagnée de règle vraie concernant ce qui est bon ou mauvais pour l'homme comme cela apparaît dans l'Ethique à Nicomaque d'Aristote. Ainsi, alors que la vertu morale est une disposition pratique concernant le choix, la prudence est une disposition pratique concernant la règle du choix. Il s'agit ici, non plus de la rectitude de l'action mais de la justice du critère. Elle n'est cependant pas sagesse car elle porte sur le bien et le mal pour l'homme. Le prudent n'est pas le pur empirique, qui vit au jour le jour, sans principe et sans perspective, mais il est l'homme des vues d'ensemble. Et en ce sens, l'homme prudent est un homme qui vit dans l'action, au coeur de la cité.

            La formulation même du sujet nous invite à une alternative dont l’objet et l’enjeu est la définition de la liberté, c’est-à-dire soit comme engagement soit comme agissement prudent. L’alternative du sujet « Etre libre est-ce s’engager ou faire preuve de prudence ? « suppose une opposition entre ces deux possibilités, donc une exclusion conceptuelle, une contraction ou un paradoxe à tenir ces deux critères comme vrais ensemble. En effet, le problème est de trouver laquelle de ces deux propositions correspond à l’essence de la liberté. C’est donc vers une approche définitionnelle qu’il faut orienter notre démarche, donc chercher aussi un critère permettant de les comparer et de les juger. Il semble que nous soyons face un paradoxe car si l’on peut penser définir une personne libre comme faisant preuve de prudence, c’est-à-dire choisissant de manière posée et réfléchie, rationnellement, n’étant donc pas soumis à la puissance de ses passions, il n’en reste pas moins qu’à trop faire preuve de prudence, le moment de l’agir ou plus simplement de l’action est toujours repoussé en vue de choisir au mieux ; le risque est donc une paralysie de l’action. Etre libre présuppose alors un engagement dans l’action plein et complet. Mais alors un autre écueil guette qui est justement le pendant inverse de la prudence. En effet, s’engager sans faire preuve de prudence c’est risquer d’avoir l’illusion d’être libre tout en étant soumis à une puissance non-volontaire. Or il semble contradictoire à première vue de faire tenir ensemble ces deux éléments pour définir la liberté ce qui explique l’alternative proposée par le sujet.

            Ainsi si dans les deux premiers moments de notre réflexion (1ère & 2nd parties) nous étudierons à tour de rôle chacune des alternatives, sans doute serons-nous amenés à les considérer toutes deux comme insuffisante. Peut-être nous faudra-t-il envisager un moyen de dépasser cette alternative soit en montrant que les deux critères sont insuffisants et ne peuvent pas être conciliés ce qui nous demanderait alors de produire une définition à nouveaux frais de la liberté, soit en trouvant le moyen de dépasser dialectiquement l’alternative (3ème partie).

 

« hypothétique prend alors la forme : si je veux être heureux, alors je dois faire… Dans ce cas, le prudent se distinguede l'être purement moral donc libre absolument et inconditionnellement.

En effet, le prudent ne respect pas la notionde devoir pour le devoir lui-même.

Comme on peut le voir dans la Critique de la raison pratique le devoir exprime une obligation mais une obligation libre où la volonté doit suivre la maxime de l'obligation morale.

En ce sens, le devoirreprésente simplement une norme de la raison valable pour tous les êtres raisonnables et n'est pas une maxime deprudence.

Et comme Kant le remarque lui-même dans la Fondation de la métaphysique des mœurs : il n'y a peut- être jamais eu dans le monde un seul exemple d'acte moral réalisé par pur devoir.

« Faire preuve de prudence » n'estdonc pas pour Kant une définition adéquate de la liberté dans la mesure où il est soumis à des principes subjectifsdonc au jeu des passions.

Transition : En ce sens, si le prudent aurait pu semblait être un homme libre se maîtrisant lui et passions.

Le modèle de l'hommeprudent n'est en fait pas libre absolument puisqu'il est déterminé par des motifs extérieurs au devoir.

Le prudent estcelui qui recherche une bonne vie.

Cependant, du point de vue kantien tel que nous avons pu le voir, il apparaîtqu'être moral limite considérablement la possibilité d'agir, voire paralyse l'action par la mise en œuvre même de ladélibération et de sa non-effectivité.

Dès lors, si liberté il y a, il semble qu'elle ne soit que de l'ordre intérieur.

Plussimplement, elle ne semble pas s'extériorisée, ne pas être effective, c'est-à-dire apte à produire une action et c'estpourquoi il faut peut-être envisager une autre définition de la liberté capable de se manifester dans le mondesensible ; c'est-à-dire une liberté capable de se phénoménaliser.

II - Liberté comme engagement ; limites a) En effet, il n'y a pas de liberté qui ne soit pas effective comme leremarque Sartre dans l' Etre et le Néant .

La liberté se comprend dans le choix et dans un projet qui détermine ce choix.

La liberté est responsabilité et prisede conscience de soi et cela dans la mesure où « l'homme est condamné àêtre libre ».

La liberté est une transcendance de soi à travers le projetd'existence ; c'est-à-dire que la liberté est face au néant du projet, or laliberté est projection justement : la liberté est « pro-jet ».

En ce sens, laliberté engage dans un projet d'existence.

Chacun de mes choix me détermineet m'engage dans un projet qui me représente en tant que sujet responsable.C'est bien ce qu'illustre la pièce de théâtre les Mouches de Sartre .

En effet, Oreste à Argos de part sa décision prend le fléau des mouches sur lui et libèreainsi sa ville, c'est pourquoi il dira : « Tout à coup la liberté a fondu sur moi etm'a transi… Et il n'y a plus rien eu au ciel, ni Bien, ni Mal, ni personne pour medonner des ordres.

» S'il a le sentiment que la liberté a fondu sur lui c'est queça décision est un projet d'existence donc un engagement.

Et ce n'est quepar l'engagement, c'est-à-dire dans l'action ou dans le courage d'agir, quel'on peut dire d'un homme qu'il est libre.

La liberté est donc engagement.b) Cette liberté n'est pas le choix mais le projet d'existence qui conditionnece choix, c'est pourquoi dans l'Existentialisme est-il un humanisme ? Sartre écrira : « Ainsi, notre responsabilité est beaucoup plus grande que nous nepourrions le supposer, car elle engage l'humanité entière […] Je suisresponsable pour moi et pour tous, et je crée une certaine image de l'hommeque je choisis ; en me choisissant, je choisis l'homme.

» L'homme est absolument libre quand il agit et qu'il s'engagedans un « pro-jet » qui détermine son existence et se porte vers le néant.

La liberté est un engagement à être.Toute action est par principe intentionnelle.

L'action implique nécessairement comme sa condition la reconnaissanced'un desideratum , c'est-à-dire d'un manque objectif ou encore d'une « négatité ».

Cela signifie que dès la conception de l'acte, la Conscience a pu se retirer du monde plein (en-soi) dont elle est conscience et quitter leterrain de l'être pour aborder franchement celui du non-être (pour-soi).

Dès lors que la néantisation fait partieintégrante de la position d'une fin, il faut reconnaître que la condition indispensable et fondamentale de touteaction, c'est la liberté de l'être agissant.c) En ce sens, « dire que l'existence précède et conditionne l'essence, c'est une seule et même chose que dire :l'homme est libre » ( Sartre , l'Etre et le Néant , quatrième partie, chapitre premier).

Je suis condamné à exister pour toujours au-delà de mon essence, par delà les mobiles et les motifs de mon acte : je suis condamné à être libre.

Laliberté, c'est le néant qui a été au cœur de l'homme et qui contraint la réalité humaine à se faire, au lieu d'être.

L'homme étant condamné à être libre porte le poids du monde tout entier sur ses épaules : il est responsable dumonde et de lui-même en tant que manière d'être.

Et le refus de cette liberté est ce que l'on peut voir à travers lanotion technique de « mauvais foi » qu'emploie Sartre.

Transition : Dans ce cas, il semble que l'alternative proposée par le sujet relativement à la définition de la liberté commeengagement ou preuve de prudence ait trouvé sa solution : la liberté serait un engagement ; un engagement dansun projet d'existence qui détermine mon être et mes choix possibles.

La liberté est alors la marque d'unetranscendance : celle d'un manque que l'homme doit combler.

Dès lors, l'homme est condamné à être libre ou peutchercher à se réfugier derrière la mauvaise foi.

Néanmoins on pourrait se demander si cet engagement neprésuppose pas toujours une certaine prudence et pas seulement un engagement au risque sinon de conduire audésordre des passions et de ne pas faire la différence entre la liberté et la puissance du désir ou de la passion, donc. »

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